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SOS Birkelane, un département en quête d’émergence - Pr Demba Sow

Birkelane a été érigé en département lorsque Kaffrine, l’un des plus vastes départements de l’époque, est muté en région, en même temps que Kédougou et Sédhiou. L’érection de cet ancien arrondissement en département par décret en 2008 n’a pas été facile et acquise d’avance. Il a fallu une mobilisation exceptionnelle de tous les fils de ce terroir pour que les autorités administratives et politiques d’alors, hésitantes voire hostiles pour nous satisfaire, se résolvent d’accepter notre requête. Mais finalement, les arguments développés par les partisans de la départementalisation de Birkelane étaient suffisamment solides et crédibles que les autorités avaient fini par adhérer à notre cause.


Rédigé par leral.net le Mardi 10 Novembre 2015 à 09:12 | | 0 commentaire(s)|

SOS Birkelane, un département en quête d’émergence - Pr Demba Sow
Le nouveau département de Birkelane est composé des arrondissements de Keur Mbouki, sis sur la Route Nationale 1 après la commune Ngath Naoudé et de l’arrondissement de Mabo, frontalier des départements de Nioro et de Kaffrine.
L’ex arrondissement de Birkelane qui n’a que très peu reçu de l’Etat depuis l’indépendance du pays manque de tout et accuse beaucoup de retard comparé à d’autres départements de la région. C’est à cause de ce retard que la départementalisation de Birkelane avait fait naitre beaucoup d’espoir surtout chez les jeunes mais, en cette fin de l’année 2015, le constat est amer et décevant. L’érection de Birkelane en département a certes permis d’avoir une administration plus proche des administrés avec des services techniques qui ont augmenté significativement le potentiel d’encadrement des acteurs de développement.

En termes d'infrastructures, d'électrification rurale, d'industrialisation, d'accès à l'eau potable, d'accès aux soins de santé, de protection de l’environnement et de sécurité des hommes et des biens, le département de Birkelane se classe dans le lot des moins bien lotis. Malgré l'engagement synergique des pouvoirs déconcentré et décentralisé, notre département n'avance que trop lentement. Les populations du terroir ont le sentiment partagé que les autorités supérieures ne sont pas suffisamment informées de leurs calvaires quotidiens.
Infrastructures routières

La seule voie bitumée qui traverse le département depuis l’indépendance du Sénégal est la Nationale 1 qui relie Dakar à Tambacounda. Avec l'avènement du Président Wade, une voie bitumée rectangulaire adossée à la Nationale 1 a été gratifiée à la commune. C’est peu mais c’est important pour les habitants de la commune qui n’ont jamais vu de voie bitumée dans leur quartier antérieurement.

Sous l'aire du Président Macky Sall, la piste Birkelane Diamal a était bitumée. Diamal étant un foyer religieux d'envergure, les populations du département sont très satisfaites de ces 3 km de route bitumée. Se rendre à Diamal est devenu plus facile, surtout pendant la Ziarra annuelle. Les populations du département sollicitent le bitumage des bretelles reliant les cités religieuses de Navell et de Fasse Modou Makhtar à la nationale 1(6 km maximum).

Se déplacer dans les 7 communes du département est un parcours du combattant particulièrement éprouvant. Les différends élus et responsables politiques qui se sont succédé au département ont chacun et souvent ensemble mené le « combat » pour doter la localité de pistes de production. C’est suite à ces « batailles » épiques menées au plus haut niveau que quelques routes du département ont été latérisées : Panal-Birkelane-Darou Ouanar, Darou Ouanar-Kaffrine et Dagaye Ndéné-Ndiognick. Ces pistes ont beaucoup facilité la vie des populations et contribué au développement de notre terroir mais elles ne règlent pas véritablement le fonds du problème de Birkelane en matière de transport des hommes et des produits agricoles.

Cœur du bassin arachidier et grenier de Touba et de plusieurs grandes villes pour les céréales locales, les productions agricoles s'écoulent toujours difficilement des communes vers la capitale départementale. Les pistes de production n’ont pas résisté à la densité du trafic des camions transportant des produits agricoles et des transports en commun. Ainsi, les pistes Panal-Touba-Mbella Birkelane et Birkelane-Ségré Gatta-Mabo-Darou Ouanar et Darou Ouanar-Kaffrine sont actuellement dans un état de dégradation qui le rendement impraticables surtout pendant l'hivernage.

