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Reportage - Bibliothèque Khadimou Rassoul ou Daraay Kamil : Rayons de Touba !

Touba a beaucoup à offrir aux pèlerins : au-delà de la Grande mosquée, les fidèles sillonnent la ville sainte pour mesurer la profondeur religieuse de la cité de Bamba. Et la bibliothèque Khadimou Rassoul ou Daraay Kamil fait partie des prestigieux sites religieux de Touba.


Rédigé par leral.net le Jeudi 3 Décembre 2015 à 21:46 | | 0 commentaire(s)|

Reportage - Bibliothèque Khadimou Rassoul ou Daraay Kamil : Rayons de Touba !
Guidés par leur foi, les fidèles font aussi du tourisme religieux. A Touba, plusieurs sites attirent un monde fou de talibés : Daraay kamil ou la bibliothèque Khadi­mou Rassoul fait partie des secrets de la splendeur de la cité de Bamba. En ce jour du Magal, les pèlerins n’ont pas «boycotté» ce lieu du savoir. Il est situé à l’Est et à 50 m de la Grande mosquée de Touba. C’est une très grande bâtisse qui abrite aussi le mausolée de son fondateur, le vénéré Cheikh Abdoul Ahad Mbacké. Daraay kamil a été fondé en 1977. A l’époque, il était le Khalife général de la communauté mouride. Il a mis sur place une équipe chargée de sa gestion et de son développement. Elle était chargée d’y mettre des œuvres qui traient des sciences islamiques. Pari gagné !

Aujourd’hui, la bibliothèque est placée sous la responsabilité de Serigne Moustapha Diattara, secondé de Serigne Cheikh Mbacké Doyoli. Le mausolée de Serigne Abdou Lahad, implanté au cœur de «Daraay Kamil» en fait un haut lieu de prières et de recueillements. Serigne Cheikh Doyoli explique : «Ce n’est pas seulement pendant le Magal qu’il regorge de monde. Daraay Kamil est à chaque fois visité par les fidèles mais aussi par beaucoup de chercheurs et autres lecteurs du Saint Coran.» Moustapha Diattara renchérit : «Le lieu est à chaque fois sollicité pour diverses raisons. Pendant le jour du Magal, c’est l’effervescence.» Bien sûr, des centaines de fidèles se bousculent à l’entrée de la bibliothèque.

Daraay Kamil est un joyau de 5 bâtiments. Le premier compartiment est réservé au Coran. En cette matinée frisquette, Serigne Cheikh Mbacké Doyoli reçoit dans son bureau logé dans la grande bâtisse. Il détaille les productions exposées dans les rayons : «Ce sont les écrits des petit-fils ainsi que ceux des autres érudits étrangers comme nationaux qui y sont gardés et entretenus avec tout le respect que mérite le Saint Coran. A chaque fois, ils sont nettoyés et parfumés comme le veut le Cheikh qui avait tout donné de son vivant aux saintes écritures. Il y a aussi deux lits qui n’étaient pas destinés au livre saint. Tout le monde sait que le Cheikh ne se couchait pas sur un lit. Les deux lits servent à entreposer les livres saints. Il les y posait et les chantait et les louait à longueur de journées.» Féru du mouridisme, il rappelle les éloges que le Cheikh faisait au Coran : «Vous êtes mon compagnon, ceux qui me permettent de m’épanouir, d’être content, etc.» Sans oublier les écrits de Bamba : «Parmi les recueils, celui écrit sur Massa­likoul Djinane est le plus marquant. Il est une synthèse totale du soufisme. Et tout adepte de cette doctrine ferait bien de le visiter.»

La bibliothèque connectée aux Tic

Le deuxième bâtiment sert à entretenir les poèmes du grand Cheikh. «Il y en a plusieurs recueils de ses poèmes gardés ici dans cet appartement, confie-t-il. Et dans chaque recueil, il y a plus d’une centaine de poésies du Cheikh. Il y a aussi quelques manuscrits du Cheikh.»

Le troisième bâtiment sert de salle pour la culture générale. Cet appartement est encombré de milliers de livres soigneusement rangés. Il explique : «Il y en a qui parlent de la Bible traduite en arabe, de la franc-maçonnerie, entre autres. C’est pour permettre aux visiteurs qui le désirent de pouvoir y trouver tout ce dont ils ont besoin, surtout en matière de soufisme, de culture coranique ou islamique, entre autres. Des livres écrits de sa propre main y sont aussi bien rangés et font l’objet de beaucoup de visites de la part des fidèles mourides et de nombreux autres étrangers.»

Le quatrième bâtiment contient les écrits et autres témoignages des gens qui ont connu et côtoyé le Cheikh. «Toutes les grandes personnes du pays et comme celles vivant hors du pays ont leurs écrits bien consignés et bien gardés dans la salle. Les autres figures religieuses aussi des autres confréries ont leurs productions gardées dans ce bâtiment qui est uniquement conçu pour cela», explique Serigne Cheikh Mbacké Doyoli.

Par ailleurs, le cinquième bâtiment est réservé aux conférences et la lecture du Saint Coran. Cheikh Mbacké Doyoli : «Toutes les conférences surtout celles tenues pendant le mois de Ramadan sont organisées dans cette grande salle. A chaque ramadan, à longueur de journées, des conférences religieuses sont organisées dans la salle spécialement conçue à cet effet.» Elle est équipée de toutes les commodités et de matériels audiovisuels. «Les organisateurs n’ont besoin que de conférenciers et d’auditeurs. Tout le reste est déjà installé dans le bâtiment», expli­que, avec l’enthousiasme du gamin, le bonhomme.

Syncrétisme religieux

A Touba, on continue toujours de voir grand. Après la Tabaski, la ville a inauguré un nouveau bâtiment qui abrite le Centre de recherche et de documentation. Il est placé sous la tutelle du professeur Omar Diagne. Pourquoi cet élargissement ? «Si cette salle est construite, c’est parce que la bibliothèque Khadimou Rassoul ou Daraay Kamil ambitionne, sous l’égide de Serigne Moustapha Diattara, de vulgariser son contenu à travers les Tic», dévoile Serigne Cheikh Mbacké Doyoli. Ce projet vise à basculer la bibliothèque dans le monde 3.0. Il dit : «Pour cela, elle a quelques projets majeurs dont les plus importants restent la conception des recueils des Xassaïdes en utilisant les nouvelles technologies pour permettre à tout arabisant de pouvoir les lire. Car, le message du vénéré Cheikh est universel. Déjà, le projet a l’aval des autorités de la ville, particulièrement celui du Khalife général. Il s’agira de permettre aux chercheurs venus souvent d’horizons divers, d’accéder à l’information le plus facilement possible.» N’est-ce pas ?

LeQuotidien