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Rewmi : La fronde aventureuse

En psychologie, on apprend que le subconscient est un état psychique dont on n’a pas conscience mais qui influe sur le comportement. Le langage est souvent la traduction imparfaite de la pensée. Parce qu’il est codé par des mots dont l’esprit ne reflète pas correctement la lettre. Le décryptage de la communication d’Oumar Sarr lors de son passage dans l’émission « Face2Face » de son amie Aïssatou Diop Fall, nous permet de déceler les non-dits et les motivations inavouées de sa rébellion.


Rédigé par leral.net le Mardi 23 Juin 2015 à 14:06 | | 0 commentaire(s)|

Rewmi : La fronde aventureuse
Le contexte politique dans lequel se produit cette tentative de dissidence est à situer dans la perspective des échéances électorales qui se profilent de jour en jour. Les états-majors des partis politiques peaufinent leurs stratégies d’alliance et plans de campagne. Dans la majorité présidentielle l’objectif est de consolider BBY et de s’élargir. Par voie de conséquence, les partis de l’opposition cherchent à s’organiser mais surtout à se positionner par rapport à l’hégémonisme du pouvoir. C’est ainsi que certains partis prétendants légitimes et sérieux pour une candidature à la prochaine élection présidentielle, sont traversés par des vents de fronde. La ligne de fracture étant toujours le dilemme : avec ou contre Macky Sall.

A l’AFP, Malick Gackou s’est séparé de Moustapha Niass essentiellement sur la question du soutien à Macky en restant dans BBY. Le PS est également divisé sur la candidature de soutien ou la candidature de rupture et d’affrontement. Les voix y sont encore discordantes mais la question finira tôt ou tard par être tranchée. Le PDS, parti dynastique a choisi son candidat de revanche et son Khalife tente vaille que vaille de tenir ses ouailles en attendant la libération du prince embastillé. Modou Diagne Fada n’aura d’autre choix que d’abdiquer n’étant pas un héritier. L’UCS de Abdoulaye Baldé à son tour, fut secoué et ébranlé par des vents de désertion. De même que du côté de Pape Diop avec son parti Bokk Guiss Guiss où des débauchages ont été effectués. Il ne manquait à l’appel que Rewmi.

Le loup Oumar Sarr est donc sorti du bois où il s’était réfugié depuis 9 mois : »J’ai fait capoter le projet de créer un groupe parlementaire » a-t-il déclaré péremptoire et torse bombé pour débuter ses entreprises de destruction. Sans se soucier du mal qu’il fait au parti, ce qui démontre son inconsistance et son incrédibilité à la face des militants. N’a-t-il pas connaissance de l’exemple de Yankhoba Diattara qui accepta de laisser passer le choix de Talla Sylla à la mairie de Thiès, avec hauteur d’esprit parce que comprenant les enjeux bénéfiques de la stratégie d’alliance du parti qui le renforce dans sa quête du pouvoir ? Mais seuls les hommes d’envergure sont capables de largeur d’esprit et savent qu’il faut savoir donner pour recevoir.

« KU WAX FËGN » : Les enfants apprennent en jouant à cache-cache que celui qui parle se dévoile. Ainsi Oumar Sarr affirme et révèle qu’il n’était pas d’accord avec la décision de Rewmi de sortir de BBY. Aveu de taille qui explique son positionnement de retrait dans un premier temps et de rébellion par la suite. Il a révélé et réaffirmé sans ambages son amitié à Macky à qui il voue plus de respect qu’à Idrissa. Il reconnait avoir avec lui naturellement depuis longtemps des rapports d’argent. C’est donc tout aussi naturellement qu’il conçoit la fidélité que son parti doit faire preuve en restant au sein de BBY. L’argument que son parti s’était engagé à aider Macky sans conditions apparaît suffisant pour lui.