Les populations de Birkelane éprouvées, lancent un SOS au Président Macky Sall et à son Gouvernement pour le bitumage de ces pistes de productions qui conditionnent le développement de notre département. Le bitumage de ces pistes provoquerait un boom économique qui propulserait notre terroir sur la voie de l’émergence. Mabo est un pôle économique très dynamique mais plombé à cause de l’état d’impraticabilité de la piste le reliant à Birkelane.

Électrification Rurale

Le département de Birkelane a très peu bénéficié de la politique publique d'électrification rurale. À part les capitales des 6 communes et les villages de Ndiayéne Bagana et de Ségré Secco, il n’y a pas d’autres villages branchés au réseau de la Senelec à ma connaissance. Compte tenu de l’effet de l’électrification rurale sur l’économie locale et sur la qualité de vie des populations, les habitants du département lancent un SOS au Chef de l’Etat pour que notre département bénéficie de discrimination positive dans la politique publique d’électrification rurale d’ici 2017.
Industrialisation et valorisation des produits locaux

Vers les années 60, Birkelane disposait d'une unité de décorticage d'arachide. L'unité avait été transféréepour des raisons non avouées à Kaffrine. Depuis la perte de cette unité, Birkelane n’a plus eu une infrastructure capable d’offrir du travail à notre vaillante jeunesse. Cœur du bassin arachidier, les populations lancent un SOS à l’Etat et au secteur privé pour réinstaller une unité industrielle de décorticage de l'arachide, de fabrication de beurre de cacahuètes, de trituration d'huile et de fabrication d'aliments du bétail. Avec le marché hebdomadaire de Birkelane et le pôle économique de Mabo, une industrie de valorisation des céréales et de l'arachide est dans le domaine du possible.

Accès à l'eau potable

L'accès à l'eau potable est une réalité dans beaucoup de communes du département. Il y a cependant des zones rurales laissées en rade notamment dans le pôle de Mabo. C’est l’ONG World Vision qui, en collaboration avec l’Etat, a permis aux habitants de Birkelane d'accéder enfin à l'eau potable. Les populations sollicitent l'Etat pour parachever le remarquable travail de World Vision.

Accès aux soins de santé

Le département de Birkelane a des postes de santé dans les capitales des communes et dans quelques autres gros villages tel que Ségré Secco. Ces postes, avec à leur tête des infirmiers chef de poste, abattent un travail difficile.

Souvent contractuels, ces infirmiers s’acquittent globalement bien de leur tâche dans des conditions de travail qui ne sont pas toujours les meilleures. Les populations rencontrent cependant des difficultés dans les postes de santé. Très fréquemment de nombreux réunions et séminaires éloignent pendant plusieurs jours les chefs de postes de leurs lieux de travail. Avec le manque de personnel ou la faible qualification des assistants des chef de postes, les soins prodigués risquent d’être insatisfaisants ou inappropriés.

Le centre de santé de Birkelane est resté en réalité un poste de santé. Le seul médecin du centre est débordé par ses charges administratives, les séminaires et réunions statutaires. Malgré sa bonne volonté, le médecin de Birkelane ne peut pas faire convenable ses consultations et ce sont les populations qui en pâtissent. Les habitants du département lancent un SOS pour au moins l’affectation d’un deuxième médecin au centre de santé de Birkelane qui polarise tout le département.

Concernant les réunions et les séminaires impliquant médecin et infirmiers chefs de postes, nul n'ignore leur utilité mais, il y a lieu, pour l’intérêt des patients, de mieux les programmer dans le souci de garantir le bon fonctionnement des unités de soins. C’est une réelle préoccupation des populations du département de Birkelane.

Sécurité des hommes et des biens

Le département de Birkelane est un département carrefour avec deux grands marchés hebdomadaires à Birkelane et à Mabo. La brigade de gendarmerie de Birkelane est débordée malgré le travail abattu au quotidien pour garantir la quiétude des populations. Le nombre de vols et d'agression en constante progression dans le département et dans la commune de Birkelane le montre à suffisance. Les populations du département ne se sentant plus en sécurité, lancent un SOS au chef de l'Etat pour doter davantage de moyens humains et logistique à la brigade de gendarmerie, pour la création d'un commissariat de police dans la commune de Birkelane et d’une brigade de gendarmerie à Mabo, une agglomération de la même taille et de dangerosité de la commune de Birkelane.

