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"Pourquoi jeûne-t-on ?" (Par Mame Mactar Guèye)

Rédigé par leral.net le Jeudi 17 Juillet 2014 à 13:41 | | 0 commentaire(s)|

Le Prophète Mohammed (psl) nous rappelle que «Les 5 piliers de l'islam sont : la "Chahada" ou profession de foi attestant qu'il n'y a de divinité qu'Allah et que Mohamed est Son Prophète ; la "Salaat" ou les cinq prières canoniques, la "Zakat-al-fitr" ou aumône légale de soutien aux nécessiteux, le "Sahrou Ramadan" ou Jeûne du mois de Ramadan, et le "Hajj" ou Pèlerinage aux Lieux Saint» (Recueil de Boukhari et Mouslim). «C’est durant ce mois béni que fut révélé le Saint Coran, comme lumière éclairant la voie aux hommes, en témoignage éclatant de la Vérité et du Salut. Quiconque d'entre vous, verra poindre le croissant lunaire, doit observer le jeûne. (Coran, II : 185). «Ho, croyants ! Nous vous avons recommandé le jeûne comme Nous l’avons prescrit à ceux qui vous ont précédé ; peut-être serez vous pieux pendant les jours comptés » (II : 183).


"Pourquoi jeûne-t-on ?" (Par Mame Mactar Guèye)
On observe dans le règne végétal, dés le début de la saison d’automne, que la plupart des arbres et arbrisseaux se débarrassent littéralement de leurs feuillages, et réduisent au minimum l’ensemble de leurs fonctions vitales : la circulation générale de la sève ralentit, l’arbre ne consomme plus le carbone et l’azote de l’air ; et les racines n’extraient plus les minéraux du sol : son métabolisme est à son niveau le plus bas.
Dans les pays nordiques, lorsque la neige recouvre le paysage de son manteau immaculé, tous les végétaux sont ainsi «invités» à entrer dans une période de repos, après plusieurs mois d’activités. Dés lors, le gibier se fait rare, et certains mammifères, comme l’ours polaire, entrent en hibernation (léthargie spontanée durant laquelle l’animal ne mange ni ne boit), jusqu’à la fin de cette saison stérile. On note la même réaction chez les chauves-souris, les marmottes, les reptiles, les alligators.
Au moment d’émigrer de la mer vers les fleuves, comme ils le font annuellement, les saumons s’abstiennent de s’alimenter pendant tout le périple, qui peut durer des semaines. Les pingouins et les jars observent aussi un jeûne pendant leurs périodes de reproduction. Le phoque mâle à fourrure de l’Alaska est l’exemple le plus impressionnant de jeûne chez les mammifères : bien qu’ayant à sa portée une nourriture abondante, pendant la période de rut, qui dure trois mois, il jeûne sans interruption tout en restant très actif. Le même phénomène est observé chez le lion de mer. Le papillon qui parcourt des kilomètres, à la recherche d’une femelle, ne mange pas pendant sa divagation. Des abstinences de cent jours ont été relevées chez les iguanes !
Parallèlement, la médecine vétérinaire note que tout animal, s’il est blessé ou malade, s’abstient instinctivement de s’alimenter jusqu’à ce qu’il recouvre la santé. En effet, son organisme étant déchargé, pendant cette période d’abstinence alimentaire, des fonctions de digestion, d’élaboration et d’assimilation, consacre ses énergies, ses multiples ressources et ses réserves nutritives à la réparation des tissus endommagés, des organes déchirés ou fracturés.
Le jeûne se révèle comme un moyen intelligent et spontané dont dispose la Nature pour se restaurer, se recréer, se renouveler. Lorsqu’il fut institué par le décret divin l’offrant à la communauté humaine, particulièrement la Ummah (Coran II : 183), il était déjà, depuis la nuit des temps, un acquis dans le règne végétal et animal, d’où justement le libre arbitre est absent (cette arme à double tranchant qui, selon l’usage qu’il en fait, peut élever l’homme à la cime de la gloire céleste, ou le précipiter dans les abysses ténébreux de l’ignorance !).
Tout comme l’humain, l’animal ou le végétal, le jeûne a été crée ; il est né avec la vie ; il est partie intégrante de la vie. Aussi, antérieurement à l’Islam, fut-il prescrit à d’autres communautés, comme nous le rappelle le Saint Coran : « Ho, croyants ! Nous vous avons recommandé le jeûne comme Nous l’avons prescrit à ceux qui vous ont précédé ; peut-être serez vous pieux pendant les jours comptés » (II : 183). L’action spontanée du jeûne a été pendant longtemps largement observé dans le monde végétal et animal comme un viatique dont use spontanément la Nature pour se régénérer, avant d’être consigné, au fil des siècles, sous formes de préceptes structurés dans différents Textes Sacrés, transmis aux humains, par le biais de divers Messagers divins.

