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Pourquoi de plus en plus les hommes trompent-ils leurs femmes ?

Rédigé par leral.net le Dimanche 20 Juillet 2014 à 13:41 | | 0 commentaire(s)|

L’infidélité est-elle consubstantielle à la nature de l’homme ? S’il est difficile de répondre par l’affirmative à cette interrogation, force est de constater que l’infidélité prend des proportions inquiétantes dans la frange masculine de la population sénégalaise. Dans ce dossier EnQuête propose un diagnostic du phénomène, donne la parole à des femmes bafouées et recueille l’avis des spécialistes de la question.


Pourquoi de plus en plus les hommes trompent-ils leurs femmes ?
L’infidélité masculine : "Intéressant comme sujet. L’homme est de nature polygame. Il est infidèle, depuis la nuit des temps." C’est en substance, la manière dont plusieurs personnes ont réagi à la question. Cette thèse est d’ailleurs appuyée par des études qui montrent que "le pourcentage de couples connaissant l'infidélité se situe entre 70% et 85%" dans le monde. Le sujet garde donc toute sa pertinence à un moment où le phénomène est décrié un peu partout. L’infidélité masculine a fini par s’ériger en mode.

Au Sénégal, aucun chiffre n’est disponible pour jauger le phénomène, même s’il est noté, comme partout ailleurs, dans le monde, une tendance à la hausse. Aujourd’hui, des Sénégalaises s’offusquent de la double vie de leurs époux.

"Les hommes ont perdu la raison. Au lieu de remplir leurs devoirs conjugaux, ils préfèrent financer leurs maitresses et déserter leurs foyers" ; "Je suis tombée des nues quand j’ai découvert que mon copain est marié et que sa famille vit au deuxième étage de l’immeuble où il a loué une chambre meublée au quatrième étage, pour nos retrouvailles" ; "Depuis 5 ans qu’on est marié, mon époux n’a jamais passé le week-end chez nous. " ; "J’ai eu écho de ses liaisons extra-conjugales, mais je suis tombée à la renverse quand je l’ai surpris sur notre lit conjugal avec une voisine..." ; "Mon mari m’a délaissée chez ses parents à Rufisque pour vivre en ville avec sa maitresse. Je n’en revenais pas quand je l’ai appris."

A entendre ces différentes femmes, on se rend compte que l’infidélité a de beaux jours devant elle. Même le psychiatre Momar Kamara de la clinique psychiatrique de l’hôpital Fann estime qu’il y a "recrudescence, en l’absence de statistiques dans notre pays" de l’infidélité. "Il faut, dit-il, essayer de le placer dans le cadre des difficultés que rencontre le couple aussi bien au Sénégal que partout dans le monde."

Et le psychiatre d’ajouter : "les études ont prouvé que les couples évoluent de plus en plus au même titre que les sociétés. On ne peut pas trouver des réponses toute faites face à ces évolutions. Est-ce qu’il faut rester conservateur ou évoluer ? Le fait de vouloir voir autre chose peut être une réponse à l’évolution que nous donne cette transformation qu’on est en train de vivre. "Toujours est-il que, selon une étude réalisée par l’Ifop, elle est en très nette progression", depuis les années 70, souligne le psychiatre.

Paroles de femmes bafouées

Au Sénégal, en raison des nombreuses mutations sociales, certaines femmes ont du mal à faire table rase de cette phase douloureuse de leur vie. Elles préfèrent claquer la porte et refaire leur vie, quand d’autres se résignent.

"Mon mari reçoit la visite de ses maitresses chez moi. Il prétend qu’ils sont liés par des affaires professionnelles. Je ne suis pas dupe, mais je n’en ai cure. Tous les hommes sont pareils. Je m’en passe", confie Mme Thiam.

Son réconfort : elle vit dans une maison de rêve, après avoir connu une enfance difficile, voire un passé tumultueux. Elle ne voit son mari, monogame à l’état civil, qu’en de très rares occasions. Celui-ci traîne l’étiquette d’un infidèle chronique, mais le luxueux cadre de vie pousse son épouse à fermer les yeux sur ses escapades.

Katy est une Française d’origine sénégalaise qui a fini par nourrir un dégoût pour les Sénégalais . Celle qui a voulu se ressourcer au pays de ses ancêtres a préféré retourner sur ses talons. "C’est trop dégoûtant. Mon mari se permet de draguer à gauche et à droite. Il est allé jusqu’à courtiser une voisine d’en face. C’en était trop.

Pourtant, Maguette Ka a vu pire. "J’ai surpris mon mari sur notre lit conjugal avec une voisine. J’avais eu écho de ses escapades, mais j’ai voulu fermer les yeux..." Des témoignages qui sont légion.

Même chez les jeunes filles sénégalaises, on rechigne à franchir le Rubicon par crainte de devoir partager son "homme" avec toute "une cour". "Les hommes sont malades ...", fulminent certaines.

C’est une jeune Ivoirienne qui tempère. "Chez nous, une femme s’attend toujours à se faire tromper par son mari. C’est connu, la plupart de nos hommes ont une épouse, une maîtresse et une petite-amie."

Polygamie et infidélité

Pour des étrangers de confession chrétienne rencontrés un peu partout à Dakar, l’infidélité des Sénégalais se justifie et "est encouragée par la polygamie qui leur octroie le droit d’avoir quatre épouses". Une raison valable ? Un prétexte ? La thérapeute familiale, Mme Seck, le reconnait aussi.

"Des hommes se servent de la polygamie comme couverture pour courtiser d’autres femmes. Ils vont prétexter s’inscrire dans la dynamique de prendre une autre épouse, occultant le fait que l’islam établit des critères. Il s’y ajoute qu’infidélité ne rime pas avec adultère."

Même si l’infidélité est contraire à la morale, Mme Seck tient à rappeler que "le mâle, aussi bien l’animal que l’humain, est de nature polygame. Il aime s’entourer de plusieurs partenaires sexuels. Mais il faut noter que tous les animaux ne sont pas polygames, certains restent monogames à vie."

Elle considère que ce thème devrait être traité sous l’angle de l’infidélité dans le couple, tout en évitant de toujours incriminer les hommes. Pour autant, des Sénégalais ne cautionnent pas les arguments avancés par les coureurs de jupons à la recherche de "fortes sensations".

"La polygamie ne peut justifier l’infidélité, car si un homme est mû par l’intention de prendre une seconde épouse, il réalise son projet dans un bref délai... c'est-à-dire avant que la première ne soit au courant", croit savoir le vieux Moussa Kane.

L’avis du religieux

Interpellé sur la question, le célèbre prédicateur Oustaz Iran Ndao ne mâche pas ses mots.

"La polygamie ne légitime aucunement l’infidélité masculine. Selon la charia, un homme marié ne peut cacher ses projets d’épousailles à sa femme. Il s’y ajoute que lorsqu’il est animé par l’intention de convoler en secondes noces, on suppose qu’il est tombé sous le charme d’une autre femme, il doit l’épouser dans un bref délai", souligne l’islamologue pour qui l’épouse doit être préparée psychologiquement.

Autre précision. "L’islam ne permet aucunement à ses fidèles de courtiser à gauche et à droite. Tromper son épouse est un acte vil que condamne la religion musulmane. D’ailleurs, selon la charia, un homme marié qui commet l’adultère doit être tué."



Dossier réalisé par EnQuête