Protection de l’environnement et de la nature

Le département de Birkelane est devenu producteur de charbon dans la clandestinité. Des étrangers, certainement avec des complices locaux, abattent les arbres sans tenir compte de leur noblesse et les carbonisent impunément. Les populations excédées lancent un SOS aux autorités pour qu'il soit mis un terme sans délai à cette destruction de ce qui nous reste d’espace boisé. Les abattages se font dans les secteurs de Mabo, de Keur Mbouki, de Touba Mbella, de Ndiognick et de Ségré Gatta.

La lutte contre la destruction de notre environnement devra passer par un Service des Eaux Forêts renforcé en personnel et en logistique. Sans véhicule et motos, le Service des Eaux et Forêts est désarmé face à ces brigands de l'environnement. Si rien n’est fait rapidement, il ne restera plus d'espace boisé dans le département.

Les populations du département de Birkelane tirent leurs revenus principalement de l’agriculture, de l’élevage, du commerce, de l’artisanat, du transport et des ressources forestières. Dans ces différents secteurs d’activité, les populations rencontrent d’innombrables difficultés.

Agriculture

Les principales cultures dans le département sont l’arachide, le mil souna, le mil sorgho et le niébé. Le département produit également de grandes quantités de légumes : tomates, gombo, aubergine sénégalaise, patate douce. Pour toutes ces spéculations, les cultures se font avec l’eau pluviale. Globalement les rendements ne sont pas bons pour le mil et l’arachide mais ils sont certainement meilleurs que la moyenne nationale pour des raisons liées à la qualité des sols de la localité et du professionnalisme avéré des paysans du département. Birkelane est le cœur de la culture de l’arachide et du mil au Sénégal.

La mécanisation de l’agriculture est partie de cette localité les années 60 par l’utilisation des semoirs à traction animale et les années 70 par l’utilisation de charrues pour le désherbage toujours à traction animale. Bien qu’ayant une expertise avérée dans la culture de l’arachide et du mil, les paysans de Birkelane arrivent à vivre de leur métier difficilement. Les rendements sont trop faibles, les récoltes bradées faute de points de vente avec un financement suffisant. A cela il faut ajouter les difficultés d’acheminement des produits agricoles à la ville de Birkelane à cause de l’état dégradé des pistes de production. Les populations paysannes lancent un SOS au chef de l’Etat et à son gouvernement pour des mesures d’urgences pour notre département.

Phosphatage des sols ;

Semences d’arachide sélectionnées et à temps ;

Renouvellement du matériel agricole à un rythme plus soutenu ;

Démarrage précoce de la campagne de commercialisation de l’arachide avec un prix rémunérateur ;

Financement des points de vente sans rupture de fonds ;

Engrais de qualité, en quantité et à temps ;

Soutien à la filière céréalière plus que ce qui est fait actuellement.

Elevage

Le sous-secteur de l’élevage est très dynamique dans le département. Il est à la fois pastoral et familial. Les espèces élevées sont principalement bovines, ovines, caprines, équines, asines. Cette activité participe significativement à la constitution du revenu des paysans, à leur alimentation et à l’allègement des travaux champêtres. L’élevage dans ce département, cœur du bassin arachidier, rencontre des difficultés qui le plombent. Comme les agriculteurs, l’élevage ne nourrit pas suffisamment son homme dans le département.

La production laitière est très faible, le bétail régulièrement décimé par des maladies bien connues. A l’image des autres départements de la région de Kaffrine, les éleveurs de Birkelane sont confrontés à d’énormes difficultés qu’il urge de solutionner. Le SOS des éleveurs visé à :
Combattre encore le vol de bétail qui est un fléau départemental ;

Mettre un terme au rétrécissement des aires de pâturage dû au défrichage des forêts classées et des réserves de pâturage par les agriculteurs ;

Vacciner tout le bétail comme avant et intervenir rapidement lorsque un foyer de maladie apparait ;

Faire respecter les couloirs de pâturages des bovins, des ovins et des caprins ;

Assurer l’accès du bétail aux marigots pendant la saison des pluies ;

Continuer à mettre à la disposition des éleveurs des aliments du bétail en cas de déficit fourrager.