Faisant fi de la réalité de coquille vide de cette coalition où il n’y avait ni consultation ni concertation sur la gestion du pays. Il est vrai qu’il est moins sensible à la duperie et à la duplicité entretenues par les apéristes : »Se taire ou sortir » cette injonction ne l’a pas affecté. Il déclare ne reprocher qu’une chose à Macky, c’est de ne pas trop accélérer sa politique. Sa lenteur dit-il, dans les choix et décisions pour transformer le pays est notable mais qu’il a encore 2016 et 2017 pour ajuster la donne s’il veut être sanctionné positivement ou négativement. Quel beau conseil et quel appel du pied !

Tout au long de l’interview à TFM, il a fait part de ses humiliations et de ses frustrations qui sont telles qu’il décide de faire du « FIPPU ». Avant il a décliné ses mérites avec le bac obtenu dès l’âge de 19 ans et sa décoration par le Président de Madagascar pour services rendus. Pourtant malgré son dévouement, Idy l’a toujours » traité comme un esclave » dit-il, préférant les ingénieurs et lui faisant toujours jouer les seconds rôles. Plutôt des rôles de courtier agent double qu’il a joué dans les intermédiations par des coups de fil de Moustapha Niass et de Macky Sall. Ce que certainement le parti avait bien perçu. Sidérant comme souffrance subie par ce bonhomme ! Mais pourquoi attendre dix ans de masochisme pour se rebeller ? Pourtant « ses amis lui avaient conseillé de le lâcher depuis longtemps ». Et pourquoi justement maintenant ? Pourquoi ne pas partir avec Pape Diouf et Omar Gueye qui ont manifesté leur désaccord sur la sortie du parti de BBY. Les réponses à toutes ces questions se trouvent dans ses propres réponses aux questions d’Aïssatou Diop Fall.

Son objectif est de déboulonner Idy de la tête du Parti, pas pour l’ambition d’être candidat à sa place. Il n’y avait pas pensé affirme- t-il. Il pourrait même, ajoute- t-il, s’il s’avère qu’il ne fait pas le poids, soutenir un autre candidat. Autrement suggéré, il veut prendre le parti pour l’apporter à la mouvance présidentielle. Son subconscient a parlé et la vérité éclata dans toute sa clarté. Thierno Bocoum avait parlé de « bras armé » du pouvoir pour combattre Rewmi. Après la prestation d’Oumar Sarr sur le « divan du psychanalyste », on peut ajouter sans risque le syndrome métaphorique du « baiser de JUDA ». Ce qui explique son refus de démissionner et qui enlève toute dignité à son geste.

Comme on peut le comprendre après les aveux malencontreux de son subconscient, Oumar Sarr est en service commandé. Cela n’est pas une nouveauté dans l’histoire politique sénégalaise. Interrogeons l’histoire des partis ayant subi des scissions, nous trouverons des similitudes troublantes. Les militants qui sont tentés de le rejoindre devraient réfléchir pleinement sur leurs responsabilités de « faire-valoir », dans cette fronde aventureuse qui les débarquera dans l’escarcelle de la majorité présidentielle. Elle constitue les prémices d’une transhumance détournée. Une trajectoire indirecte pour contourner l’APR, aider Macky pour un 2e mandat et enfin être récompensé. C’est du déjà-vu.

Une ambition personnelle et non collective. Pour preuve d’actualité, Oumar Sarr s’est retrouvé récemment dans la liste des 23 députés de la majorité, pour initier et cautionner la première proposition de loi qui prolonge le mandat du Président de l’Assemblée Nationale de 1 à 5 ans (opportunité politicienne) mais qui fixe à 15 au lieu de 10 le nombre de députés requis pour constituer un groupe parlementaire. Une proposition de loi de « règlements de comptes » et qui marque un net recul démocratique. Un acte d’allégeance flagrant !

Par le passé, que de crachat déversé sur des hommes politiques comme F. Mitterrand, A. Ouattara ou A. Wade qui n’ont pas été »souillés » au point de ne pas conquérir le pouvoir. Méditons les versets 5 et 6 de la sourate 28 et scrutez l’ère politique de Wade, vous verrez que aider Macky par des méthodes déloyales c’est le mener sur le chemin de la perdition.

CHERIF BEN AMAR NDIAYE
Kaadoubitimrew.com