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RADIOSCOPIE D’UN FOOTBALL MALADE

Rédigé par leral.net le Mardi 2 Avril 2013 à 12:05 | | 0 commentaire(s)|

Que de revers pour le football sénégalais ! Ce Samedi 23 mars 13, pour la énième fois, le Sénégal s’est encore illustré piteusement sur un terrain de football africain. Rien d’étonnant et affligeant pour qui sait faire une lecture objective de la situation. Que le Sénégal ne remporte pas un match contre une modeste équipe de l’Angola, pourtant amputée de ses cadres dont la star Manucho, ne nous surprend guère ; on ne doit pas crier au scandale. Que le Sénégal se qualifie pour le Mondial au Brésil relèverait du pur grand hasard ; éliminé de ces joutes mondiales, on l’aura tout simplement mérité !


En effet, quand un pays ne dispose pas dans son territoire d’un minimum d’infrastructures sportives (même pas deux terrains de football aux normes, homologués par la FIFA), il ne mérite pas de représenter le continent en coupe du monde de football. De même quand l’élite du football sénégalais se fait régulièrement humiliée ces dernières années par les clubs gambiens (avec tout le respect que nous vouons au football gambien) en phase préliminaire des coupes d’Afrique de clubs, la raison recommande de ne nourrir aucun espoir pour ce football.
La réalité est que le football sénégalais est malade, très mal en point même.

La faute à un manque de travail, de discipline et de rigueur.

Je ne crois pas au miracle dans le sport, ni aux générations spontanées.En 1984, après avoir organisé et perdu la coupe d’Afrique, le président Houphouët Boigny du haut de sa sagesse prédisait que ses éléphanteaux deviendront des éléphants ; deux années après ils éliminèrent en Egypte la plus belle équipe d’Afrique d’alors (le Sénégal) pour s’imposer rois d’Afrique six années plus tard. Cette équipe victorieuse amenée par Alain Gouaméné, Serge Maguy, Abdoulaye Traoré fut la récompense de tant de labeurs, d’investissements du football ivoirien avec des clubs forts de la dimension de L’ASEC MIMOSA, de l’AFRICA SPORTS d ‘Abidjan.

De même le football égyptien régna incontestablement sur l’Afrique pendant presque une décennie avec une équipe à base essentiellement de joueurs locaux qui vinrent de clubs champions d’Afrique tels Al Ahli du Caire.

La France domina le football mondial, après que L’Olympique de Marseille se soit imposé sur les terrains européens.
Il a fallu attendre l’émergence d’un grand Barcelone , peut être la meilleure équipe de tous les temps , pour voir l’Espagne , pour la première fois de son histoire , trôner seul et indiscutablement sur le football européen et mondial. Il n’y a pas de secret, les nations qui l’ont compris se sont mises depuis au travail avec organisation, méthodes et sans bavardages.
Ce qui inquiète le plus, c’est moins l’absence de résultats que les poussives prestations de notre football depuis les clubs jusqu’à l’équipe nationale A.

Certes notre football n’a encore rien gagné, ni en club, ni en sélection, mais le Sénégal a toujours produit par le passé du jeu avec de talentueux footballeurs.
Il faut remonter à la CAN 2000 pour voir une équipe nationale sénégalaise joueuse avec un vrai projet de jeu ; elle fut le prolongement de la grande équipe de la JEANNE D’ARC du président Omar Seck (paix à son âme) finaliste africaine deux années plus tôt. Finaliste africain en club en 1998, le Sénégal l’a été en équipe nationale 4 ans plus tard.
Depuis , notre football n’a cessé sa descente cruelle aux enfers en se faisant régulièrement éliminée voire humiliée même sur notre propre sol par des équipes très prenables ( Togo , Gambie , Côte d’Ivoire).

