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« Sen Petit Gallé », un mauvais capital semencier

Rédigé par leral.net le Mardi 30 Décembre 2014 à 18:00 | | 0 commentaire(s)|

On se demande vraiment en quoi consiste le travail du CNRA (Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel) si prompt à faire des mises en demeure aux diffuseurs par rapport certains contenus heurtant nos bonnes mœurs. En effet, un programme comme « Sen Petit Gallé » est tout sauf la promotion de l’enfance futuriste et de développement pour le Sénégal. Il est inconcevable de laisser des individus, notamment des animateurs ou producteurs égoïstes et sans conscience du progrès scientifique et technique, cultiver des chanteurs et des danseurs pour le Sénégal de demain.


« Sen Petit Gallé », un mauvais capital semencier
Loin de nous l’idée de penser que la musique ne participe pas au développement d’une nation. Nous voulons simplement dire qu’elle ne doit pas être la base intellectuelle. Nos meilleurs artistes, en l’occurrence Youssou Ndour, Baba Maal, Iso Lo, Cheikh Lo, ont d’abord cherché l’école avant de devenir des musiciens connus. D’ailleurs, si on compare Youssou Ndour Ministre et Youssou Artiste, on voit nettement la différence. Notre You national avait du mal à porter les habits d’un membre du gouvernement.

Il faut construire le capital semencier sur la base de l’éducation, religieuse d’abord, ensuite moderne. La musique, la danse ou la lutte ne pourrait constituer un bon capital semencier dans ce Sénégal d’aujourd’hui. Oui, dans notre pays, le culte de la personnalité, de l’argent facile, de l’intérêt personnel, de la violence est tellement marqué que seule une bonne éducation de base permet de d’épargner les générations futures. On nous avait venté les vertus de la lutte, au finish, on s’est rendu compte que ce n’est pas les animateurs de lutte ni les lutteurs qui font fonctionner l’industrie de la lutte mais les promoteurs et les sponsors. Le retrait partiel de ces derniers pour plusieurs raisons, a démontré à suffisance la fragilité du « facteur de développement » artificiel.

La prépondérance des émissions semant la mauvaise graine est extraordinaire contrairement à celles ayant trait à la culture générale et à l’éducation. Personne ne se souvient « Génies en herbe nouvelle version à la RTS 1 » ; les interventions plus que pertinentes du Pr. Diouf sur la philosophie à la TFM se noient dans la marre du mauvais capital semencier constitué d’anniversaires de musiciens de renom, de clips, de piètres débats politiques, de bulletins d’infos pas très fournis. On se souvient plus facilement de l’accoutrement de l’animateur, du musicien, du lutteur, des impertinences du politicien que des réponses pertinentes conjuguées à l’humilité et à la tenue proposées par le Pr Souleymane Bachir Diagne.

L’objectif est délibérément de ne pas éduquer dans le sens du développement économique et social mais plutôt dans l’emprise du divertissement et des futilités. Le Président de la République a beau parler du comportement fêtard des sénégalais. Nous sommes désolés, il faut d’abord que les pontes de la république arrêtent de parrainer ces spectacles débiles. On ne peut pas demander aux citoyens de ne pas gaspiller de l’argent dans l’anniversaire d’une star musicale et en retour appuyer cette même star pour la réussite de sa manifestation à coup de millions.

Par ailleurs, nous avons suivi avec amertume, la réaction de la famille du soi disant jeune candidat vaincu. Elle est, semble-t-il, dans tous ses états et crie au complot. C’est vraiment écœurant. On aurait préféré, sans le recommander, voir cette même réaction à l’issue de la publication de la liste des lauréats du concours général. Le test scolaire national le plus sélectif qui a vu la consécration de Me Aïssata Tall Sall, le Premier Ministre Mimi Touré (Gace ngalama way) contrairement à beaucoup de politiciens et anciens ministres très bavards dans les médias.

Un couronnement de la crème scolaire sur lequel les responsables des programmes TV passent très vite : aucune émission spéciale, aucun reportage sur le meilleur élève du Sénégal, sur ses ambitions, ses loisirs. Non ce n’est pas comestible, il faut mettre à la place les hobbies d’un lutteur ou d’un artiste célèbre.

« Sen Petit Gallé » est devenu la crème pour les diffuseurs et le mauvais capital semencier pour les éducateurs et l’avenir du Sénégal. Une levée de bouclier est nécessaire. Il faut s’insurger contre les promoteurs de ce spectacle pour espérer semer une bonne graine, c’est-à-dire une enfance bien éduquée et constructive. Et ce n’est pas parce que la chaîne diffuseur a montré le «Khaissaide d’or» qu’elle doit être dédouanée. Cette initiative très salutaire au sens éducationnel du terme est gâchée par l’overdose de divertissement surtout à l’endroit des enfants.

La société sénégalaise doit refuser le diktat des animateurs et producteurs mus par leurs intérêts personnels et le CNRA doit sévir en censurant l’émission « Sen Petit Galle ». Cette institution souvent critiquée à cause de son inertie dans l’éducation de la société surtout les enfants par l’image et le son, a une occasion rêvée de décourager les promoteurs dans leur entreprise de « débilisation » et de façonnage de la jeunesse sénégalaise au grand dam du développement économique et social de notre pays.


SILIMA NIEUMBE DIOUF
mohalamdiouf@gmail.com