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Procès Karim Wade : Comment l’Apr compte éviter un camouflet

Le président de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), Henry Grégoire Diop, a invité, mercredi, les avocats de la défense et leurs confrères de la partie civile à ‘’éviter autant que possible les attaques personnelles à l’audience’’.


Rédigé par leral.net le Mardi 12 Août 2014 à 20:58 | | 12 commentaire(s)|

Procès Karim Wade : Comment l’Apr compte éviter un camouflet
La reprise du procès de Karim Wade risque de se faire avec beaucoup de surprises. Le Parti démocratique sénégalais (Pds) et l’Alliance pour la République affûtent leurs armes politiques, pour pouvoir s’adapter à la décision que pendra la Cour, le 18 Août prochain.

On aura beau chercher à le démentir, beau vouloir éloigner la politique du procès de Karim Wade, mais le constat est là : l’affaire prend des relents politiciens. Et les différents états-majors politiques de l’Alliance pour la République et du Parti démocratique sénégalais (Pds) sont dans les dispositions d’apporter une réponse politique à l’affaire. Abdou Mbow, responsable de l’Alliance pour la République (Apr), dénonçait la politisation de l’affaire par le Pds, alors que le parti de Me Wade parlait de mascarade judiciaire. Et Oumar Sarr, coordonnateur du Pds enfonçait le clou en disant dans un entretien accordé à L’Observateur du week-end dernier: «Il n’y a pas encore eu de révélations importantes dans le procès de Karim Wade, on va aller plus loin.» Plus loin politiquement ?

Après la suspension du procès jusqu’au 18 Août prochain, une source renseigne que des deux côtés, les réunions s’enchaînent. Et déjà, on spécule sur la probable décision des juges de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) quant à la possibilité de cette Cour à pouvoir juger Karim Wade. Une exception soulevée par les avocats de Karim Wade. «Si les magistrats se réunissent au grand jour dans les locaux de la Crei en ayant à l’ordre du jour d’examiner les exceptions soulevées, jusqu’ici dans la forme, parmi les principales parties au procès, les politiques eux font dans la discrétion la plus totale lorsqu’il s’agit d’entrevue», souffle-t-on.

REUNIONS AU PALAIS : Au palais de la République où le maître des lieux clame toujours l’effectivité de la séparation des pouvoirs institutionnels, les réunions de responsables de l’Alliance pour la République (Apr) s’y réunissent, sur instruction du Président Macky Sall. «Certains cadres de l’élite de la formation politique du président de la République se sont retrouvés sur instruction de leur président, pour non seulement procéder à l’évaluation du procès sous un angle politique après sa première semaine, mais aussi pour débattre des évolutions futures dudit procès, selon que la Cour se déclare compétente à juger l’affaire dite Karim Wade ou qu’elle accède à la requête de la défense et demande au parquet spécial d’aller mieux se pourvoir», rapporte notre source. Au Palais de la République, on sait que cette dernière éventualité aurait des conséquences politiques négatives et indéniables sur le reste du mandat présidentiel en cours. «Nous en sommes conscients car l’opinion publique, du fait d’une très mauvaise communication de notre camp politique et principalement de la cellule de communication de la présidence de la République a fini de faire un link solide entre la tenue du présent procès et la crédibilité du chef de l’Etat qui a ressuscité la Crei», souffle un haut responsable de l’Apr. Qui poursuit : «C’est notre avenir politique à la tête de la Magistrature suprême qui est en jeu. C’est pourquoi, nous tenons à monter au créneau pour que nos compatriotes soient mieux informés des efforts du Président et que la tendance de certaines croyances soit renversée. Le Président n’a rien à voir directement dans ce procès, c’est une affaire judiciaire.»

LES DPG RESSUSCITES : Les plans sont d’ores et déjà concoctés, et une projection sur le jour du prononcé de la décision de la Cour déjà faite. Quoique optimiste, la confiance de ces hauts responsables de l’Apr laisse parfois place au doute et à l’appréhension. «Et si la Cour se déclarait incompétente ?», se dit-on tout en refusant de croire à l’éventualité pourtant têtue dans les esprits. Se refusant toute surprise désagréable, une stratégie est en gestation. «Les proches du Président Sall sont en train de voir quel plan de communication développer dans l’un et l’autre cas. Ils sont en train de solliciter des éclairages du côté des avocats de la défense.» C’est ainsi que l’idée des débatteurs pour le gouvernement (DPG) naguère agitée par l’ancien Premier ministre Mimi Touré peu après sa mémorable Déclaration de politique générale devant la représentation nationale en Octobre 2013 a été remise au goût du jour. Notre source renseigne qu’il est question de remettre en selle tous les «boucliers» du régime actuel, aussi bien au niveau de l’Apr que chez les alliés et partenaires politiques non affiliés à la coalition présidentielle majoritaire.

PISTES DE RECHANGE : Le Parti démocratique sénégalais (Pds) n’est pas en reste, les avocats de la défense non plus. Avec le cabinet de Me Wade, ils peaufinent des plans de combat pour faire face à Macky Sall et à la Crei. «Des sommités du parti cogitent sur la conduite à tenir, sous un angle de considérations purement politiques de l’affaire Karim Wade, et ce relativement au verdict qui sera celui de la Crei le 18 Août prochain après examen de l’exception d’incompétence soulevée par la défense. Les avocats de la défense ont été, selon notre source, les premiers à se concerter après le renvoi. «Bien qu’optimistes quant à l’issue heureuse de leur requête à voir la Crei se déclarer incompétente, Me Ciré Clédor Ly et Cie n’en continuent pas moins d’explorer d’autres voies de règlement pour tirer leur client des griffes de la juridiction spéciale qui l’a placé en détention préventive.»

Notre source informe que les conseils de l’Etat du Sénégal sont aussi dans l’expectative, mais s’évertuent à trouver les pistes qu’ils vont explorer dès que la décision de la Cour sera rendue publique. Le combat s’annonce d’ores et déjà rude entre les deux formations politiques qui ont fini de transformer le procès de Karim Wade en une chose purement politique.

L'Observateur