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Oui il fallait marcher le 11 mars à Paris ! ( Babacar Fall )

Rédigé par leral.net le Lundi 19 Janvier 2015 à 14:24 | | 0 commentaire(s)|

L'apartheid, afin que la race ne soit plus un critère de citoyenneté. Réaffirmons notre refus, sur notre continent, que la religion soit établie comme une seconde nature humaine, indiquée sur nos documents d’identité, et de laquelle dépendrait notre nationalité, mais également le droit même d’exister sur la planète. J’ai envie de croire que nous étions tous présents à Nairobi. Nous nous sommes rangés dans le camp Le président Macky SALL a eu raison de marcher le dimanche 11 mars à Paris.


Oui il fallait marcher le 11 mars à Paris ! ( Babacar Fall )
Comme nous tous, des centaines, ou peut être des milliers de sénégalais d’origine à travers toute la France.
A Paris, nous avons marché de la colonne de la République à Nation.
Le président Macky ne l’a certainement pas vu, mais sur la colonne avec la statue représentant Marianne, un jeune homme d’origine sénégalaise agitait un drapeau aux couleurs de notre pays.
Quelle fierté, pour ceux qui, comme moi débouchant de la rue Turbigo à l’angle de la rue du Temple voyait ce drapeau à bandes verte, or, rouge, verticales et égales et une étoile verte à cinq branches sur la bande jaune, parmi les dizaines d’autres portés par des jeunes de toutes origines et de toutes les couleurs.
Il s’est passé ce jour-là, ce qui se passe quand des milliers, des millions de personnes se mettent en marche sur une simple idée, défendre l’essentiel, au fond notre qualité de citoyen, consubstantiel à notre LIBERTE absolue de penser et d’agir.
Pour ceux qui connaissent Paris, ce monument inauguré le 14 juillet 1883 est entouré de trois statues en pierre chacune représentant l’allégorie de la devise française de la Liberté, Egalité, Fraternité.
Toutes les manifestations républicaines dans Paris, finissent ou partent de cette place ou de la Bastille.
Oui, nous y étions et nous étions nombreux, les sénégalais de France, ou d’ailleurs en Europe fiers de défiler et de manifester pour cette cause qui dépasse nos propres personnes, celle de la LIBERTE.
Le 11 janvier dans les rues de Paris, de quoi était-il question ?
Pas une seule banderole, contre l’Islam, le christianisme, le judaïsme.
Pas une banderole xénophobe ou d’extrême droite, réclamant le départ des musulmans de France.
Mais des banderoles, disant simplement : je suis Charlie, je suis musulman, je suis juif, je suis noir…
Il n’était pas question de foi, de religion, mais de LIBERTE.
Et notre foi, de toute façon plus forte qu’un dessin, une caricature. La foi de ceux qui sont offusqués par une caricature doit d’ailleurs être bien fragile, pour se sentir ébranlée par ces quelques pages éphémères.
La laïcité nous permet de vivre notre foi et notre religion, l’Islam en l’occurrence ici dans ce pays qui dans son histoire, a pendu des prêtres, démoli des églises et interdit la condamnation du blasphème en 1830 (pour info sauf en Alsace encore en vigueur = Concordat) alors que jusqu’à la Révolution française en 1789 elle était passible de condamnation à mort.
Nous n’avons à demander à personne le droit à vivre notre foi et notre religion et de comment la vivre, mais n’avons pas non le droit d’imposer à qui que ce soit, notre façon de vivre notre foi et notre religion.
C’est de cela dont il était question dans cette manifestation.
Et nous savons que la bande d’assassins qui a sévi à Charlie Hebdo et dans l’épicerie casher, sont les mêmes que Boko Haram, Mujao, Aqmi qui fracassent les tombeaux des saints à Tombouctou, en Irak, au Pakistan et massacrent les populations musulmanes sous prétexte que c’est eux qui doivent décider de ce qui est licite ou illicite au nom d’une vision étriquée, ignare et intolérante de l’Islam.
