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PROFIL- VIRUS EBOLA – La face cachée d’un tueur en série

Rédigé par leral.net le Samedi 30 Août 2014 à 20:20 | | 0 commentaire(s)|

Le virus d’Ebola est né en 1976 en République démocratique du Congo (Rdc) près d’une rizière. Aujourd’hui âgé de 38 ans, ce virus mortel s’est signalé hier vendredi au Sénégal, qui devient ainsi le 6ème pays touché par la pandémie en Afrique de l’Ouest. Profil d’un meurtrier froid qui tue en série.


PROFIL- VIRUS EBOLA – La face cachée d’un tueur en série
NAISSANCE. Le monstre est là. Ebola est apparu aux Parcelles Assainies (Dakar) là où personne ne l’attendait. Les experts redoutaient une épidémie dans les régions frontalières avec la Guinée (Kédougou, Tamba). Le virus, froid comme un tueur en série, a choisi Dakar la frénétique pour entrer au pays de la «Téranga». C’est un individu de 38 ans, qui n’aime pas qu’on parle de lui. Il préfère se glisser silencieusement dans la masse pour surprendre ses proies. Il a pourtant vu le jour dans une rivière qui coulait sur un paysage de carte postale : l’eau est douce, les chimpanzés dansent sur les arbres à gros coups de ricanements, les oiseaux sifflotent un air de béatitude. Mais tout près de la ville de Yambuku en République démocratique du Congo, la rivière a une eau qu’on assimile désormais au malheur, à la mort. Cette rivière à l’appellation si glauque, se nomme Ebola. Comme cette maladie mortelle à forte propagation, qui est entrée par la grande frontière sénégalo guinéenne, sans toquer à la porte.

Hier, c’était Balla Diarra, le miraculé de Ourossogui, la fausse alerte des temps d’incertitude, qui a plongé, le temps d’un week-end, tout le Fouta en apnée, puis le soulagement est venu de l’institut Pasteur. Et la visite au pas de charge du ministre de la Santé et du secrétaire d’Etat chargé de la Communication, très vite envoyés par la République pour éteindre la dramatique alerte et étouffer les rumeurs placardées sur la Une d’un journal de la place. Aujourd’hui, point de doute, le ministre de la Santé, Eva Marie Coll Seck, est montée au créneau pour annoncer un premier cas de virus Ebola, faisant du Sénégal le 5ème pays visité par la pandémie. En un laps de temps, la nouvelle a fait le tour du monde. Ebola est devenu une star qui fait son buzz dans le glauque et la peur. Il tétanise d’effroi les foules les plus téméraires, terrorise les Armées les plus guerrières.

MEURTRIER. Ce fils du malheur a vu le jour le 1er septembre 1976. Ne sortez surtout pas les cadeaux pour son anniversaire, sinon il risque de tout dévorer sur son passage. Sa naissance devait être une fête, elle s’est muée en un deuil. Le virus installe la mort partout où il passe. En un battement de cils, il a causé, à l’époque, 280 décès pour 318 cas. L’Afrique, dépourvue de remède, est groggy. Le monde, surpris par l’horreur de la maladie, est hébété, impuissant, car jusqu’ici, il n’y a pas de remède connu. L’Organisation mondiale de la santé (Oms) prend les devants et découvre que la fièvre Ébola est une fièvre hémorragique foudroyante qui s’attaque à l’humain et aux autres primates, principalement transmise par la chauve-souris.

Très jeune, Ebola déteste les murs des villes et les grandes surfaces de briques. Son jardin d’enfant se trouve dans les zones tropicales, où il prend le soin de tisser sa toile funèbre. «Les flambées de fièvre hémorragique à virus Ébola surviennent principalement dans les villages isolés d’Afrique centrale et d’Afrique de l’ouest, à proximité des forêts ombrophiles tropicales. Le virus se transmet à l’homme à partir des animaux sauvages et se propage ensuite dans les populations par transmission interhumaine. On pense que les chauves-souris frugivores de la famille des Pteropodidae sont les hôtes naturels du virus Ébola. On ne dispose d’aucun traitement ni de vaccin, que ce soit pour l’homme ou pour l’animal», lit-on dans l’Aide mémoire de l’Oms Numéro 103 paru en 2012. Le virus d’Ebola a pourtant cinq parents qui lui sont propres et qui continuent d’accompagner la danse endiablée qu’il effectue sur le corps humain. «Le virus Ébola compte cinq espèces : Bundibugyo, Côte d’Ivoire, Reston, Soudan et Zaïre. Contrairement à Côte d’Ivoire et Reston, les espèces Bundibugyo, Soudan et Zaïre ont été associées à d’importantes flambées de fièvre hémorragique à virus Ébola en Afrique.» Depuis 1994, des flambées d’infections à virus Ébola par les espèces Zaïre et Côte d’Ivoire ont été observées chez les chimpanzés et les gorilles.

PREVENTION. Toutefois, le virus Ebola a peur de la propreté et il lui tourne le dos dès qu’on parvient à manipuler les animaux avec des gants et qu’on porte des vêtements protecteurs adaptés. Le virus n’aime pas non plus que la viande soit cuite soigneusement avant consommation. Parmi les mesures qui font fuir ce virus âgé de 38 ans, figurent le port de gants et d’un équipement de protection individuel adapté lorsqu’on soigne des patients à domicile. Ensuite, il est indispensable de se laver régulièrement les mains après avoir rendu visite à des parents malades à l’hôpital ou après les avoir soignés à domicile. La fièvre hémorragique à virus Ébola se caractérise souvent par une brusque montée de la température, une faiblesse intense, des myalgies, des céphalées et une irritation de la gorge. Ces symptômes sont suivis de vomissements, de diarrhées, d’éruptions cutanées, d’insuffisance rénale et hépatique et, dans certains cas, d’hémorragies internes et externes. A 38 ans, le virus d’Ebola est un tueur en série… jamais gagné par le remords. Il tue froidement et les chiffres sous forme d’avis de décès de l’Oms, sont effarants. Selon les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), plus de 1 500 personnes ont été tuées par le virus et le nombre de personnes infectées pourrait grimper jusqu’à 20 000. Le 28 août, l’Oms a dénombré au total 3069 cas dans quatre pays : le Liberia est le pays le plus touché, avec 694 morts, la Sierra-Leone en compte 422, la Guinée 430 et le Nigeria six. C’est cet hôte indésirable qui est entré au Sénégal hier, sans crier gare.

MOR TALLA GAYE

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