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Photos - Relation entre presse et justice : Des discussions pour une future collaboration

Le ministère de la Justice, en collaboration avec la Banque mondiale, a tenu, ce week-end, un panel de deux jours à Saly Portudal afin de se rapprocher et connaître le fonctionnement de chaque entité. A cet effet, les deux parties ont fait des recommandations qui pourront créer des liens d’interactions entre les journalistes et les magistrats qui ont toujours des rapports heurtés.


Rédigé par leral.net le Lundi 30 Mai 2016 à 08:52 | | 0 commentaire(s)|

Les acteurs de la Justice et ceux des médias se sont retrouvés à Saly Portudal, ce week-end, pour raffermir leurs relations. Cette rencontre de deux jours a eu pour objectif d’établir les bases d’une collaboration plus structurée entre le ministère de la Justice et les médias dans la couverture de l’information judiciaire, parce que le temps de la justice n’est pas celui des médias. « Les journalistes buttent souvent sur ce que l’on appelle les sources fermées. Dans ces sources fermées, la justice est entourée de ce que l’on appelle le secret d’instruction derrière lequel le magistrat se réfugie pour ne pas répondre à la question du journaliste dans l’accès à l’information que le public doit connaitre. C’est là que se trouve le malentendu permanent entre la justice et les médias », a dit le professeur de journalisme, Jean Meïssa Diop. D’où la nécessité pour la presse de passer par des voies de contournement pour accéder par d’autres sources comme la police, la gendarmerie où même judiciaire pour avoir l’information à donner au public, parce que n’ayant pas d’interlocuteur directe dans le milieu judiciaire. Ce contournement est souvent source de dysfonctionnement.

Le Procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, a, ainsi, relevé quelques dysfonctionnements. « Dans l’affaire de Thione Seck, j’ai vu le Pv dans la presse au moment même où je ne l’avais pas encore reçu du Parquet. J’étais obligé d’appeler l’enquêteur pour connaitre l’existence de ce procès-verbal d’audition, que Le Quotidien a publié in extenso dans son journal », a-t-il déploré. Poursuivant ses propos, il dira : « Nous cherchons l’information mais anticiper peut nuire à la manifestation de la vérité. Quand certains éléments sortent dans la presse, les témoins se barricadent. Certains mis en cause, qui savent que l’enquête va s’orienter vers eux, prennent l’avion ». Il a aussi évoqué certains cas de manipulation et de corruption dans le milieu de la presse. « Il faut le dire, il y a la corruption et la manipulation dans le milieu de la presse. Ce n’est pas seulement la presse qui manipule, il y en a aussi au niveau de la justice ».

La Directrice de cabinet du ministre de la Justice, Aminata Fall Cissé estime, par ailleurs, qu’il y a un besoin réel de la part des journalistes que des Juges, de connaître le fonctionnement de chaque entité. Toutefois, dit-elle, « c’est le sens de nombreuses réformes entreprises par l’Etat. Mais, la mise en œuvre exige une stratégie de communication. La manière dont la justice doit interagir avec les médias ».

En effet, pour élaborer les bases d’une collaboration saine, la presse a fait quelques recommandations aux autorités judiciaires. « Nous souhaitons que le ministère désigne un porte-parole dans chaque juridiction, prévoir le journaliste dans le dispositif des salles d’audiences, aménager une salle au sein des Tribunaux pour la presse, l’autorisation de l’usage de l’ordinateur et tablette, prévoir une documentation pour les journalistes, un atelier de renforcement de capacité pour les journalistes à Dakar et dans les régions, etc. », liste Ibrahima Lissa Faye, président d’Apel.

Fara Mendy