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Procès de Hissein Habré : Dialogue de sourds à la barre

Le témoin Abakar Adoum a eu du mal à éclairer la lanterne de la défense qui voulait en savoir plus sur ce qu’il a vu ou vécu lors de sa détention qui a duré 8 mois sous le règne de Hissein Habré. Les interventions du président de la Chambre n’ont servi à rien.


Rédigé par leral.net le Lundi 19 Octobre 2015 à 14:05 | | 0 commentaire(s)|

Les avocats de la défense et le Président des Chambres africaines extraordinaires ont eu du pain sur la planche, ce matin, avec la déposition du témoin Abakar Adoum. Cet enseignant, qui dit avoir été arrêté par le sous-préfet et des agents de la Dds, le samedi 21 avril 1990, dans son village qui se situe à 700 km de la capitale tchadienne, avant d’être transféré à Ndjamena, avait du mal à répondre aux questions de ces derniers. A l’entame de sa déposition, il à commencé à dire à M. Kam : « Je vous entends difficilement et c’est pour cela que j’ai besoin d’un traducteur », mais ce dernier le rassure : « Je vais leur demander de poser les questions à haute et intelligible voix pour que vous puissiez comprendre ».

Mais cette assurance n’a pas servi à grand-chose. Et c’est un véritable dialogue de sourds, quand les avocats de la défense ont voulu avoir plus d’explications sur des points qui figurent au niveau du Pv qu’il avait signé. Me Mbaye Sène, qui voulait savoir si ce dernier a été entendu par un juge du 4ème cabinet, près le tribunal de Ndjamena, a eu comme réponse : « Je ne sais pas, j’habite à 700 km de Ndjamena et ce qui se passe là-bas, je ne le sais pas ». L’avocat, qui tenait à avoir une réponse, a voulu se déplacer : « Est-ce que je ne vais pas me mettre de l’autre coté, parce qu’il parait que c’est cette oreille qui a des problèmes », lui a-t-il dit en lui montrant le Pv pour lui demander s’il reconnaissait sa signature : « Je ne me rappelle pas », répond le témoin qui dit avoir été « soupçonné d’être le secrétaire de la rébellion » par les agents de la Dds. Même l’intervention de Me Jacqueline Moudeina de la partie civile, qui a reformulé la question, n’y a rien changé. « Je n’ai pas entendu, je n‘étais pas à la gendarmerie », a-t-il soutenu mordicus.

L’avocat était obligé de laisser tomber cette question pour aborder une autre, et là aussi, c’est peine perdue, puisque que le témoin fait dans les digressions. Chose qui a fait rigoler toute la salle. « Ce n’est pas la peine de faire semblant ou de tourner autour de la question. Ces avocats sont de la défense et ils sont commis pour aider à la manifestation de la vérité, vous devez relater de manière juste et précise, vous êtes là pour aider à comprendre », essaie de raisonner le président de la Chambre. L’avocat lui demande d’être simple et précis dans ses questions ; mais cette tentative du Président n’a rien pu changer : « Vous voyez que j’ai parlé un français facile , n’oubliez pas que je parle à un enseignant ; à un intellectuel », fait remarquer l’avocat qui lance dépité : « Il a pourtant répondu à toutes les questions de la Chambre, du Parquet et de la partie civile », souligne-t-il.

Mariama Kobar Saleh