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Procès du Carlton: DSK poursuivi pour proxénétisme, 4 ans après le Sofitel

Rédigé par leral.net le Mardi 3 Février 2015 à 00:27 | | 0 commentaire(s)|

Procès du Carlton: DSK poursuivi pour proxénétisme, 4 ans après le Sofitel
Près de quatre ans après le scandale sexuel du Sofitel qui avait brisé net sa carrière politique, Dominique Strauss-Kahn s'est retrouvé lundi sur le banc des prévenus, accusé de proxénétisme aggravé, aux côtés de 13 autres personnes au premier jour du procès de l'affaire dite du Carlton de Lille.
L'ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI), longtemps favori des sondages en vue de la présidentielle 2012 avant sa chute faustienne à New York devant les caméras du monde entier, est soupçonné cette fois non plus de viol mais d'avoir été au coeur d'un réseau de prostitution mis en place par ses amis du Nord.
M. Strauss-Kahn, qui a répondu à quelques questions du tribunal dès lundi, a comparu en compagnie d'un hôtelier, d'un policier, d'un avocat et d'entrepreneurs, ainsi que du médiatique "Dodo la Saumure", tenancier revendiqué d'établissements "de plaisir" en Belgique.
Au terme de ce procès qui doit durer au moins trois semaines, DSK encourt jusqu'à 10 ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende, alors que le parquet, durant l'instruction, avait requis le non-lieu en ce qui le concerne.
- 'Le roi de la fête' -
Pour l'accusation, Dominique Strauss-Kahn, 65 ans, était "le roi de la fête" des nombreuses parties fines organisées avec des prostituées dans le Nord mais aussi à Paris, ou même, à trois reprises, à Washington, alors qu'il était encore à la tête du FMI.
Pour sa défense, DSK, tout en admettant être adepte du libertinage, a toujours affirmé avoir ignoré la qualité des jeunes femmes participant aux soirées.
Pendant l'audience inaugurale, l'ancien ministre socialiste, costume et mine sombres, a tenté de se détendre en discutant avec son ami de soirée et voisin sur le banc des prévenus, Fabrice Paszkowski, lorsqu'il ne pianotait pas sur son smartphone.
Ouverte peu après 14H00 par le président du tribunal, Bernard Lemaire, devant une salle comble où figuraient nombre de journalistes de la presse nationale et internationale, la première journée de ce procès s'est achevée cinq heures plus tard. Entre-temps, les juges avaient écarté tous les obstacles de procédure pour pouvoir entamer le débat de fond.
Se fondant sur les déclarations d'un ancien commissaire de la police judiciaire de Lille, Joël Specque, dans un livre autobiographique, Me Olivier Bluche, avocat du policier Jean-Christophe Lagarde, a déposé une requête en nullité, estimant qu'une enquête "officieuse" avait été menée dès juin 2010, bien avant l'ouverture de l'enquête préliminaire en février 2011.
"La nullité s'impose dans ce dossier" car "on a enterré la possibilité pour M. Lagarde d'avoir un procès équitable", a clamé lors de l'audience Me Bluche, suivi par nombre de ses confrères de la défense.
-DSK brièvement à la barre -
Le tribunal s'est retiré pour délibérer brièvement, avant de décider de joindre au fond sa décision sur ce point et donc de rentrer dans le vif du sujet.
Auparavant, l'avocat d'anciennes prostituées qui se sont portées parties civiles, avait demandé le huis clos, rejeté par la cour.
"Le tribunal n'est pas le gardien de l'ordre moral mais celui du droit et de sa bonne application", a déclaré Bernard Lemaire, président du tribunal, en préambule, s'inscrivant d'emblée en faux par rapport à la thèse développée par certains avocats de la défense, au premier rang desquels ceux de DSK.
Lors de son renvoi devant le tribunal correctionnel, l'un de ses conseils, Richard Malka, avait parlé d'un "acharnement" des juges, fondé sur la morale plutôt que sur le droit.
Lundi soir, le tribunal a commencé à s'intéresser à la manière dont les prévenus se sont connus et rencontrés et appelé pour la première fois DSK à la barre : Est-ce que vous connaissez M. Alderweireld (nom de famille de Dodo la saumure) Dodo ou M. Kojfer? (René Kojfer, chargé des relations publiques du Carlton et personnage central de l'affaire)?". "Non monsieur le président, je les ai vus pour la première fois aujourd'hui", a répondu fermement l'ancien patron du FMI.
Après quelques autres questions, le président lui dit : "On en reparlera la semaine prochaine". "Bien sûr", répond DSK, sobrement, avant de se rasseoir. Son témoignage n'est pas prévu avant le 11 février.
L'affaire remonte à février 2011, alors que la police judiciaire de Lille ouvre une enquête préliminaire sur les fréquentations de deux hôtels de luxe de Lille, dont le Carlton. Moins de deux mois plus tard, une information judiciaire est ouverte.
Mardi, le tribunal s'intéressera au "groupe des hôteliers" et notamment à René Kojfer, qualifié de "plus petit dénominateur commun" du dossier, par le président du tribunal.
La surveillance mise en place autour de lui a permis aux enquêteurs de remonter un réseau de notables rencontrant des filles mises à leur disposition, et de tomber fortuitement sur le nom de Dominique Strauss-Kahn.