Socrate, Platon, Pythagore…

Dans l’antiquité, les Praticiens, descendant des anciennes familles romaines, avant de procréer, allaient jeûner pendant des semaines dans les montagnes du Liban, pour se purifier. Chez les Mélanésiens, il était de tradition que le père d’un nouveau-né jeûnât quelques jours après la naissance du bébé. Les chefs de tribut des indiens d’Amérique jeûnaient 160 jours par an. Les Brahmanites des Indes jeûnaient lors d’apparitions de phénomènes naturels inhabituels, telles les éclipses solaires ou lunaires. Dans l’Egypte ancienne, les futurs initiés aux Mystères d’Isis et d’Osiris devaient se soumettre à un jeûne de sept jours avant d’être acceptés par les dépositaires de la Tradition. Les populations sabéennes de Harrân, auprès desquelles prêcha Seydina Ibrahima Aleyhi Salam (le Prophète Abraham), en hommage à la lune, observaient un jeûne de trente jours, du lever au coucher du soleil. Les anciens juifs jeûnaient les lundis et jeudis de chaque semaine, en souvenir de la longue retraite que Seydina Moussa Aleyhi Salam (le Prophète Moïse) débuta sur le Mont Sinaï (un jeudi) pour en redescendre quarante jours après (un lundi), muni des Tables de la Loi (Encyclopedia of Religion and Ethics, p.765). Les premiers chrétiens observaient un Carême de six semaines, exceptées les dimanches, en souvenir du séjour de Seydina Insa Aleyhi Salam (Jésus Christ) dans le désert. Et juste avant l’avènement de l’Islam, les Mecquois jeûnaient la Achoura (le 10e jour de Mouharram, le 1er mois de leur calendrier). Le Prophète Mouhammad lui-même (psl) jeûnait ce jour – cf. Boukhari, 30/69/3.
Les anciens chercheurs, les anciens philosophes considéraient le jeûne comme un instrument de régénération physique et mentale. Les deux grands maîtres de la philosophie grecque, Socrate et Platon, jeûnaient régulièrement avant d’entreprendre de grandes investigations. S’apprêtant à passer son examen à l’Université d’Alexandrie, Pythagore jeûna quarante jours d’affilés.
L’un des pionniers les plus en vue, dans le milieu médical positiviste, à avoir préconisé le jeûne comme application thérapeutique, fut le médecin américain, Isaac Jennings (1788-1874). Il renonça officiellement, en 1822, à l’usage de la médication de synthèse, pour adopter une nouvelle science de la santé basée sur des principes naturels, dont le jeûne. Ce système fut par la suite baptisé «Hygiène naturelle» - ou «Système hygiéniste» -, auquel adhérèrent d’éminents praticiens, particulièrement le docteur Herbert M. Shelton (1895-1985) - qui publia à ce sujet un best-seller (Living Life to Live it Longer), dont le pacifiste indien et grand jeûneur devant l’Eternel, Mahatma Ghandi, révéla s’en être beaucoup inspiré. Chiropraticien et naturopathe, reconnu comme le père de l’Ecole hygiéniste, il élabora un protocole de traitement basé sur un jeûne strict : un repos physiologique complet, se sustentant exclusivement d’eau, à la manière des anciens philosophes, qui «aiguisaient» ainsi leur esprit !
L’origine du jeûne se perd dans la nuit des temps. Il semble intégré à la vie ; programmé dans le patrimoine génétique des êtres vivants, comme moyen de d’auto-régénération. Il se déclenche spontanément chez les végétaux (en période hivernale), instinctivement chez les animaux (en période d’hibernation, en cas de maladie ou de blessure) et de propos délibéré chez l’homme (se soumettant volontiers aux prescriptions divines – cf. le Ramadan, 4e pilier de l’Islam). Les applications thérapeutiques du jeûne ont été pendant longtemps perdues de vue. Lors de son accomplissement absolu, caractérisé par une suspension totale de l’alimentation, le sujet ne consommant que de l’eau pure, pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines (cf. celui des curistes, naturopathes et hygiénistes), le jeûne apparaît comme un des grands secrets d’autodiscipline purificatrice et régénératrice que le Tout Puissant, dans sa Miséricorde infinie, a mis à la disposition des hommes, dans leur marche irréversible vers l’Absolu.
Il est heureux qu’à notre époque les progrès technologiques permettent quasiment de tout vérifier scientifiquement. La pratique du jeûne n’a pas échappé à la règle. Des expériences sur les changements physiologiques et les modifications biochimiques qu’il apporte ont été effectuées, dans de nombreuses unités de médecine et de laboratoires de recherche européens (France, Angleterre, Allemagne, Italie) et américains (Californie, Ohio, Texas, Kentucky)... Et il ressort de ces nombreuses observations cliniques que la fonction ternaire de la cellule, en tant que synthétiseur chimique, énergétique et intelligent, comme par miracle, recouvre sa splendeur et son efficience. Le processus naturel d’autolyse (autodestruction de tissus par leurs propres enzymes), qui se déclenche automatiquement pendant le jeûne, jugule nombre de dysfonctionnements organiques, liés à l’excès alimentaire et à l’accumulation de toxines dans le tube digestif. En favorisant ainsi l’oxydation des métabolites (résidus du processus digestif) dans le sang, le jeûne se révèle comme un moyen souverain de régénération cellulaire, organique, et spirituel. «Jeûnez, afin que vous ayez la santé», avait pourtant proclamé le Prophète Mouhamed, 14 siècles auparavant ! (Recueil de Ibnou Sunny).
Et le Commandeurs des croyants d’ajouter : "C'est un mois dans lequel les ressources du croyant augmentent. Un mois dont le début est Miséricorde, dont le milieu est Pardon et la fin Affranchissement du feu de l'Enfer" (…) "Si les serviteurs d’Allah savaient tous les bienfaits que renferme ce mois béni, ils auraient souhaité qu’il durât toute l’année ! " (Al-Bayhaqi).

Mame Mactar Guèye
Vice-Président Jamra
ongjamra@hotmail.com