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RUPTURES, PLAGIAT OU CONTINUATION DE WADE ?

Rédigé par leral.net le Lundi 1 Octobre 2012 à 02:42 | | 1 commentaire(s)|

Proclamant son intention de traduire la vision du chef de l’Etat, le Premier Ministre Abdoul MBAYE a livré une déclaration de politique générale ovationnée voire plébiscitée par une Assemblée Nationale largement dominée par ses partisans et accusée de plagiat par une opposition à genoux. Ainsi clarifie t-il, enfin dans la foulée, les orientations à mettre en œuvre et le cours politique installé par l’alternance de 2012. S’agit-il d’indications de ruptures ? L’exercice n’a-t-il pas, au contraire, suscité des soupons de mystification, de distorsions ou de continuité du système et subséquemment des maux antérieurement dénoncés. C’est pourquoi, les préconisations du Premier ministre peuvent être examinées dans quelques domaines comme l’économie, les secteurs sociaux, les institutions.


RUPTURES, PLAGIAT OU CONTINUATION DE WADE ?
Convenons, pour commencer, de décrypter de cours politique à l’œuvre au Sénégal et la déclaration de politique générale du Premier ministre en les mettant, quelque peu, en réseau avec des décisions du Président et des argumentaires soutenus par l’opposition parlementaire. Et, dans cette veine, il faut récuser d’entrée de jeu, le revers de main et la morgue que les nouveaux dirigeants opposent aux demandes de concertations des dirigeants du PDS. En effet, la démocratie participative implique la nécessité de larges concertations avec tous les secteurs, les segments sociaux et les partis. Elle comporte aussi le devoir de respect des opinions de la minorité. Le prétexte des décisions unilatérales et arrogantes du PDS au pouvoir n’est pas acceptable.
C’est d’ailleurs le lieu de rappeler qu’en réinstallant le sénat en 2007, le précèdent régime avait procédé de manière unilatérale sans aucune concertation avec les acteurs politiques et sociaux. C’est pourquoi, la suppression du sénat participait des revendications des mouvements sociaux.
Evidemment, dans la controverse actuelle, certains ont plaidé le maintien du sénat comme parachèvement des institutions démocratiques. Et, l’éminent constitutionnaliste Ismaïla Madior FALL, a manifesté sa préférence pour le sénat. Toutefois, on peut soupçonner qu’il nous concèderait que le sénat n’est pas consubstantiel au projet démocratique. Il peut, juste, en être un mode opératoire dans une situation socio-historique précise. Aussi, s’il faut s’inspirer des expériences des autres peuples, il convient d’éviter la copie servile.
De toute façon, les institutions en Afrique et au Sénégal pourraient, d’abord et davantage, s’adosser sur les référents historiques et socio-culturels de leurs peuples. Cela fonde largement la revendication d’une nouvelle constitution comprise, approuvée et mise en œuvre par la plupart des citoyens. Dès lors, se justifie l’engagement des Assises nationales pour la refondation des institutions et l’urgence de larges concertations. En tout cas, les confusions, les hésitations et l’ambivalence de certains discours appellent la clarification des fondamentaux et les ruptures.
En se détournant de leurs engagements, le Président de la république et son gouvernement ne prêchent pas par l’exemplarité et répètent à l’envi des anciennes pratiques.
De la même manière, le système éducatif, question au cœur de la crise de la société sénégalaise, est escamoté par Premier ministre, aussi bien dans le diagnostic que dans les perspectives. Or, celui-ci inspiré ou copié à l’origine sur le modèle des colonisateurs est aujourd’hui gangrené par une corruption massive et évolue dans une parfaite illégalité. Illégalité ? Les nouveaux dirigeants se voilent-ils la face ? Ce n’est pas en occultant une réalité dans une hypocrisie collective que les ruptures seront menées. Même des concertations hâtives et complaisantes entre quelques acteurs ne conduiront nullement aux changements profonds. Trêve d’illusions, un système éducatif dominé par des contre valeurs ne peut pas former des citoyens conscients des enjeux et ancrés dans les valeurs positives. Ainsi, les bases des ruptures n’apparaissent ni dans l’approche des institutions ni dans le système éducatif, ni dans l’élaboration des valeurs. Et dans cette mouvance, les options économiques annoncées répètent essentiellement les vœux et les intentions promis depuis longtemps. En effet, comme ses prédécesseurs, le Premier ministre Mbaye a déclaré l’agriculture comme priorité ou base de développement. C’est pourquoi il dit :
« L’agriculture sera le levier de la relance de l’économie eu égard en son potentiel de croissance et ses effets d’entrainement très importants … »
Evidemment, il fait suivre un descriptif dans lequel il aligne l’agro-industrie, les fermes modernes, les petites parcelles, et s’assigne les objectifs d’autosuffisance alimentaire. Cependant, ne sont pas pris en compte dans ses prévisions les enjeux de protection des productions locales contre la concurrence des produits étrangers surtout contre ceux subventionnés du Nord. Le gouvernement s’engage t-il pour la protection des spéculations locales ? C’est une revendication des mouvements sociaux et cette question interpelle la souveraineté nationale. De la même façon, la politique de la terre n’est pas claire. Pourtant, la terre est un enjeu du troisième millénaire en Afrique et les menaces d’expropriation des populations locales sont patentes. Faut-il oublier l’expérience douloureuse de Fanaye ? Le Premier ministre a-t-il choisi les intérêts des oligarchies financières contre les paysans ? Et d’ailleurs, dans la plupart des secteurs de l’économie envisagés, on s’installe dans la continuation des prédécesseurs et non dans une dynamique de rupture. C’est ainsi que la préférence nationale agitée n’est articulée à aucune démarche autocentrée. C’est pourquoi cet outil de formation et de renforcement du capital privé national est dévoyé. Du reste, cela explique le manque d’intérêt pour l’épargne nationale (ou épargne domestique) en tant que levier pour briser l’encerclement et les conditionnalités des oligarchies financières internationales. Comme si c’est une fatalité, on veut continuer les mêmes politiques que par le passé. Et le paquet proposé par le Premier ministre ramène l’essentiel des programmes d’ajustement structurel. Ce n’est pas étonnant, dès lors, que le Premier ministre ne promet qu’un « endettement intelligent » et oublie la promesse du Président pour l’audit de la dette multilatérale.
En vérité, la lame de fond des orientations préconisées reste la continuation des politiques néolibérales dictées par les oligarchies financières internationales depuis près d’une quarantaine d’années. C’est cette politique déclinée qui fonde l’accusation de plagiat assénée par les tenants de l’ancien régime.
Par ailleurs, comme l’audit de la dette multilatérale, les audits annoncés par le Président Sall sont ignorés. S’est-on désengagé ? Le comité de suivi des audits que le Premier ministre met en place ne va-t-il s’occuper que des audits effectués sous l’ancien régime ?
En définitive, les orientations portées par l’avènement du Président Sall s’affichent nettement et, contrairement, aux promesses et prétentions de rupture, s’affirme la poursuite des options néolibérales déroulées par ses deux prédécesseurs. Ainsi, les potions néolibérales déjà contenues dans les programmes d’ajustement structurel, les DSRP, et la théorie de la croissance accélérée continueront à être administrées au peuple et le profit des oligarchies financières restera le moteur de l’économie. Dès lors, la parcimonie de la satisfaction des besoins des populations précipiterait les luttes sociales et le cas échéant la répression. La démocratie participative sera alors supplantée par un système clientéliste qui, après avoir supprimé le sénat, chercherait à le recréer sous une autre forme afin de rétribuer des laudateurs.
De toute façon, en renonçant à la protection des productions locales dans l’agriculture, l’artisanat et l’industrie, le cours néolibéral vide la politique de préférence nationale de son véritable contenu et favorise le ralentissement de la formation et du renforcement d’un capital national qu’il soit privé ou d’Etat.


