Samba Guèye, président du Cncr : «Il faut dès maintenant installer des systèmes de stock sécuritaire»

L’alerte est lancée. Au moment où l’hivernage tire à sa fin dans certaines localités, le Conseil national de concertation des ruraux (Cncr) est monté au créneau pour alerter les autorités étatiques sur une probable famine qui pourrait guetter certaines zones qui ont été mal arrosées. En prélude à l’ouverture des journées de mobilisation paysanne dans le cadre de l’Année internationale de l’agriculture familiale (Aiaf), le président du Cncr, Samba Guèye a lancé un appel au gouvernement, l’invitant dès à présent à installer des systèmes de stock sécuritaire. Car selon lui, certaines localités du pays qui ont enregistré une pluviométrie tardive et insuffisante risquent d’être confrontées à la famine. «L’hivernage de cette année a connu trois séquences sur le démarrage effectif. Des localités où la pluviométrie a démarré au mois de juillet, d’autres à la première semaine d’août et des zones où il s’est installé de manière mitigée. Ce qui fait que les récoltes varieront en fonction de l’installation de la pluviométrie», annonce le président du Cncr. «Avec ces tendances, il y aura des zones où les récoltes seront abondantes, d’autres où elles seront moyennes et enfin des localités où elles seront catastrophiques et où la famine risque de s’installer très prochainement. Dans ces zones, il n’y aura ni mil, ni arachide, encore moins d’autres céréales», a-t-il renseigné. «Par rapport à cette situation, nous appelons le gouvernement à veiller sur cela pour éviter que la famine s’installe très tôt dans ces zones qui vont de l’axe Thiès – Saint-Louis. Il faut dès maintenant que le gouvernement installe des systèmes de stock de sécurité pour parer à cette éventualité», a-t-il indiqué. Il s’exprimait en marge d’un face-à-face avec la presse pour partager avec les journalistes le point de vue des acteurs sur le déroulement de la campagne agricole et d’échanger avec eux sur les journées de mobilisation paysanne que le Cncr compte organiser dans les 45 départements du pays. Le lancement officiel de ces journées est prévu aujourd’hui à Ngaye Mékhé (département de Tivaouane) par le ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural, Papa Abdoulaye Seck. Il s’agit pour le président du Cncr, Samba Guèye, d’étudier les résultats des exploitations familiales. Un travail qui, selon lui, a été entamé il y a trois ans, et le document de synthèse sera présenté au gouvernement aujourd’hui au cours de la Journée de lancement. «Nous sommes aussi en train de travailler sur les exploitations familiales agricoles et rurales pour voir comment les agriculteurs peuvent nourrir la population. Pour cela, on a trois scénarii : des exploitants qui peuvent se nourrir eux-mêmes et créer des excédents, certains qui peuvent assurer de 6 à 8 mois leur nourriture et enfin d’autres qui méritent d’être accompagnés et soutenus pour régler la question de l’insécurité alimentaire. Ce document dont la durée de la recherche tourne autour de 3 à 4 ans à pris en compte près de 6 000 ménages», fait-il comprendre. «La question du foncier et les Ape seront aussi à l’ordre du jour», a-t-il ajouté.

L'Obs