Commerce

Le commerce occupe une bonne partie des habitants du département. Beaucoup de citoyens de la localité s’adonnent à cette activité dans les 2 grands marchés hebdomadaires de Birkelane et de Mabo. Des milliers de pères et de mères de familles arrivent à vivre grâce à ces grands marchés de dimanche et de mercredi.

Les agriculteurs et les éleveurs du département écoulent l’essentiel de leurs productions dans les 2 grands marchés de Birkelane et de Mabo. Le tonnage de mil et d’arachide, le nombre de bovins et d’ovins et la quantité de lait vendu par marché hebdomadaire montrent à suffisance le rôle économique des pôles de Birkelane et de Mabo. Commerçants, agriculteurs, éleveurs, transporteurs lancent un SOS aux autorités publiques, municipales et départementales pour une meilleure gestion des marchés de Birkelane et de Mabo en prenant des mesures hardies sur :

La salubrité des marchés : nettoyages, toilettes publiques bien tenues :

La sécurité des hommes et des biens de façon plus satisfaisante ;

L’aménagement des espaces dédiés au commerce ;

Les routes qui relient les é marchés.

Pour permettre aux populations d’accéder aux poissons de qualité et aux bouchers de conserver leur produit invendu, les populations de Birkelane lancent un SOS aux autorités pour la construction d’un entrepôt frigorifique (températures positive et négative) à Birkelane et un à Mabo.

Artisanat

L’artisanat départemental couvre tous les secteurs de la profession : menuiserie métallique, menuiserie ébénisterie, poterie, tôlerie, mécanique, maçonnerie, électricité, peinture, teinture, force etc. Ce secteur permet à beaucoup de jeunes de trouver un emploi, une denrée très rare dans le département. Tout soutien à l’artisanat participe à la promotion de l’emploi dans le département :

Le SOS de l'artisanat vise à :

Renforcer le centre de formation de Bikelane en diversifiant et en augmentant les offres de formation ;
Poursuivre l’électrification rurale qui permet l’implantation d’atelier dans les villages branchés au réseau de la SENELEC ;
Octroyer aux jeunes artisans des terrains pour faciliter et sécuriser leur implantation dans les villes et dans les villages ;
Faciliter l’accès au crédit des jeunes artisans par une ligne de crédit adaptée ;
Réserver certains marchés aux artisans locaux en leur appliquant une discrimination positive.

Transport

Le transport des hommes et des biens dans le département est assuré par des camions, des véhicules divers et des vélos diacarta. C’est un secteur dynamique pourvoyeur de beaucoup d’emplois aux jeunes du département. Le SOS du transport est essentiellement l’état très dégradé des pistes et routes dans et entre les communes. Le bitumage de certaines pistes, la réhabilitation d’autres et la latérisation de certaines routes communales seraient un stimulus du transport départemental.

Exploitation des ressources forestières

Dans les 2 grands marchés de Birkelane et de Mabo, des produits cueillis dans les forêts du département et venant d’ailleurs sont commercialisés toute l’année. Le gain facile avec la cueillette poussent les gens à exercer des pressions dévastatrices sur les arbres fruitiers. C’est pour cette raison que le service des Eaux et Forêt contrôle rigoureusement et vigoureuse cette activité. Le SOS des populations est le renforcement des moyens humains et logistiques des agents des Eaux et Forêts pour qu’ils puissent mener à bien leurs contrôles sur le respect des règles de la cueillette. Le charbon produit clandestinement aussi est commercialisé dans les 2 marchés. Seul le renforcement du service des Eaux et Forêt peut permettre de combattre efficacement la fabrication clandestine de charbon de bois dans le département.

Pour l’émergence du département de Birkelane, beaucoup de contraintes devront être levées. Les populations du département avec leurs administrations déconcentrée et décentralisée sont déjà à l’œuvre pour relever le défi de l'émergence. L’appui de l’Etat, du secteur privé et des fils du département établis au Sénégal ou ailleurs est sollicité.

Pr Demba Sow