Alioune DIOP
Président du CIMAC
Comité d’Initiative pour une Mobilisation Alternative et Citoyenne
bada_diop@yahoo.fr
Tel : 76 680 08 23



1.Posté par citoyen le 01/10/2012 07:55 | Alerter
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Sauvons nos universités publiques du naufrage.

Malgré les moyens substantiels mis à la disposition de l'enseignement supérieur de notre pays, les résultats sont qualitativement et quantitativement loin des normes de l'UNESCO. Nos instituions d'enseignement supérieur ont surtout un problème de management (mal gouvernance, corruption, népotisme, dépenses de prestige, gestion solitaire en lieu et place de la gestion démocratique et légale, non respect des lois et des règlements, etc.) avec la complicité active ou passive de la communauté universitaire (avantages indus, intimidations, etc.), des autorités étatiques qui, jusqu'à présent, feignent de ne rien savoir (n'ont-ils pas les moyens de savoir ce qui se passe ?) pour éviter la confrontation avec ceux (les amis politiques !) qui sont nommés à la tête de ses structures et qui agissent parfois comme des monarques en gérant la chose publique à leur guise.

Face à la démission de l’État, nos universités croulent sous le poids de dettes dues aux créanciers (banques, hôpitaux, Sonatel, Senelec, SDE, fournisseurs divers) et chaque corporation s'évertue à demander toujours plus pour « améliorer ses conditions d'existence » et parfois au détriment des intérêts de la communauté. Ainsi donc, la crise est donc une conséquence logique de l'inaction de l’État.

En effet quand les dirigeants (nommés par les autorités) gèrent la chose publique en dehors des normes établies sans être inquiétés le moindre du monde (pour ne pas dire promus à des stations plus juteuses), les syndicats demanderont des chosent hors normes et c'est le début du CHAOS.

A l’État de faire l'état de la gestion de ceux qu'il a nommé, punir ceux qui se sont montrés indélicats et récompenser les autres, ensuite il serait facile de demander aux syndicalistes de faire preuve de mesure et enfin sévir dans le respect de la loi si de besoin. Il est temps de restaurer l’État de droit (et donc des devoirs) ; il est indispensable, avant toute promotion, d'étudier sérieusement la gestion présente et passée du pressenti.

L’État ne peut continuer à protéger et promouvoir ceux qui mettent à genoux nos institutions d'enseignement supérieur et jeter en pâture les syndicats. Je pense que les responsabilités sont partagées.

Des assises de l’Éducation avec ceux qui bloquent le système pour des raisons personnelles ou émotives ne serviraient à rien, je propose des assises des anciens (Recteurs, Professeurs ou hauts cadres à la retraites) du système pour faire des propositions objectives. Il est souvent difficile d'être juge et parti.


Il n'est jamais trop tard pour bien faire un devoir citoyen.

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