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Procès Hissein Habré : Zakaria Fadoul Kitir, seul rescapé des 7 frères Fadoul arrêtés par Habré, témoigne

Le procès de l’ancien chef d’État tchadien, Hissein Habré, se poursuit à la salle 04 du Palais de justice de Dakar. Ce jeudi, c'est Zakaria Fadoul Kitir qui était à la barre. L'ancien chef de Département des lettres et linguistiques à l’université de N’Djamena a fait face aux juges, afin d’apporter son témoignage suite à son arrestation en 1989. Le témoin a également abordé la décimation des Zaghawas et de la famille Fadoul dont il est membre.


Rédigé par leral.net le Vendredi 2 Octobre 2015 à 09:02 | | 0 commentaire(s)|

Arrêté le 26 avril 1989 alors qu’il était dans son bureau, sis à N’Djaména, avec un étudiant, Zakaria Fadoul Kitir a fait face aux juges des Chambres africaines extraordinaires (Cae), ce jeudi, afin d’apporter son témoignage sur les raisons de son interpellation et celle des frères Fadoul. Le professeur de Linguistique a estimé que son arrestation n’est pas une coïncidence puisque certains proches de sa famille avaient des problèmes avec Hissein Habré, notamment son beau-frère, Hassane Djamous, Idriss Déby Itno qui est un parent, et son frère Sidiki, qui était un responsable du Gouvernement d’union nationale de transition (Gunt) à N’Djamena.

A la barre, il a déroulé le film de son arrestation. « Un agent de la Dds est venu me chercher pour me demander de répondre Procureur. Arrivé, dans les locaux, ce dernier me demanda d’attendre, il est allé chercher le directeur de l’époque, Guihini Koreï. Quand je suis rentré dans le bureau, M. Zagreb m’a demandé de quelle ethnie je suis. C’est alors que Guihini Koreï a interrompu sa prière pour me demander de quel groupe je faisais partie. Je lui ai répondu que je suis un Zaghawas. Il m’a demandé si j’étais apparenté à Hassane Djamous. Je lui ai répondu qu’il était mon beau-frère », explique Zakaria Fadoul Kitir aux Cae. Il a également indiqué qu’il a passé 15 jours dans la cellule 4 de la prison « la Piscine ». Toutefois, précise-t-il, il n’a pas été torturé durant ses quinze jours d’incarcération. « Physiquement, je n’ai pas été torturé. Mais, il y avait trop de chaleur dans la cellule n° 4 de La Piscine et la nourriture n’était pas bonne. On se demandait même si la chaleur n’était pas envoyée de l’extérieur des cellules », témoigne-t-il.

Parlant de sa libération, M. Fadoul Kitir informe aux Cae qu’il y a eu l’intervention de la France, des Etats-Unis et d’un cousin germain, conseiller spécial de Hissein Habré qui ont plaidé en sa faveur. « Lorsqu’il est venu me chercher pour m’accompagner, l’agent de la Dds m’a dit : "Vous êtes libre", je lui ai dit très bien. Il m’a dit que je n’ai rien vu, ni rien entendu après 10 jours de détentions. Mais, lorsque je lui ai dit que nous étions 7 frères à être arrêtés et que les autres étaient à l’intérieur de la prison. Il m’a dit que tu n’as pas compris. Il m’a remis dans la cellule pour 5 jours de plus », relate-t-il. Et le témoin d'ajouter qu’il reste la seule personne de sa famille à sortir de la prison. Il a alors indiqué au juge Kam que l’arrestation des membres de sa famille se faisaient de façon systématique. En outre, 46 personnes, membres proches de sa famille, ont été arrêtées. Pis, plus de 200 membres de la famille Fadoul ont été arrêté par les agents de la Dds.

A l'en croire, la répression contre les Zaghawas a commencé en 1989. On a commencé par arrêter les officiers Zaghawas. Le Comchef d’alors, Hassane Djamous, n’était pas d’accord avec cette chasse ethnique : "Quand on vous arrête, on chasse votre famille dans la maison et la maison est pillée".

Fara Mendy