L’éclairci nous est venu dernièrement de la sélection olympique qui servit de vitrine au travail abattu par l’institut Diambars
Au-delà des considérations générales (absence de vraie politique sportive donc d’infrastructures, de management …), nous lions les contre- performances de l’équipe première à deux causes principales :

-D’abord l’insuffisance d’engagement des footballeurs

Depuis au moins une décennie, le Sénégal, sur le papier, a toujours présenté l’une des meilleures équipes pour ne pas dire la meilleure en Afrique. Ce qui a semblé un avantage, s’est avéré à l’épreuve des faits, cruel pour notre football. On ne construit pas une équipe compétitive, motivée avec seulement des binationaux qu’on est allé convaincre de porter le maillot national. Même si leurs choix pour la défense des couleurs nationales sont à saluer, il n’empêche qu’il serait judicieux de se demander ce qui les lie réellement et objectivement au pays. L’origine seule ne saurait être une source d’émulation vraie et viable quand on ne connait du pays des ancêtres que l’aéroport, l’hôtel et quelques restaurants et boîtes de nuit ; il faut bien plus pour se surpasser sur un terrain de football. De Surulélé à Conakry en passant par Tamalé, Bata, toujours le Sénégal a dirigé les débats en début de match en menant au score, toujours il s’est fait rejoindre, parfois même laminé. Sans ne rien comprendre, j’ai toujours indexé l’âge assez avancé de nos footballeurs d’alors, aujourd’hui l’explication tient du manque criard d’engagement. Quand on a la possibilité , au sortir d’un match de football ou d’une campagne, de retourner directement chez soi sans passer au Sénégal voire un parent , un proche ou un ami , difficilement on prêtera une attention aux récriminations des supporters et on est moins sensibles aux pleurs et douleurs des nombreux fans du football.

Il faut créer et entretenir une dimension affective à notre football en faisant appel, en plus des binationaux, à d’autres profils que constituent tous ces footballeurs nés et d’abord préparés au pays, profondément imbus et attachés à nos valeurs et traditions locales.

- Ensuite la défaillance technique de nos footballeurs

On ne saurait, à notre avis, entrevoir des succès pour notre football sans s’attaquer à 2 secteurs qui constituent depuis longtemps, techniquement, le maillon faible de l’équipe nationale : la défense et le milieu de terrain.

En défense, l’axe central reste un grand chantier où nous continuons à proposer de grands gabarits qui peinent à contenir efficacement les attaquants adverses. Souvent, nos défenseurs centraux affichent une certaine lourdeur qui les empêche d’anticiper sur les passes et éprouvent de sérieuses difficultés dans les appels en profondeur surtout si nous jouons les équipes anglophones et lusophones très techniques et agiles. Ce secteur a toujours constitué une satisfaction pour notre football avec des défenseurs centraux du profil de Roger Mendy, Moustapha Diagne, Racine Kane etc. ;

Ces même grands gabarits se retrouvent au milieu de terrain. Même si souvent ils sont bons dans la récupération, ils pêchent toujours dans la conservation du ballon et dans sa transmission. Notre football manque terriblement d’un meneur dans le jeu et nos milieux relayeurs sont techniquement limités. Quand on n’est pas capable sur une accélération ou un dribble d’éliminer des adversaires pour apporter le surnombre en attaque, jamais on ne pourra surprendre l’adversaire. C’est ce qui explique que souvent, très souvent même, le Sénégal score sur balle arrêtée.

Une équipe de football, c’est d’abord un équilibre entre les lignes pour former un bloc d’équipe homogène qui va chercher à déséquilibrer l’adversaire.
Il faut pour remédier à ces tares, minutieusement, une vraie politique de détection de talents, de conservation et surtout de formation en fonction des besoins ; vaste programme. Pour cela il faut laisser les dirigeants et équipes techniques travailler dans la durée et arrêter de changer les ministres du sport et les staffs techniques sur un échec de l’équipe fanion. Pour cette dernière, vitrine de notre football, presque tous les footballeurs ont été détectés, encadrés et formés en Europe. Cette situation doit interpeller les autorités du football et surtout la direction technique nationale de football.Il me faudrait un registre pour coucher mes idées sur le football mais je vais m’en arrêter là de peur de paraître davantage impertinent.

Je laisse aux initiés et techniciens le soin de me corriger et d’approfondir la réflexion. Je m’excuse pour mon intrusion dans un domaine qui n’est pas forcément mien mais où je me sens moins mauvais. L’ami du sport que je suis qui y ait grandi et subi des influences au point de lui consacrer sa thèse de doctorat (sujet : « Etude de quelques indicateurs des adaptations de l’organisme à l’effort pendant le jeûne du ramadan »), a seulement voulu apporter ici sa modeste contribution dans un domaine qui lui semble prioritaire pour redresser notre cher Sénégal. L’essentiel dans la vie étant de ne point tomber mais plutôt de se redresser à chaque fois qu’on tombe. Par le sport, on y arrive.Sportivement !





Dr Mamadou Badara Seck,
mamadoubadara@yahoo.fr