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Première urgence : la crise alimentaire


Rédigé par leral.net le Mercredi 2 Mai 2012 à 20:21 | | 0 commentaire(s)|

Première urgence : la crise alimentaire
Et pourtant, l’urgence est là. « Il faut avoir conscience que nous avons des problèmes structurels, martèle l’économiste Moustapha Kasse. 42 % des Sénégalais vivent sous le seuil de pauvreté ; une pauvreté essentiellement rurale et féminine ; le chômage, surtout des jeunes, est une calamité car il touche 49 % des moins de 30 ans. » Tout est dit, et Macky Sall le reconnaissait lui-même dans son programme en énonçant « les jeunes, les femmes, le monde rural, trois groupes qui ressentent les injustices sociales ».



Pour les premiers, le chef de l’Etat répète à l’envi sa volonté de créer 500 000 emplois. « Irréaliste sur un mandat, juge Fadel Barro, porte-parole de Y’en a marre, mouvement à la pointe de la contestation contre Wade. Mais il ne faut pas lui enlever l’ambition et la concertation, deux choses qui manquaient cruellement à Wade. Il faut d’abord que Macky Sall crée un climat de confiance entre les jeunes, les autorités et les bailleurs de fonds. Nous serons à ses côtés, mais nous

serons des sentinelles. »



L’ex-fils spirituel de Wade se sait attendu par toute l’opposition politique et civile, qui avait scellé une union sacrée sans précédent pour son élection voilà un mois. Une large victoire de plus de 65 % des voix qu’il doit davantage à ce front anti-Wade qu’à un véritable rassemblement autour de sa personne. « Macky s’est engagé auprès d’un grand nombre d’acteurs, relève Alioune Tine, porte-parole de la Raddho, acteur de la coalition du M23. Il a promis de mettre en place la plupart des conclusions des Assises nationales (rassemblement de toute l’opposition autour de propositions après un an de consultations entre juin 2008 et mai 2009 - ndlr) et les propositions du Mouvement du 23-Juin. Il se présente comme un président réformateur, et il lui faut régler ces urgences sociales que sont les banlieues et les paysans, deux problématiques très liées. » Dakar en est la cruelle illustration : capitale représentant 0,3 % du territoire mais un quart de la population.



« Ce sont des bombes sociales si rien n’est fait, prévient Cheikh Oumar Ba, directeur de l’ONG

Initiative Prospective agricole et rurale. Près de 60 % de la population vit en zone rurale et pourtant la production se trouve dans les villes. D’où l’exode rural dans les périphéries. Il faut sortir de ce cycle infernal, où pendant douze ans, les gouvernements successifs n’ont jamais relié les bassins de production à des bassins de consommation. »



D’où cette deuxième petite révolution si elle a lieu : Macky Sall propose dans son programme de

mettre en place six pôles régionaux de développement économique. Une première. « Mais la véritable révolution viendra de la réforme du foncier en permettant à des centaines de milliers de personnes d’acheter et vendre leurs terres, assure Cheikh Oumar Ba. Macky Sall promet de sécuriser 400 000 exploitations agricoles, pour qu’à terme les paysans deviennent des agriculteurs. »



« Macky Sall a de bonnes idées, encore faut-il les mettre en place, analyse Khady Gadiaga à la tête d’une plateforme militante impliquant des Sénégalaises. L’accent doit être mis sur les femmes comme le préconise Macky Sall dans son programme. Car 73 % des personnes travaillant la terre sont des Sénégalaises, et il faut leur permettre d’avoir accès à la terre et aux investissements. Elles ont un rôle crucial. » Mais ces belles intentions risquent de passer encore un peu de temps dans les tiroirs car le monde rural – et par ricochet les banlieues – est d’abord menacé par une crise alimentaire d’envergure. D’après les Nations unies, ce sont près de 800 000 personnes, essentiellement dans le nord, qui se retrouvent sous le coup de la sécheresse. « Il n’y a pas le choix, il faut faire appel à l’aide internationale, ajoute le directeur d’IPAR. Et d’ailleurs le gouvernement chiffre les besoins pour la soudure à 50 milliards de francs CFA. La situation est dramatique car les stocks sont quasi vides avant les prochaines récoltes qui s’annoncent désastreuses. » Signe que l’heure est grave, le gouvernement vient de débloquer plus de 50 millions d’euros pour le monde rural, et plusieurs bailleurs de fonds, appelés en renfort, mettent eux aussi la main à la poche en versant plusieurs dizaines de millions d’euros.



SOURCE:Médiapart.fr