leral.net | S'informer en temps réel
Samedi 29 Avril 2017

Reconstitution de l’hymen ; les dessous d’une pratique


Reconstitution de l’hymen ? Si on réveillait nos grands-parents pour leur dire que cela, ils ne nous croiraient pas. Pourtant, c’est une réalité. A travers l’hymen plastie, une pratique qui consiste à reconstruire l’hymen chez une femme qui a déjà perdu sa virginité, plusieurs filles font recours à cette chirurgie pour retrouver une seconde jeunesse. Interdite au Sénégal, elle est aussi coûteuse et sa garantie ne dépasse pas 3 mois.



La virginité ? Le site Sante-medecine.journal desfemmes. com la définit de cette manière : le terme « virginité » désigne l’état d’un homme ou d’une femme qui n’a pas connu de relations sexuelles. Néanmoins, il faut distinguer deux approches concernant ce terme: dans le langage courant donc, l’expression « perdre de virginité » qualifie le résultat d’un premier rapport sexuel avec pénétration. Dans le langage médical, la « perte de virginité » est défini uniquement par un hymen rompu, quel que soit les causes : un rapport sexuel, certaines activités sportives ou certaines pratiques masturbatoires pouvant rompre l’hymen.

L’hymen est une membrane qui obstrue plus ou moins l’entrée du vagin chez une jeune fille. Elle n’a aucune utilité physiologique : il s’agit du vestige embryonnaire de la membrane qui sépare les deux parties du vagin d’origine embryonnaire différente. La plupart du temps, il se rompt lors du premier rapport sexuel, un tampon ou un speculum mal adapté peut aussi en être la cause.

Au cours de cinq dernières années, l’âge moyen de la perte de la virginité a nettement baissé chez les jeunes filles et se rapproche désormais de celui des garçons pour se situer autour de 17 ans. En Afrique de l’Ouest, particulièrement au Sénégal, la virginité est sacrée. A une certaine époque, les noces de la nuit nuptiale étaient épiées par les familles des conjoints qui voulaient être sures que la fille est restée vierge jusqu’au mariage. Même si cette pratique se démode en même temps que la société se modernise, certaines tiennent encore à garder ce trésor ou à le reconstruire de manière scientifique après l’avoir perdu.

Aujourd’hui, il existe une manière de redevenir vierge en utilisant la chirurgie. C’est ce qu’on appelle l’hymen plastie. Ndèye Marie Ndiaye, âgée d’une vingtaine d’années, a du mal à assimiler cette pratique. Elle dit : « je préfère ne pas mentir pour l’éternité. Je préfère dire la vérité quel que soit alpha. Le futur mari n’a pas à chercher si tu es vierge ou pas s’il t’aime vraiment. » Elle ajoute : « c’est inadmissible d’aller voir un chirurgien pour refaire l’hymen, à l’insu de ton futur mari et de tes propres parents. Là, c’est mentir aux gens. Je préfère dire la vérité et avoir la conscience tranquille ». Bien sûr, elle est prête à courir ce risque pour soulager sa conscience.

En écho, Aida Fall, teint clair, vêtue d’un uniforme, se confie : « j’avais une copine dont j’étais sûre et certaine qu’elle n’était pas vierge. A ma grande surprise, le lendemain de sa nuit nuptiale, elle a organisé un ‘’laabaan’’. Je savais qu’elle n’était pas vierge. Donc, j’en ai déduit qu’elle a fait l’hymen plastie. »

Pourquoi recourir à la chirurgie ? « Il y a celles qui le font pour plaire aux parents, soutient Abdoulaye Ly.  D’autres, parce qu’ils ont pris cette décision depuis toujours. En grandissant, ils ont dit à leurs parents que celle avec qui ils vont se marier, doit être vierge. Donc, ils peuvent l’aimer, mais ils savent que leur fiancée n’est pas vierge et pour leur honneur et celui de leur famille, ils recommandent à la fille de le faire ».

Arame Diop, jeune étudiante, avance : « il y avait une copine qui m’avait récemment appelé pour me demander si je connaissais quelqu’un qui faisait ça parce qu’il y avait une de ses copines qui devait se marier et avait besoin de refaire son hymen ». Elle n’arrive pas à cacher sa colère : « j’étais choquée quand ma copine m’a appelé pour me le demander parce que j’en avais entendu parler, mais vraiment je ne savais pas que cela existait réellement au Sénégal. Je croyais que c’était seulement des rumeurs ».

Le prêcheur Iran Ndao, joint par téléphone, est catégorique : il prédit des châtiments divins aux filles qui ont recours à cette pratique et aux médecins qui pratiquent cette chirurgie. « C’est une trahison envers le futur mari. Donc? la fille et le médecin auront le même jugement. Parce que la fille qui joue durant toute son adolescence, en couchant avec tous les hommes qui passent, qui un jour, trouve un homme qui veut la marier, dans le but de tromper son futur mari, va demander qu’on lui refasse l’hymen. »

Il renchérit : "de nos jours, c’est à cause de cette reconstitution de l’hymen que beaucoup d’hommes n’ont plus confiance aux filles. Mêmes celles qui sont vierges, font douter. Même si certains hommes trouvent chez leur femme la virginité, ils penseront que c’est du refait (Sic)".

La fille a trahi son mari, mais également le médecin a trahi son métier. Et Dieu a dit: ‘’ je vais punir tous ceux qui vont trahir’’. Il y a des postes, quand on les occupe, il faut être des conseillers ». Le prédicateur parle d’une banalisation de certaines pratiques. Il dit : « il y a beaucoup de filles qui font du planning sans même avoir un mari, juste pour le faire. Le médecin avait juré qu’il va exercer son métier dans l’éthique et la déontologie ». 

Quid de la fille qui est née sans hymen ? Iran Ndao relativise : « celle qui est née sans hymen, elle est allée voir le un médecin. Parce que si une fois elle se marie, imaginez qu’elle dise a son mari qu’elle est née sans hymen, il doutera surement d’elle, vu le comportement des jeunes d’aujourd’hui. Donc, celle-là, on le lui permet, il y a aucun problème. ».

Le Quotidien