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Près de trois mois après sa nomination, Mohammed Dionne toujours invisible

Entre le président de la République et son Premier ministre, les rôles semblent clairement définis. Tel un scénario de cinéma, chacun tient un rôle. L’émotion et l’indignation étant exclusivement réservées au Président Sall, Mohammed Dionne s’occupe des bureaux.


Rédigé par leral.net le Jeudi 18 Septembre 2014 à 14:00 | | 0 commentaire(s)|

Près de trois mois après sa nomination, Mohammed Dionne toujours invisible
Aminata Touré avait inauguré son règne par le célèbre refrain rendu populaire par les humoristes : « Accélérer la cadence ». Elle avait vite imprimé sa marque. Ainsi, elle avait, dès sa nomination, occupé l’espace politico-médiatique avec ce fameux slogan. Au point de faire de l’ombre au chef de l’Etat. Donc les sbires y voyaient un besoin refoulé de vouloir être calife à la place du calife. Véritable bête de communication, elle tient toujours, malgré sa disgrâce, la dragée haute à son ennemi intime le Président Macky Sall. Ses moindres faits et gestes occupent la « Une » des médias. Même ses silences sont régulièrement commentés et scrutés. Tout le contraire de son successeur. « Mais pourquoi voulez-vous le comparer à Aminata Touré », s’emporte un de ses conseillers joint au téléphone. « C’est un homme qui n’aime pas se mettre au-devant de la scène. C’est le Président Macky Sall qui est élu. Le chef de l’Etat donne des ordres et il exécute », ajoute un membre du gouvernement. « Il y a une communication gouvernementale globale pilotée du Palais par le Secrétariat général à la Communication », explique un autre de ses conseillers pour justifier son attitude. Soit, mais Mohammed Dionne est le symbole même de la discrétion. La preuve sur le terrain, Mohammed Dionne fait office de figurant. Lors de la mort de l’étudiant Bassirou Faye, alors que le chef de l’Etat est absent du territoire national, le Premier ministre dont la mission est de coordonner l’action gouvernementale et de garder la maison brille, en l’absence du président de la République, par son mutisme. Lors du déplacement de la délégation gouvernementale à Diourbel pour présenter les condoléances de l’Etat à la famille de Bassirou Faye, il se met tout à fait en retrait. Il se place derrière Abdoulaye Daouda Diallo, le ministre de l’Intérieur, et Yakham Mbaye, le Secrétaire d’Etat à la Communication, qui assurent l’intérim du chef de l’Etat et qui parlent au nom du gouvernement et du Président Macky Sall.

De retour de son périple qui l’a conduit aux Etats-unis et en France, Macky Sall prend le dossier en main. En effet, à peine a-t-il foulé le sol sénégalais qu’il fait une déclaration à l’aéroport de Dakar. L’air grave, Macky Sall s’engage à faire toute la lumière sur la mort de l’étudiant et à ne protéger personne. Le lendemain, il se rend au chevet des blessés. Quelques jours plus tard, il reçoit au Palais le corps enseignant et les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) et des autres universités.

Dans l’affaire de la fièvre Ebola aussi, le Premier ministre se met totalement à la périphérie, laissant l’espace médiatique au Président et au ministre de la Santé. Et, accessoirement, au Secrétaire d’Etat à la Communication. C’est Macky Sall qui menace de renvoyer ou d’intenter une action en justice contre le jeune guinéen coupable d’avoir « importé » l’épidémie dans le pays. « Le Premier ministre est concentré sur le Pse. Il travaille pour l’émergence du Sénégal », ajoute son conseiller. Mais, à la lumière de ces deux événements, il faut se faire une raison. Entre le président de la République et son Premier ministre, les rôles sont clairement définis, comme dans un scénario de cinéma. L’émotion et l’indignation sont exclusivement réservées au président de la République. Le Premier ministre, Mohammed Dionne, qui incarne l’anti-Aminata Touré en matière de communication, a compris qu’il doit faire profil bas pour ne pas gêner son patron et surtout éviter une « dualité au sommet de l’Etat ». C’est le prix à payer s’il veut durer à son poste, car c’est cette dualité réelle ou supposée qui a emporté son prédécesseur.

En tous les cas, son attitude rappelle bien celle d’un certain Abdou Diouf. Placide et constamment à l’ombre de son patron, Léopold Sédar Senghor, Diouf a toujours su s’effacer. Une inexistence qui sera payante vu que le Président-poète n’hésita pas à lui léguer les rênes du pouvoir. L’histoire va-t-elle bégayer ?

Walf Quotidien

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