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Politique étrangère : l'imprévisible président Trump

Rédigé par leral.net le Mardi 3 Janvier 2017 à 14:35 | | 0 commentaire(s)|

A quelques jours de la prestation de serment de Donald Trump, le 20 janvier prochain, beaucoup d’analystes se demandent comment l’imprévisible milliardaire va gérer les relations de la première puissance mondiale avec le reste du monde.


On sait que Donald Trump veut renouer avec Vladimir Poutine, et l’une de ses premières déclarations a été une remise en question de la politique de la Chine unique. Le reste est très vague, selon Philippe Lecorre, chercheur à la Brookings Institution.

« Il y a son admiration pour Poutine, son côté homme fort, le fait qu’il va pouvoir changer les choses en parlant d’homme à homme et ainsi régler le sort de la planète. Cela fait sourire les diplomates. Pour le reste, la politique étrangère de Trump est faite de mystère. On a vu ce qui s‘est passé sur la Chine. Il y a eu plus qu’un sursaut à Pékin. Cela prouve un certain amateurisme de la part de Donald Trump qui a fait la plupart de ses déclarations de politique étrangère sur Twitter. »

Une équipe surprenante

Ce programme de politique internationale transmis sur les réseaux sociaux déconcerte les diplomates et les capitales étrangères. D’autant que la composition de l’équipe Trump inquiète aussi Simon Sarfati, professeur au Centre d’études des relations stratégiques de Washington.

« Trump a des instincts, il s’entoure de personnalités qui le conduisent dans des directions qu’il ne saisit peut-être pas véritablement lui-même. L’administration qu’il a mise sur pied sera très difficile à gérer : trois généraux, un chef d’entreprise, qui va mener la barque ? Je ne suis pas convaincu que Trump ait véritablement une vision d’ensemble. »

Des experts décontenancés

Il n’est pas certain que Donald Trump aura cette vision d’ensemble. Car non seulement le président élu revendique le fait de ne pas participer aux briefings quotidiens, mais il ne se fie pas non plus aux experts de politique internationale.

Philippe Lecorre de l’institution Brookings est bien placé pour constater le désintérêt de Donald Trump pour les réunions. « C’est la fin d’une époque, les analystes de politique étrangère se demandent ce qu’ils vont faire. Ils ont été très peu consultés, ils ont eu très peu de contact avec l’équipe Trump. Il y a un effet de surprise qui fait que nous ne savons pas quelles seront les priorités de politique étrangère de cette administration et si ce sera "à la mode" Taiwan, ou "à la mode" stratégie de long terme avec un plan… »

Et lorsque le président élu participe à un briefing, les experts sont déconcertés, comme le raconte Simon Sarfati. « Lors d’une réunion avec l’une des agences de renseignements, Trump leur a dit : "vous savez, il y a une règle avec moi – j’ai toujours raison. Donc si vous voulez avoir raison aussi, et bien vous devez répéter ce que je dis". C’est une drôle d’approche… »

Dérive autocratique ?

Et au-delà des anecdotes, certains craignent une dérive autocratique, comme le consultant démocrate René Lake. « En observant Donald Trump et son style de téléréalité, j’ai l’impression qu’il a un ego surdimensionné et des attitudes d’autocrate. Je suis d’origine africaine, et j’ai l’impression de voir un nouvel élu en Afrique. Que ce soit son côté sympathique "on remet tout en cause" ou son côté "on ramène tout à soi". Et j’avoue que c’est ce qui m’inquiète. »

Aucune de ces analyses n’est très positive mais c’est, après tout, ce que Donald Trump avait promis : un président qui ne respecte pas les codes de Washington. Et peut-être que de cette incertitude naîtra un président respecté comme Ronald Reagan. Ce dernier, décrié à son arrivée, est désormais considéré comme l’un des plus grands locataires de la Maison Blanche. En revanche, quels que soient les interlocuteurs, républicains ou démocrates, à quelques jours de la prise de fonctions de Donald Trump, le diagnostic est le même.

« Il est très imprévisible, et il est très difficile de se souvenir d’une déclaration de Donald Trump, pendant les 18 derniers mois, qu'il n’ait pas répété de façon différente, opposée ou contradictoire. Et c’est parce qu’il improvise ! » analyse Simon Sarfati, professeur au Centre d’études des relations stratégiques de Washington.

source Rfi.fr