J’ai été enchanté de lire l’article de Fadel Dia dans Sud online du 13 janvier. « Ce qu’on a tué chez Charlie et la Porte de Vincennes, dépasse l’existence de quelques individus, ce sont la liberté, le droit à l’expression, les fondements mêmes d’une société respectueuse de la nature humaine ».
Wolé Soyinka, a écrit en septembre 2013, après les attentats horribles qui ont ensanglanté Nairobi :
« Nous avons remporté une victoire en abolissant de l’humanité, face à ceux qui s’opposent à elle. »
Le président Macky SALL a eu mille fois raisons d’être à Paris ce jour-là, où l’histoire s’écrivait dans la rue, avec le refus de millions d’hommes et de femmes de se plier aux diktats de ces assassins, qui sévissent au Mali, au Nord du Nigéria, à Mogadiscio, au Pakistan.
Cette histoire est mondiale, comme l’Histoire est celle de notre humanité commune.
Qui peut croire que ce qui se déroule tous les jours, en Syrie, en Irak, au Nigéria ne sera pas à nos portes demain.
Ce n’est pas la faiblesse coupable, pour ne pas dire complice de certains qui les en empêchera.
L’armée la plus forte du continent est en déroute tous les jours devant ces hordes de sanguinaires armées jusqu’aux dents par les wahhabites qui les ont nourris et devant lesquels nous avons tous été aveugles.
Abdoul Aziz Kébé dans une interview à Sud en octobre 2012 déclarait « Le Sénégal ne peut pas être un îlot non influencé par ce qui se passe aux alentours. Des associations islamistes sont déjà là et se nourrissent de cette sève intégriste. Elles ont des écoles et même, apprend-on, une faculté, dans certains quartiers de la capitale et de la banlieue. »
Qui ne le voit à la Médina, de la rue 1 à la rue 37, à Guédiawaye ou Parcelles, le danger intégriste s’affiche et nous défie dans ce que ce merveilleux pays a de plus important au monde : le sentiment de liberté des sénégalais.
Ne nous y trompons pas, si les troupes françaises puis celles de la CDEAO ensuite n’étaient pas intervenues au Mali, le MUJAO, AQMI et leurs affidés étaient sur Kayes et fondaient sur le Sénégal Oriental en quelques semaines.
Je ne peux imaginer l’espèce de clown sanguinaire démoniaque d’Abubakar Shekau chef de Boko Haram se proclamer émir du Sahel avec Dakar comme capitale. Un cauchemar pour tous
La dérive d’un homme
Je viens de tomber sur l’article de Malick Ndiaye, publié sur le site de Xalima.com le 13 janvier au nom du « cercle des intellectuels-CIIS ».
C’est un torchon indigeste, insipide, indigeste, baveux de prétention et surtout dangereusement mal intentionné.
Et je ne peux m’empêcher d’être triste devant la dérive d’un homme que j’ai connu jadis.
Que nous dit ce « sociologue professeur à l’université de Dakar » ?
Que le Sénégal « est une république de croyants » en convoquant à l’appui de sa diatribe contre le président Macky SALL, tous nos saints hommes et personne n’y manque, sauf peut-être Ndiadiane Ndiaye et Alboury Ndiaye.
Je me suis pincé pour croire ce que je lisais, connaissant de longue date, cet ex-compagnon de route de la gauche internationaliste française.
Substituer croyants et citoyens est un contresens théorique et politique grave, à moins que cela ne soit à dessein.
Une république de croyants est une théocratie : l’Iran en est un exemple contemporain ou le Vatican (le pouvoir du Pape repose sur son infaillibilité supposée).
L’idéal du califat auquel se réfèrent les jihadistes pourrait aussi constituer ce modèle.
Une république de croyants n’est pas une république, parce que la source de la loi est d’ordre divin et donc transcendantal et en Iran la source d’inspiration est le guide (un Marja c'est-à-dire « source d'imitation » ou « source de tradition »).
En République la source de la loi ce sont les citoyens libres.
La foi de chacun étant d’ordre privé et l’espace public est neutre pour que toutes les croyances puissent cohabiter.
Le président Abdou DIOUF, dans ses mémoires, parle du travail d’orfèvre, que les compagnons de Senghor et lui-même, ont fait dans la période post-indépendance pour maintenir le caractère laïc de l’Etat.
