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Lundi 22 Février 2016

[REPORTAGE] Dakarflash.com : Au Senegal, l'incivisme et l'indiscipline gagnent du terrain


Cracher en pleine rue, jeter des déchets par la fenêtre de sa voiture, émettre gratuitement des grossièretés, ou encore uriner au bord des trottoirs… Si dans beaucoup de pays ces faits et gestes seraient très sévèrement punis, au Sénégal ils illustrent nos quotidiens. Depuis très longtemps, on se pose fréquemment une question : Comment les sénégalais sont-ils devenus aussi inciviques ? Une simple promenade dans certaines localités de Dakar peut être révélatrice d’actes et d’agissement ahurissants, grossiers et choquants de la part des populations qui en plus de ces comportements irrespectueux font fi d’une indifférence spectaculaire à leurs égards.



Pour parler pertinemment de l’incivisme, il faudrait comprendre à priori la notion de civisme. Le civisme, c’est le respect et l’abnégation à l'égard de ce que nous partageons ensemble et qui est indivisible : notre société et le bien-être de ses locataires. Il est important cependant de distinguer le civisme de la civilité, la vertu privée de celle publique et le respect du savoir-vivre de la conscience politique. De plus, le civisme n’est pas uniquement constitué d’une relation verticale du citoyen à l'égard de l’état, mais également d’une corrélation horizontale entre concitoyens.

Depuis l’apparition des premières civilisations, les sociétés ont toujours été élaborées, structurées et organisées selon des codes et règles bien déterminés permettant aux individus dans leurs différences et diversités de pouvoir y vivre en harmonie et sérénité. Cependant lorsque ces codes et règles fondamentales pour la réussite du principe du vivre ensemble sont bafoués, vilipendés et violés par une bonne partie de la population, la société modèle devient rapidement chimérique. DakarFlash vous fait savoir qu'au Sénégal, le contexte socio-environnemental est profondément touché par une recrudescence des attitudes inciviques et un décalage notoire entre les comportements déviants et la théorie idéale du citoyen informé et actif participant à la construction de la société dans laquelle il vit.

« Aujourd’hui, la jeunesse puise son expérience dans les pulsions de la vie quotidienne et n’acquiert comme base éducative que celle de la rue. »

L’incivisme est un fléau qui évidemment touche toutes les sociétés au monde, il prend ses racines au crépuscule même de la vie de ces dernières. Véritable nécrose se développant au dépend de nos valeurs, de notre culture et de nos mœurs en tant que humains vivant au sein d’une société « civilisée ».

Mais il faut noter que ce degré d’incivisme qu’enregistre notre pays est le stade ultime de la perte intégrale de nos repères sociaux. Nous pouvons retenir comme sources plausibles de cette réalité de choc qui camoufle la beauté de notre belle et merveilleuse société : la faillite de l’éducation ou l’irresponsabilité parfois choquante des parents qui pour une bonne partie abandonnent les enfants à leur propre sort au point qu’ils puisent leur expérience dans les pulsions de la vie quotidienne et n’acquiert comme base éducative que celle de la rue ;

L’abandon de l’éducation religieuse des enfants censée inculquer les valeurs morales et spirituelles fondamentales à l’accomplissement personnel de l’individu et destinée à les former et à les polir dès le plus jeune âge ; La démission des chefs investis de pouvoirs qui refusent de les assumer ou qui les exercent avec faiblesse, laxisme et manque d’autorité et qui ignorent qu’une société non éduquée, impolie, insolente et incivile ne pourrait jamais connaître une quelconque émergence.

« Nous vivons dans un pays où le but est de créer une société civilisée et normée qui est limitée par un certain nombre de restrictions et basée sur des principes respectifs de nos valeurs et traditions. »

L’incivisme se manifeste sous plusieurs formes, ce n’est pas seulement un phénomène de dénégation des valeurs sociales mais aussi politiques, économiques, culturelles, éthiques et déontologiques. La perte des valeurs morales telles que la dignité, l’honneur, l’honnêteté et l’intégrité entrainant une dévalorisation certaine de la qualité du citoyen puise ses sources au sein de cette cuve nationale pleine à craquer d’irrespect, d’arrogance et de cynisme.

Le refus de l’autorité, la tendance à l’agressivité et à la confrontation provoquant des situations conflictuelles familiales et sociales ; le rejet de la conscience professionnelle, le dénie de la responsabilité et le mépris de la morale qui conduisent à toutes les formes de dysfonctionnement et de mauvaise gouvernance à savoir les détournements de deniers publics, la corruption et la fraude sont des conséquences certaines des mauvaises habitudes, attitudes et aptitudes dont l’incivisme constitue la cause fondamentale.

Nous vivons dans un pays où le but est de créer une société civilisée et normée qui est limitée par un certain nombre de restrictions et basée sur des principes respectifs de nos valeurs et traditions. Ainsi, pour forger ce Sénégal dont nous aspirons tous, il faut concevoir la structure du travail depuis le berceau, promouvoir les valeurs morales, culturelles et sociales dans le but d’encadrer la vie dans tous ses aspects. La férocité ne doit plus être l’outil principal d’expression. Nous devons changer de mentalité et travailler à tous les niveaux pour être des citoyens responsables du point de vue de nos devoirs et de nos droits civils, politiques et sociales et capables d’agir et de penser sans ne se nuire ni nuire aux autres.



DakarFlash
( Les News )