Leral.net - S'informer en temps réel

Que devrons-nous faire des Confréries ? Par Thierno SD Niang

Rédigé par leral.net le Mardi 21 Juin 2016 à 10:52 | | 0 commentaire(s)|

Le charme de ce Pays apparaît aussi dans le Modèle d’inclusion qui est le fil d’Ariane nous unissant depuis toujours. Nous avons su éviter les excentricités et autres démesures nourries par des causes ethnicistes et/ou religieuses fallacieuses qui ont décimé des peuples ailleurs. Naguère des hommes lanternés ont tracé des voies d’initiation, invitant des millions d’aspirants à s’y engouffrer pour trouver le Salut.

La raison qui a présidé l’invite de ces hommes exceptionnels fut de nous embarquer vers un meilleur devenir. Aujourd’hui, force est de reconnaître, célébrer, voire perpétuer l’œuvre de ces illustres êtres qui ont fait de notre Patrie un havre de Paix, en créant le juste mixte autrement dit en prônant un Islam confrérique soufi qui rassemble et décloisonne.

Chemin faisant, le Monde marche et le Prophète mieux averti que quiconque annonçait, à la fin de sa Mission, un défilé incessant de vicaires pour restituer à la Religion sa clarté initiale. Dès lors, nous sommes à un moment crucial de notre marche et nous devons nous interroger, sans complaisance, de l’impact confrérique sur notre société particulièrement.

Sommes-nous restés cramponnés à l’extase à la transe ? Choisirons-nous de lever les yeux du doigt et de scruter l’horizon de rêves vers lequel ils ont pointé leur index, à notre grand bonheur ?

Il s’agit de déterminer dès à présent le Modèle de société que nous voulons bâtir inspirés par nos valeurs cardinales dans lequel l’apport confrérique est bien entendu déterminant si et seulement si en s’y référant, nous ne trahissons par la visée orthodoxe des inspirateurs. Cependant, ces hommes dépositaires d’une voix autorisée, parce que respectés et admirés par la Majorité, sont appelés à prendre leur responsabilité et à s’engager désormais pour orienter la trajectoire de notre Nation. Ils doivent quitter leur zone de confort d’où leur parviennent des informations parfois édulcorées, servies par des sbires qui veillent scrupuleusement à leurs propres intérêts. C'est-à-dire s’enfler des évidences qui chevillent la destinée quotidienne des milliers d’hommes et de femmes qui leur ont prêté allégeance. Les questions qui sapent notre évolution sont nombreuses et souvent quand la prise de parole provient de ces « isolés » de la société c’est pour ordonner « le retour vers les rangs », ceci est salutaire et cette attitude devrait prévaloir, pour perpétuer la cohésion sociale. Toutefois, la meilleure option serait une action en amont qui leur ôterait leur tenue de sapeurs ou d’urgentistes, précisément qu’ils leur fait adopter une démarche préventive. L’actuel khalife général des tidianes dénonçait, il y a quelques années, le danger de s’agripper à l’archaïsme et dans cette dynamique, les guides religieux sont invités à s’imprégner des enjeux de l’heure. Cela devient fondamental de comprendre les codes qui régentent la société, d’avoir une perception plus nette des politiques publiques de Développement pour assurer la bonne guidance des masses. La religion est un Projet de société pas uniquement une idéologie, elle doit charrier le bien-être social autant que spirituel. Malheureusement cette jeunesse désarçonnée y puise sans aucune raison valable un fatalisme alors que le Principe directeur de l’Islam c’est l’action, pour s’assurer une vie décente ici-bas. Mais si cette tranche importante de la société continue à patauger dans des conjectures, cherchant la quille salvatrice de ses maux, parce qu’elle a besoin de protection, de support face aux dérives politiciennes, la faute incombe-t-elle aux guides religieux ? Est-ce qu’ils tiennent un discours constructif à ces jeunes, les invitant d’abord à prendre en main leur destin au-delà de la passivité et de l’oisiveté ? Est-ce qu’ils sont fermes avec les politiciens mus juste par leur poids électoral ? Il est temps de renverser cette situation, d’attiser l’espoir qui s’apprête à fuguer. Voila un terrain sur lequel les chefs religieux tardent souvent à faire des miracles. Et pourtant, ils détiennent une influence grande et légitime que la collusion continue avec les politiciens peut remettre en cause. Si ce fil ténu (la confiance du Peuple ) qui est en contraste avec votre supposé statut de « citoyen ordinaire », comme d’aucuns vous qualifient, est rompu, nous pourrons assister à l’éboulement des piliers de notre Edifice. Le Sénégal a tous les atouts pour décoller, l’implication des guides religieux est plus que nécessaire mais dans une approche transparente, citoyenne qui restituera l’espérance des majorités silencieuses qui maugréent sous le préau de leur vulnérabilité, un abandon des remparts moraux.

La Culture demeure notre richesse, le patrimoine spirituel est un pan à exciper car il fait notre particularité et favorise l’attraction envers notre Pays qui doit être couvert d’un manteau de sérénité pour relever avec lucidité les challenges à venir notamment l’exploitation de ses richesses naturelles… une Confrérie citoyenne serait un gage de cette sécurité.

Thierno SD NIANG
Juriste-Auteur