Si les mots ont un sens et Malick Ndiaye un « sociologue », que ne nous dit-il pas ?
Après avoir conseillé le président Diouf, le président Wade, le président Sall et après des pérégrinations à Bouaké, auprès des ex-Forces Nouvelles, ensuite auprès du président Gbagbo il ya quelques années, voilà notre « animateur du cercle des intellectuels » prêt à enfourcher d’autres combats.
Les dérives de notre « Le sociologue » de l’UCAD, animateur du « cercle des intellectuels » Malick Ndiaye n’auraient pas de bornes.
Mais il est vrai que dans ce salmigondis indigeste, il dit qu’il est à la fois contre « l’intégrisme démocratique euro-américain judéo chrétien (sic et resic) » et contre le « l’intégrisme monocratique d’inspiration islamique ». J’avoue qu’à cette étape de ma lecture j’étais un peu perdu. Et je me suis dit comme sans doute d’autres qui l’ont lu : « Ki wër na ! »
La suite de cet article est encore plus grave.
Il dit que nous avons (et en majuscule svp) manifesté « pour la Défense des Droits à la Caricature du Sceau des Prophètes et à la Protection des Libertés des Caricaturistes du Prophète Mahomet (PSL) ».
Que cherche cet homme ?
Vouer aux gémonies et à une prochaine fatwa des ignares sanguinaires le président et ceux qui ont défilé le 11 mars ?
Les faire condamner à la flagellation publique de 100 coups de fouets ?
Et pour finir notre « sociologue » ressuscite le Protocole des Sages de Sion et éructe sur les lobbies judéo-maçonniques et Sionistes qui combattent les religions abrahamiques ?
Sans doute là excluent-ils les juifs de ce groupe.
Ses vieux compagnons de route de la gauche internationaliste, formés aux mêmes références idéologiques, et qu’il fréquente peut être encore doivent aussi se pincer.
Ingratitude d’un homme, arrivé à un certain âge, pour oublier tous ceux avec qui il a cheminé dans ces longues années de militantisme pour la liberté et la fraternité des peuples sous le froid et la grisaille des hivers parisiens.
A tant de perfidie et tant d’ingratitude !
Le protocole des sages de Sion est un faux grossier qui se présente comme un plan de conquête du monde établi par les juifs et les francs-maçons fabriqué par les services secrets du Tsar de Russie au début du 20ème siècle contre les militants républicains qui luttaient pour l’abolition du tsarisme.
C’est devenu depuis longtemps la bible des « complotistes » de tous poils.
Ceux qui pensent que le 11 septembre n’a jamais eu lieu.
Ceux qui pensent qu’un centre mondial « d’Illuminatis » et de francs maçons est à l’œuvre partout.
Notre « sociologue de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar » devrait arrêter de lire DA VINCI CODE de Dan Brown
Pathétique et lamentable référence.
Pour ma part, je choisis la LIBERTE de ne pas lire Charlie HEBDO quand il caricature le prophète Mahomet (PSL), d’inviter ceux que je connais et qui respectent ma foi à en faire de même.
Parce que j’ai la LIBERTE de le faire.
Je choisis la LIBERTE contre BOKO HARAM, AQMI et DAESH qui massacrent des musulmans qui célèbrent l’Achoura en Irak chaque année, contre les talibans pakistanais qui massacrent des musulmans soufis parce qu’ils honorent leurs saints comme nous au Sénégal.
Soyons en sûrs, si nous ne faisons rien contre ces wahhabites, qui sont déjà chez nous, fanatiques sanguinaires et leurs épigones demain ils seront suffisamment forts pour demander l’interdiction du magal de Touba et du Gamou de Tivaouane. Ils considèrent ces manifestations de foi comme hérétiques.
Monsieur le président vous avez eu raison de manifester le 11 janvier à Paris. Et nous étions 4 millions avec vous, noirs et blancs, jeunes et vieux, femmes et hommes et de toutes les religions.
De quel côté êtes-vous « M. le sociologue de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar » animateur du « cercle des intellectuels ».

Babacar FALL
b.fall@wanadoo.fr