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Pan d’histoire de Louga : quartier « Artillerie », à l’origine un camp militaire colonial

Rédigé par leral.net le Samedi 14 Août 2021 à 17:30 | | 0 commentaire(s)|

Dans la commune de Louga, l’histoire de l’école élémentaire « Artillerie » est saisissante. D’un camp militaire colonial installé à Louga pour des raisons stratégiques, « le Fort Artillerie » a fini par être érigé en établissement scolaire après avoir servi d’unité industrielle et donné aujourd’hui son nom à un des quartiers les plus vastes de la commune […]

Dans la commune de Louga, l’histoire de l’école élémentaire « Artillerie » est saisissante. D’un camp militaire colonial installé à Louga pour des raisons stratégiques, « le Fort Artillerie » a fini par être érigé en établissement scolaire après avoir servi d’unité industrielle et donné aujourd’hui son nom à un des quartiers les plus vastes de la commune de Louga.

Louga – L’histoire du quartier et de l’école élémentaire « Artillerie 1 » remonte à l’époque coloniale. Sa création dans l’ancienne province du Ndiambour était un enjeu géostratégique pour l’administration coloniale. À l’époque, renseigne l’historien Saër Guèye, professeur d’histoire à la retraite, la province du Ndiambour permettait aux Français de contrôler les côtes atlantiques à l’Ouest, le Gandiole qui est un poste avancé du Walo au Nord, le Djoloff à l’Est et le Cayor au Sud.

C’est ce qui explique, selon lui, la création d’un camp militaire appelé « Fort Artillerie » dans cette partie du Ndiambour (Louga en tant qu’entité organisée n’existait pas encore) dont les travaux de construction ont démarré en 1882, la même année que la ligne ferroviaire Dakar-Saint-Louis a été réalisée.

Selon toujours l’historien, le « Fort Artillerie », qui servait de base militaire et de point d’appui aux troupes françaises dans leurs expéditions à l’intérieur du pays, avait un but essentiel. « La conquête et la protection des intérêts français et le contrôle des voies d’accès stratégiques », renseigne Saër Guèye, qui indique que le premier administrateur des colonies qui commandait le « Fort Artillerie » à son ouverture en 1885 s’appelait Abel Jeandet.

D’après les explications de Saër Guèye, l’achèvement des travaux du camp militaire en 1885 avait fait de ce site stratégique un lieu de transit de l’artillerie lourde coloniale, facilité par un tunnel qui le reliait à la gare ferroviaire distante de 300 mètres. « Mais après la mort de Lat Dior en 1886, le gouverneur Grenouilles, pour sonner la fin du cantonnement militaire, retira du « Fort Artillerie » la garnison et les canons et créa le cercle du Ndiambour ». Dès lors, le camp n’avait plus sa raison d’exister et les locaux furent libérés par les militaires.

D’un « camp militaire colonial » à un établissement scolaire public

Bien que fermé, le désormais ex-camp militaire était utilisé par l’administration coloniale comme un embryon industriel et a servi, dans un premier temps, à la création d’un « centre de nutrition pour les enfants démunis » qui permettait d’accueillir les enfants indigènes de la colonie gagnés par la famine pour leur assurer une bonne alimentation, renseigne Pape Mademba Samb, ancien chef du Service régional des logements administratifs de Louga. Plus tard, le « Fort Artillerie » devint une « sécherie de poisson » qui permettait à l’administration française de produire de la farine de poisson destinée à l’exportation à la faveur des facilités de transport qu’offrait le chemin de fer avec aussi une unité d’huilerie du fait de la zone de traite d’arachide que constituait le Ndiambour.

L’ex-camp militaire finit par devenir des bâtiments administratifs en 1945 et servait de logements aux fonctionnaires de l’administration jusqu’en 1954, année où l’ex-camp militaire a été érigé en établissement scolaire et appelé « École Artillerie », qui a donné son nom au quartier qui l’abrite suite à l’érection de Louga en commune de plein exercice en novembre 1955.

Les bâtiments qui abritent les salles de classe sont d’anciennes bâtisses de l’armée coloniale qui n’ont subi aucune érosion et sont restées telles qu’elles depuis leur construction entre 1882 et 1885. Et jusque-là, à l’exception de quelques toitures réfectionnées, aucune modification n’a été apportée à son architecture qui garde encore le profil d’un camp militaire de l’époque coloniale.

À sa création, c’est un ressortissant de Saint-Louis, Cheikh Thiam, qui en fut le premier directeur en 1954. Composée aujourd’hui de 15 classes avec un effectif de 816 élèves durant l’année scolaire 2020-2021, l’école « Artillerie » est le second établissement scolaire de la commune de Louga par sa taille, le nombre de classes et son effectif.

Directeur de l’établissement depuis octobre 2011, Ousmane Fall, qui a fait sa scolarité dans cette école et qui a pris sa retraite au mois de juillet 2021, apprécie les performances de l’établissement. « J’ai fait mon cycle primaire dans cette école et je viens d’y prendre ma retraite en tant que directeur. Je peux vous dire que comme un miracle, les bâtiments que j’avais trouvés en tant qu’élève en 1969 sont les mêmes aujourd’hui et l’école Artillerie est restée constante dans ses résultats et ses performances scolaires ». Le désormais ex-directeur se dit optimiste quant à l’avenir de l’école. « Je reste convaincu qu’en terme de performance, l’école Artillerie peut rester parmi les meilleures de la commune de Louga », souhaite Ousmane Fall.

Cet établissement scolaire symbolise aujourd’hui le legs d’une tradition militaire coloniale dont la double empreinte est encore perceptible sur les bâtiments laissés par l’administration française et le nom du quartier qui est l’un des plus vastes de la commune de Louga.

Khalif Aboubacar WÉLÉ (Correspondant)

 



Source : http://lesoleil.sn/pan-dhistoire-de-louga-quartier...