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[Portrait] Dr. Angèle Flora Mendy, chercheure à Harvard: Radiologue des systèmes de santé

Rédigé par leral.net le Jeudi 12 Août 2021 à 19:00 | | 0 commentaire(s)|

[Portrait] Dr. Angèle Flora Mendy, chercheure à Harvard : radiologue des systèmes de santé L’Enseignante-chercheure à l’Université de Lausanne, le Docteur Angèle Flora Mendy a bâti sa notoriété sur l’analyse des forces et faiblesses des systèmes sanitaires en Afrique. La sociologue sénégalaise, sélectionnée dans le Programme Takemi de l’Université Harvard, est convaincue que la pandémie du […]

[Portrait] Dr. Angèle Flora Mendy, chercheure à Harvard : radiologue des systèmes de santé

L’Enseignante-chercheure à l’Université de Lausanne, le Docteur Angèle Flora Mendy a bâti sa notoriété sur l’analyse des forces et faiblesses des systèmes sanitaires en Afrique. La sociologue sénégalaise, sélectionnée dans le Programme Takemi de l’Université Harvard, est convaincue que la pandémie du coronavirus aura des effets positifs en termes d’amélioration de l’offre de soins en Afrique, dans les années à venir.

GENEVE-La chercheure sénégalaise, Angèle Flora Mendy est sortie de l’anonymat lorsqu’elle a été sélectionnée pour le programme « Takemi Fellow International Health » de l’Université Publique de Harvard. L’admission au Takemi Programme se fait sur la « base des qualités exceptionnelles à suivre une formation à Harvard ». Auparavant, elle s’intéressait particulièrement aux migrations internes et internationales des professionnels de santé africains et le fonctionnement des systèmes de santé. À l’université de Lausanne, elle passe à la loupe l’offre de soins dans les pays africains, en Gambie notamment. Elle va se pencher sur les structures sanitaires du Bénin, du Sénégal, de la Guinée Conakry et de la Guinée Bissau dans les années à venir.

Cette enseignante-chercheure issue de la famille royale de Cabo de Djibelor, de la région de Ziguinchor, n’a pas connu une adolescence gâtée. En 2007, la disparition de son papa bouleversa sa vie. Depuis lors, elle a décidé de se concentrer sur ses études pour améliorer les conditions de vie de sa famille et aussi honorer la prédiction de son père. Ce dernier, avant de rendre l’âme, avait confié à son épouse Marie Sosa que « la jeune gardienne sera à la hauteur ».

L’école reste la seule voie d’ascension sociale pour cette jeune fille issue d’une famille Baïnouk. Après le baccalauréat, elle s’inscrit à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis où elle décroche un Diplôme d’études approfondies. C’est dans ce milieu qu’elle a commencé à s’intéresser au mode de fonctionnement du système de santé. Durant son stage au sein du service médical, elle passe, au crible, la chaîne de prise en charge médicale des étudiants de l’Ugb, des urgences à l’hospitalisation, en passant par les services de soins et des analyses en laboratoires.

Lorsqu’elle s’inscrit en Doctorat, elle participe à la réalisation de l’étude de faisabilité sociologique de l’Université Assane Seck de Ziguinchor. Les conclusions de cette étude ont servi de base pour valider son projet et aussi la construction d’un campus social dans cette institution universitaire. Elle et son amie, Marie Rosalie Sagna, actuellement établie au Canada, ont mené une étude qui a convaincu les acteurs du secteur du tourisme à mettre sur pied un syndicat. Actuellement, elle rend la monnaie à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. « Je me suis déplacée plusieurs fois à l’Université Gaston Berger de Saint Louis, à mes frais, pour dispenser des cours et des séminaires aux étudiants de la deuxième année jusqu’en Doctorat », confie l’enseignante-chercheur.

Auparavant, elle s’était distinguée dans les ateliers d’écriture scientifique au Nigéria, au Bénin et au Burkina Faso. Ces interventions lui ont permis de décrocher une bourse de troisième cycle de la Fondation américaine Ford. « Ce qui m’a menée en Suisse, à Genève et à Lausanne où j’ai d’abord obtenu un Diplôme d’Éude spécialisée (Dess) en mondialisation et la régulation sociale, ensuite un Doctorat en Sciences sociales à l’université de Lausanne où j’ai été aussi chercheure, assistante doctorante et chercheure postdoctorale avant de rejoindre l’Université d’Oxford ».

En 2019, elle est admise à Harvard. Ici, elle a approfondi ses recherches sur la qualité des soins dans les pays en développement. Son travail de fin de formation porte sur les structures sanitaires du Sénégal et de la Gambie. Avec Mme Fatou Ndiaye, gynécologue sénégalaise employée de l’Usaid, elle a proposé une réforme des services néonataux dans une optique de réduire les taux de mortalité. Juste après cette formation certifiante, elle dépose sa candidature pour le Takemi programme qu’elle a rejoint depuis mars 2020. La Suisse, à travers le Fonds national suisse de la Recherche (Fns), lui accorde un financement pour faciliter son séjour à Harvard.          

Une priorité aux jeunes et au monde rural

Aujourd’hui, avec un peu de recul, la sociologue est convaincue que la prise en charge médicale sera une priorité dans les programmes des pays africains dans les années à venir. « Les faiblesses de nos systèmes de santé résident dans le fait que nous ne considérons pas assez nos atouts », a-t-elle insisté. Pour elle, les maux des établissements sanitaires en Afrique ont été diagnostiqués depuis des décennies. Il reste la thérapie qui devrait, selon l’enseignante-chercheure, prioriser la prévention qui est moins coûteuse que le curatif.  « Tous les pays disposent d’un Plan national de développement sanitaire ou Plan national de sécurité sanitaire qui ont fait un diagnostic complet de toutes les problématiques nationales de santé en lien avec les caractéristiques du pays concerné. Ce document de référence, en effet, ne se limite pas à faire un diagnostic sectoriel. Des défis sont répertoriés », rappelle l’universitaire qui pose aussi le principe d’équité à prendre en considération aussi bien sur le plan géographique qu’en termes d’accessibilité financière pour les couches vulnérables.  « L’Afrique et ses autorités ne peuvent pas ignorer les enjeux de la santé sur le continent. Elles les ont sous les yeux dans leurs documents de référence », tranche Flora Angèle Mendy. Elle propose la construction d’un modèle d’offre de soins inspiré de nos réalités socioculturelles en Afrique où 60 % de la population vivent dans des zones rurales.  « L’Afrique devrait penser une offre, une accessibilité, une disponibilité des soins en fonction de cette réalité. Toutefois, c’est un système de santé dans sa répartition des offres de services et des soins de santé, hérité de la colonisation qui se trouve maintenu dans la presque totalité des anciennes colonies », analyse Docteur Mendy. Elle est convaincue que la crise de la pandémie du coronavirus va contribuer à la transformation des systèmes de santé en Afrique.

 El Hadji Gorgui Wade NDOYE (Correspondants Permanent)

 

 

 



Source : http://lesoleil.sn/portrait-dr-angele-flora-mendy-...