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Pape Faye, comédien : « L’Etat aurait pu dégager des fonds pour soutenir les créateurs »

En prélude à la Journée mondiale du Théâtre, Pape Faye et ses amis de l’Association des Artistes Comédiens du Théâtre Sénégalais (ARCOTS) ont animé un point de presse mardi dernier au Grand Théâtre. Une occasion saisie par votre journal pour poser trois questions à Pape Faye, le chargé de communication de l’Association.


Rédigé par leral.net le Mardi 1 Avril 2014 à 16:53 | | 0 commentaire(s)|

Pape Faye, comédien : « L’Etat aurait pu dégager des  fonds pour soutenir les créateurs »
Pouvez-vous revenir sur le sens de cet événement que l’ARCOTS s’apprête à fêter ?

Disons que c’est l’ARCOTS de Dakar qui va en partenariat avec le Grand Théâtre national. En effet, l’ARCOTS de Dakar est porteur d’un projet qui s’appelle Dakar Théâtre Festival et qui regroupe les cellules de Dakar, Guédiawaye, Pikine mais aussi de Louga, de Thiès sans compter les « One man Show de Bischichi, Per Bou Khar et de Kader Pichinini. C’est un ensemble de groupements d’artistes qui vont donner une série de spectacles le 27 au soir. Mais avant la date du 27, nous avons organisé une formation pour de jeunes comédiens. Cette formation concerne soit des comédiens débutants soit des comédiens qui ont un peu plus d’expérience mais qui ont quand même besoin de jouer autrement. Il s’agit en fait d’un espace d’échanges. Donc, nous avons fait des répétitions pendant une semaine et nous allons restituer aujourd’hui (l’entretien a eu lieu mardi, Ndlr). Après la restitution, les stagiaires recevront leurs diplômes. Mais ce qui est nouveau dans les organisations au niveau de la Journée mondiale du Théâtre, c’est que les artistes se sont toujours intéressés au plateau. Ce qui est une bonne chose. De plus, temps en temps, ils se sont aussi adonnés à des espaces d’échanges sous forme de débats ou de conférences. Surtout, nous avons voulu, au lendemain de la Journée mondiale du Théâtre, organiser une soirée de gala au Yengoulène animée par le groupe Pape et Cheikh avec la participation d’artistes de renom et de musiciens qui nous ont appelés et qui veulent bien participer à cette grande première. Pourquoi organisons-nous cette soirée de gala ? Parce que nous avons constaté que, depuis plusieurs années, la plupart des artistes du théâtre — du moins certains d’entre eux — sont frappés d’incapacité physique. Ce qui ne leur permet plus de jouer sur scène ou de participer à des tournées. Certains sont atteints de paralysie tandis que d’autres sont carrément alités depuis des années. Alors, nous avons décidé de partager les recettes issues de cette soirée de gala avec nos collègues atteints d’incapacité. A mon avis, c’est une démarche noble à pérenniser.

A vous entendre, vous semblez pointer du doigt une faillite de l’Etat qui n’a pas toujours pu soutenir efficacement ces artistes atteints d’incapacité ?

Absolument ! Cela signifie que ce que l’Etat devait faire, ce sont les artistes eux mêmes qui se serrent les coudes et qui le font pour leurs collègues. C’est très dommage parce qu’aujourd’hui l’Etat aurait pu dégager des fonds pour soutenir les créateurs. Je ne parle pas seulement des hommes de théâtre mais aussi des autres corps de métier de la grande famille des arts. Hélas, je suis au regret de remarquer que ce fonds n’existe nulle part. C’est pourquoi, nous voulons organiser cette soirée de gala au lendemain de la Journée mondiale du Théâtre et nous comptons bien le faire de manière pérenne.

En parlant de formation, certains des éléments de l’ARCOTS ont explosé au grand jour à l’instar de Daro et des autres. Quel est le sentiment qui vous anime, vous qui avez toujours prôné la collaboration entre comédiens diplômés et ceux du théâtre populaire ?

C’est un grand sentiment de satisfaction qui m’anime naturellement suite à ces résultats probants. Contrairement à ce que pensent les gens, la révélation de Daro n’est pas venue de la série « Dina Ma Nekh » mais bien de la pièce « Keur Baye Dame » que nous avons jouée ici par deux fois et que nous avons amenée en tournée. C’est à partir de là que les gens ont vu et remarqué l’immense talent de cette fille. Moi, je savais qu’elle pouvait intégrer l’élite et voler très haut. C’est pourquoi je l’ai choisie parmi les jeunes artistes parce qu’elle avait beaucoup de choses dans le ventre. C’est effectivement ce qui l’a propulsée aujourd’hui au-devant de la scène. Et elle a la possibilité de pouvoir exploser encore à un plus haut niveau. C’est le même sentiment de satisfaction que nous éprouvons aussi pour Maïmouna que nous avons fait jouer partout, aussi bien en français qu’en wolof. Elle a beaucoup de talent et c’est une dame qui aime son métier et qui y met de la rigueur. Les autres aussi ne sont pas en reste ; je veux parler de Fodé, Alioune Mbaye et toute la bande. Ils sont tous des produits de l’ARCOTS de Dakar. Ce qui constitue pour moi une énorme source de fierté car ils sont devenus maintenant de vraies stars au Sénégal.

Propos recueillis par Fadel Lo
Article paru dans « Le Témoin » N° 1158 –Hebdomadaire Sénégalais (Mars 2014)