leral.net | S'informer en temps réel

Réponse aux propos blasphématoires de Latif Coulibaly: « Quand j’ai écouté le Président, j’ai pensé à Mandela »

Les animateurs du site ACRIMED de l’Observatoire des médias et Pascal Boniface ont forgé le concept d’« intellectuels faussaires » pour désigner les intellectuels ou pseudo intellectuels qui, nantis de quelques connaissances académiques et d’une aura médiatique, ont l’outrecuidance de se servir du savoir pour servir le mensonge et les causes injustes. Pour le cas d’Abdou Latif Coulibaly ce serait plus décent de parler d’un intellectuel déviant.


Rédigé par leral.net le Mercredi 23 Septembre 2015 à 23:45 | | 0 commentaire(s)|

La déviance en général est définie comme une transgression de normes sociales ; quant à la déviance intellectuelle, elle consiste à s’affranchir de la rigueur et de la probité intellectuelles qui astreignent l’intellectuel normal à ne jamais défendre l’absurde et l’arbitraire. Un intellectuel déviant ne respecte pas la pensée libre (celle affranchie du besoin immédiat et des contingences politico-économiques) : sa pensée est au service de ses intérêts, ses convictions sont aussi aléatoires que les humeurs d’un ivrogne et ses certitudes sont tributaires de sa position sociale ou politique. Le savoir ne devrait jamais résider dans le cerveau d’un homme sans conviction.

Quand le savoir s’impatiente ou se plaint d’être longtemps ignoré, il peut lui arriver de se masturber : alors l’intellectuel déviant de produire des livres au titre pompeux mais au contenu vide et absolument faux. Car le savoir est comme la force physique : l’exubérance l’expose souvent à la fougue, aux balbutiements et à l’outrance.

Quand le savoir est dans une tête peu irriguée par le sang de l’éducation et surtout de la foi, il se transforme en arrogance. Le savoir est comme l’eau de source : plus celle-ci est calme, plus elle est claire et potable. Le savoir fuit le tumulte, car c’est dans le calme qu’il trouve sa clarté. On ne peut pas de façon si éhontée que l’a fait Latif, exploiter sont « triomphe médiatique » en tant qu’intellectuel pour faire des rapprochements aussi hasardeux entre l’action historique de Mandela et celle qu’a proposée Macky Sall à propos de la crise burkinabé.

Il faut d’ailleurs arrêter cette ineptie consistant à comparer Mandela aux autres : Mandela est unique. Des hommes comme Mandela l’humanité n’en compte que rarement : ils coûtent si cher à l’histoire humaine que plusieurs siècles ne suffisent pas à en créer ! Mandela et son œuvre n’ont absolument rien à avoir avec les bricolages diplomatiques de votre héros. Mandela est unique Latif, et regarde bien son histoire, elle est comme sa silhouette : car Mandela est beau, il est roi jusque dans sa plastique. Il est des plastiques qui sont l’allégorie d’une grâce céleste et d’une élévation spirituelle qu’aucune médiocrité ne peut souiller.

Si j’étais Latif, je m’emploierai à expliquer au président Macky Sall le sens de l’adage qui dit que « qui sème le vent récolte la tempête » : on ne peut pas fragiliser une institution sous-régionale comme la CEDEAO et espérer qu’elle soit à même de résoudre des conflits aussi complexes que celui du Burkina Faso. Car Macky Sall et ses avocats ont tourné en dérision les décisions de la cour de justice de la CEDEAO il n’y a guère longtemps : ce serait une injustice que la médiation pilotée par Macky Sall au nom de la CEDEAO réussisse ! Cet échec retentissant qu’aucune entreprise de « story telling » « made Latif » ne peut édulcorer en réussite traduit l’innommable cécité de la diplomatie sénégalaise sous l’ère Macky Sall.

Si pour les mesquineries de son propre pouvoir Macky Sall se permet d’ignorer les décisions d’une cour de justice de la CEDEAO, pourquoi les protagonistes burkinabé devraient-ils accorder le minimum de crédit aux négociations qu’il dirige ? Macky Sall est justement l’antithèse de Mandela : il se glorifie de petites « victoires » là où Mandela refusait de se faire passer pour un héros. Mandela voulait une presse libre et indépendante en Afrique du sud au lieu de chercher à corrompre toute la presse de son époque. Les fonctionnaires ont été indignés de voir comment la presse de Macky a voulu faire d’une tradition des finances sénégalaises un coup de maître de Macky en titrant ce matin « Macky dégaine 20 milliards pour payer les salaires ». Les auteurs de cette propagande au rabais ne savent même pas que les salaires sont virtuellement payables à partir de la deuxième quinzaine du mois et qu’il est arrivé plusieurs fois que les régimes passés paient les salaires par anticipation dans les mêmes circonstances. Voilà les victoires de Macky Sall : des bricolages et des tapages médiatiques. Rien que du bluff ! C’est triste et révoltant.

Alassane K. KITANE

Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès