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Quelles solutions pour l’emploi des jeunes ?

Le Premier ministre, Mme Aminata Touré, a présidé l’autre samedi, à Dakar, l’ouverture de la conférence internationale sur « L’emploi des jeunes en Afrique subsaharienne ». Cette rencontre, qui se voulait un forum de réflexion, d’échanges et de mise en commun des expériences, était organisée par le Centre de recherches pour le développement international (Crdi), un organisme canadien, en collaboration avec le Partenariat en politiques économiques (Pep). Pendant trois jours, du 28 au 30 janvier, les participants ont examiné les défis et évalué les besoins, en ce qui concerne la connaissance de la dynamique du marché du travail en Afrique ainsi que pour mener une étude critique des pratiques et stratégies adoptées pour l’emploi des jeunes.


Rédigé par leral.net le Jeudi 13 Février 2014 à 21:57 | | 0 commentaire(s)|

Quelles solutions pour  l’emploi des jeunes ?
Même si un grand nombre d’économies connaissant la plus forte croissance au monde se trouvent en Afrique, le chômage persiste encore et toujours en Afrique subsaharienne où trois chômeurs sur cinq sont des jeunes. Les initiatives passées et actuelles visant à stimuler l’entrepreneuriat chez les jeunes n’ont pas eu, à ce jour, les résultats escomptés. En effet, les jeunes de 15 à 35 ans constituent environ 37 % de la population active en Afrique. Pis, des statistiques montrent que les jeunes sont trois fois plus susceptibles d’être au chômage que les adultes.

Des chiffres loin d’être exhaustifs puisque autorités et organismes disposent de peu de connaissances sur les facteurs qui influent sur le marché du travail tels que l’offre et la demande. Dans le cas du Sénégal, la situation est caractérisée par une démographie galopante et une structure de la population fortement dominée par la composante jeunesse, mais aussi un taux de chômage des jeunes socialement et économiquement « inacceptable ».

Dans notre pays, selon l’enquête de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) de 2011, « le taux de chômage des jeunes actifs âgés de 15 à 24 ans était de 12,2 %. Les jeunes femmes, plus touchées, représentent à l’échelle nationale 71 % des chômeurs. Le niveau de sous-emploi est également préoccupant puisqu’il a atteint 22 % chez les jeunes hommes et 33 % chez les jeunes femmes ». En cette ère de mondialisation marquée par une crise financière et économique, les pays africains doivent, malgré tout, faire face et relever d’importants défis, à l’instar de tous les autres pays du monde.

Cela est d’autant plus urgent que le chômage, notamment celui des jeunes, favorise les inégalités et l’exclusion sociale et, en conséquence, aggrave l’insécurité et les troubles socio-économiques. C’est pourquoi, a dit le Premier ministre, « la conférence internationale sur l’emploi des jeunes en Afrique Subsaharienne arrive à point nommé. Elle se tient quelques jours seulement après la tenue du quatrième Sommet du leadership panafricain de la jeunesse à Dakar, ce qui semble traduire l’engagement du chef de l’État de faire de l’emploi des jeunes une priorité de premier plan ».

Citant le président de la République, le chef du gouvernement a estimé que « la forte recherche de l’emploi au Sénégal est une quête légitime et pressante ». A en croire l’oratrice, « la prise en charge de cette question, à la fois difficile et lancinante, consiste d’abord en la mobilisation et la mise en commun de toutes les ressources disponibles pour la connaissance du marché du travail dans toutes ses dimensions ». D’où la tenue du forum qui a réuni chercheurs, décideurs et praticiens. Lesquels ont réfléchi pendant trois jours sur des mécanismes à mettre en place pour résorber le chômage des jeunes autour du thème « mettre les jeunes au travail par la recherche et la pratique ».

Il s’agissait pour toutes ces sommités et autorités d’élaborer un agenda de recherche pertinent basé sur les réalités locales, a expliqué Flaubert Mbiekop, administrateur de programmes politique, social et économique au Crdi. Dans leurs présentations, les conférenciers ont procédé à un « examen critique des programmes actuels et autres initiatives politiques touchant à l’emploi des jeunes en Afrique ». De même, ils ont jeté «un nouveau regard sur l’importance des politiques publiques basées sur des faits empiriquement documentés par une recherche locale de qualité ».

Philippe Beaulne, ambassadeur du Canada à Dakar, a pour sa part salué l’initiative en soulignant que l’augmentation du taux de croissance économique des pays africains ne pourra se maintenir que si tout le monde y contribue. Quant à Seydou Sissouma, commissaire au développement humain de l’Uemoa, il a soutenu que la réduction du taux de chômage des jeunes nécessite de « l’audace, de l’imagination et de la créativité ». Un point de vie apparemment partagé par le directeur des recherches de l’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar), Ibrahima Hatie. Ce dernier estime que « la croissance notée dans l’économie ne se répercute pas sur le taux de chômage ». Et d’expliquer que « les secteurs qui portent cette croissance ne sont toujours pas pourvoyeurs d’emplois ».

Il faudrait plutôt, à l’en croire, préparer les jeunes en misant sur la formation et l’apprentissage et en mettant en place des mécanismes de financements qui leur permettent de se lancer. A preuve, le secteur informel qui compte 90 % des jeunes actifs est dominé par des activités de subsistance. Aminata Touré préconise, pour sa part, d’« anticiper l’action publique par des analyses pertinentes en phase avec nos réalités locales ». Devant un taux d’insertion « anormalement bas » de diplômés, le chef du gouvernement appelle à « mieux cerner les goulots d’étranglement dans cette transition du système éducatif vers le marché du travail, tout en dégageant des pistes d’actions spécifiques à chaque segment du marché ».

Les conclusions de cette conférence devraient aider les Etats africains à diminuer de 2 %, chaque année, le taux de chômage des femmes et des jeunes au cours des cinq prochaines années comme stipulé dans le plan d’action de la décennie des jeunes 2009-2018.

Maïmouna Faye

ARTICLE PARU DANS « LE TEMOIN » N°1152 - HEBDOMADAIRE SENEGALAIS / FEVRIER 2014