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Pour que Macky Sa ll et Alioune Badar Cissé nous servent d’exemple

Rédigé par leral.net le Mardi 13 Août 2013 à 17:28 | | 0 commentaire(s)|

Attitude ne pouvait être plus Gaullienne que celle d’Alioune Badara Cissé, profitant de la fin de l’Eid El Fitr qui marque un mois de dévotion et de pénitence pour aller rendre visite à son ami et frère, le Président Macky Sall pour lui tendre la main de la réconciliation. A l’occasion, l’esprit républicain a rencontré la culture de la tolérance comme un fleuve se jette dans une mer.

Le Président Macky Sall en homme rassembleur au-delà de sa famille politique et de ses alliés, sachant qu’il a besoin de l’ensemble des citoyens à fortiori ceux qui l’ont accompagné durant son odyssée qui l’a mené au pouvoir dont Alioune Badar Cissé fut un des vaillants pionniers a accepté à son tour cette main tendue de son frère et ami.

Au regard de la carrure intellectuelle des deux hommes, on ne pouvait que souhaiter leur alliance : ils représentent tous les deux l’archétype de l’excellence sénégalaise dans des domaines différents, d’autant plus qu’ils ont réussi dans un passé récent une synergie d’action qui a permis à notre pays de faire une entrée remarquable sur la scène internationale.

L’imprévu, le hasard et la déception rythment la vie politique sénégalaise depuis les indépendances : la tragédie qui a séparé Senghor et Dia, fut incontestablement le sommet de cette bizarrerie de la politique sénégalaise. C’est vrai que toute la politique est un jeu d’arrangements et de dérangements, d’alliances et de ruptures, mais l’histoire politique sénégalaise est spécialement abondante de décompositions amères et de compositions contre-nature. La vie politique est en constante convulsions parce que les intérêts et les visions peuvent changer ou diverger à partir d’un moment donné, dans la trajectoire des hommes politiques. L’essentiel est de faire preuve de dépassement à un certain tournant de l’histoire.

Ces retrouvailles sonnent le glas de toutes les interprétations et supputations. Finalement, les brouilles et les malentendus, sont surmontées grâce à la confiance et à l'admiration mutuelles de deux hommes d'exception.

Au-delà de cette réconciliation qui ouvre de nouvelles perspectives dans l’évolution politique de l’Alliance pour la République, il convient de retenir la leçon morale que voilà : notre pays n’a jamais souffert des divergences entre Macky Sall et Alioune Badara Cissé, parce que tous deux avaient un sens élevé de l’intérêt national et de la responsabilité politique.

Au plus fort de leur incompréhension, ils n’ont jamais cédé à la tentation d’une déstabilisation des institutions de leur pays. C’est assurément là une grande leçon donnée à la postérité et dont il faut savoir faire bon usage. Il n’est pas rare dans la scène politique sénégalaise actuelle, de voir quelques hommes politiques solder leurs comptes aux dépens de l’État (de ses secrets notamment) et même de la paix civile, comme ce fut le cas dans un passé récent entre Wade et Seck.

Si l’appétit du pouvoir n’a décidemment plus de limite et les moyens pour le satisfaire ne tiennent plus compte de l’éthique républicaine et de la morale tout court, il n’en reste pas que malgré l’antagonisme qu’on a pu noter entre les deux hommes, ils ont eu le mérite de ne pas en faire une affaire d’État. En effet, il arrive souvent, dans la scène politique africaine, de voir les oppositions politiques déborder du champ républicain pour prendre des formes extrêmes de fanatisme de tout genre.

Tahar Ben Jelloun, dans Eloge de l’amitié, a éloquemment peint la difficulté à allier politique et amitié, en affirmant que « la politique dénature et ruine l'amitié ». Oui, les cordes de l’amitié sont tellement précieuses et si sensibles qu’au contact de la politique, elles se cassent, ne pouvant pas supporter les acrobaties de la politique.

Il faut oser espérer que cette réconciliation tant attendue et qui vient de se réaliser sera le limon fertile qui va inspirer certains responsables de l’APR. Tous les observateurs ont pu noter, en se désolant que depuis quelques temps, le parti majoritaire au pouvoir est traversé par des contradictions internes qui risquent dans le long terme de saper son unité.

C’est vrai, un parti politique, qu’il gouverne ou pas, vit et parce qu’il vit, il est obligé de supporter des transmutations, des conflits ou des contradictions pour s’adapter aux contextes politiques toujours changeants et surtout trop précaires pour permettre un conservatisme tout azimut. L’Alliance pour la République ne peut pas faire l’économie d’une telle mutation.

La compétition interne entre les ambitions saines n’est ni une tare, ni un péril si elle obéit à certaines normes politiques qui fassent l’objet d’un consensus interne. Il est donc d’une nécessité impérieuse que certains militants et responsables de l’APR comprennent que les ambitions d’un parti de l’opposition ne sont plus celles d’un parti au pouvoir, les stratégies ne peuvent plus être les mêmes.

La diversité et la différence ne sont pas forcément synonymes d’absence d’identité ou d’unité. Il faut savoir tirer profit de la diversité politique, car elle est soit enrichissante soit motrice de la concurrence qui stimule la représentativité politique.

On ne bâtit jamais les grandes œuvres en sacrifiant la diversité, pas plus qu’on ne produit un beau poème avec les mêmes vers. L’une des caractéristiques de la rationalité moderne, c’est une exigence tyrannique d’uniformité, or ce que l’intelligence politique exprime de façon claire est que l’uniformité est souvent handicapante.

Une chose est d’avoir travaillé à l’accession de son parti au pouvoir, une autre est d’être apte à l’y maintenir par l’offre une offre politique significative et surtout d’une expertise solide en matière de gouvernance moderne. Les querelles par presse interposées ne feront que nous détourner de notre mission historique. Le bon sens recommande par conséquent d’extirper de l’APR tout esprit de chauvinisme et toute forme d’exclusion.

Mais comme le veut une morale politique très répandue aux États-Unis : on doit relever les défis non pas parce qu’ils sont faciles à relever, mais précisément parce qu’ils sont difficiles. Il faut le dire, nous allons vers des échéances électorales difficiles, autant le parti met sa crédibilité et son avenir politique en jeu dans ces élections, autant le bénéfice moral et les retombées politiques qu’il tirerait d’une victoire éclatante seraient énorme et féconds.

Si même les individus passent par une évolution à la fois physique et intellectuelle, et que les instituions de la R
épublique qui sont plus sacrées changent, pourquoi et comment l’APR pourrait-il ne pas connaître des mutations douloureuses mais nécessaires à la réalisation de ses nouvelles ambitions ?






Pape Abdoulaye KHOUMA
Responsable APR aux Parcelles Assainies
Membre de la CCR