Le grand drapeau national qui traversait la tribune dans toute sa longueur subit la loi de supporters furibards. Le symbole de la souveraineté est piétiné par des Sénégalais en mal de civisme. La partie est arrêtée pour des raisons sécuritaires, à la 74ème minute tandis que les joueurs des deux équipes sont regroupés au centre de la pelouse avec le trio arbitral tunisien. Quant aux autorités gouvernementales, elles sont évacuées après le caillassage du ministre des Sports.
Les images de ce hooliganisme indigne de notre pays font le tour du monde. Le Sénégal, qui ne cessait de vanter sa Téranga, venait de montrer une face hideuse qu’on ne lui connaissait guère. Le plus inadmissible dans ce tourbillon de violence, c’est le fait que les placides supporters ivoiriens aient été pris à partie dans une partie où ils n’étaient que de simples spectateurs. Au plan de l’indiscipline et de l’incivisme, le Sénégal a terrassé la Côte d’Ivoire. La légendaire téranga sénégalaise a vite cédé à la sauvagerie bestiale.
Immédiatement, pour éviter que la forte colonie sénégalaise vivant en Côte d’Ivoire ne soit l’objet de représailles, le ministre de l’Intérieur, M. Mbaye Ndiaye, sous les feux des caméras, a rassuré qu’aucun Ivoirien n’était blessé. Ce qui était en porte à faux avec l’état piteux des supporters ivoiriens complètement affalés sur la pelouse de Léopold Senghor avec, pour certains, le visage tuméfié, les lèvres fendues ou le crâne dégoulinant de sang. C’était horrible !
Après cette vague de violence, c’est l’heure de situer les responsabilités au lieu de verser dans des procès en sorcellerie interminables et des accusations orientées. Le premier responsable de cette terreur est le ministre des Sports, El Hadji Malick Gakou, et les fédéraux qui n’ont pas mesuré à sa juste proportion l’enjeu du match de samedi dernier. D’abord, il s’est trop impliqué en tant que ministre qui a plutôt un rôle politique d’arrière-plan à jouer que d’appeler à une mobilisation populaire à travers les médias. Il semble oublier qu’il est ministre plutôt que président d’un club de foot. Gakou est encore responsable pour s’être fortement impliqué dans l’accès des hooligans au stade. N’a-t-il pas donné gracieusement des billets aux écuries de lutte qui, par essence, font le lit de la violence qui gangrène le milieu de la lutte ? La défaillance sécuritaire a été une réalité en dépit de l’alerte sonnée par le représentant de la Caf à quelques jours de la rencontre. Que faisait la police ? Comment peut-on laisser des supporters pénétrer avec des projectiles dans un stade sans aucune fouille minutieuse si l’on sait que ce match était à hauts risques ? Amadou Kane, le responsable à l’organisation de la fédération sénégalaise de football et président de l’Oncav (Organisme national de coordination des activités de vacances), a montré ses limites dans le mouvement navétane où les scènes de violence sont récurrentes. Comment, dans ces conditions, confier l’organisation d’un match de football aussi capital à un individu provenant d’un mouvement aussi gangrené par la violence que les navétanes ?
Quant au président de la fédération, il est trop présent les jours précédant les matchs. On l’a vu lui aussi à travers les télévisons appeler à une mobilisation nationale pour soutenir les Lions. Cela valait-il la peine quand on sait que les Sénégalais n’ont pas besoin d’être appelés pour se mobiliser ?
Dans ce lot des énergumènes ayant contribué aux tristes événements de samedi, il faut mettre tristement El Hadji Diouf, le « Lion » déchu sans crocs et sans griffes et dont l’unique ambition est de combattre par tous les moyens la fédération et l’équipe nationale qui lui ont fermé à jamais les portes de la « Tanière ». Infatué de son talent déclinant et imbu de son génie footballistique en déliquescence, l’ex attaquant des « Lions » pense faussement avec quelques larbins à sa solde qu’il détient la panacée du foot sénégalais.
Dans cette violence inouïe qui s’est abattue sur le stade Léopold Sédar Senghor le 13 octobre dernier, les médias ont la plus grande part de responsabilité. Des télévisions et des radios ont créé des émissions ad hoc rien que pour consacrer des plages spéciales à un match qui était impossible à gagner. Et parmi les supposés techniciens du foot qui animaient les débats, aucun d’eux ne prévoyait une élimination du Sénégal. Chacun rabibochait des schémas tactiques et des combinaisons magiques pour venir à bout des Ivoiriens, meilleurs jours africains. Certains titres de la presse écrite versaient dans le « diambarisme » en se référant aux armoiries de notre nation pour booster nos « Lions ». On a l’impression qu’on allait en guerre alors que ce n’était qu’une rencontre sportive quel que fût l’enjeu.
Les promoteurs de lutte se sont impliqués jusqu’à appeler tous les marabouts, féticheurs, khoys, saltigués, khalifes généraux, évêques, sorciers à travailler mystiquement ou spirituellement pour faire triompher l’équipe nationale handicapée par deux buts de retard face à la première équipe africaine. Les artistes, mbalaxeurs, rappeurs, bouffons, comédiens passaient des spots à la télé pour sonner la mobilisation pour un match dont l’auteur de ces lignes avait juré qu’il était perdu d’avance. On organisait des radios trottoirs à travers lesquels des supporters chauvins sans lucidité versaient dans des excès à la limite irrationnels. Avec tout ce brouhaha activiste relayé répétitivement à travers les médias audiovisuels, certains supporters étaient en droit de croire profondément à la victoire des « Lions ». Mais sitôt que le résultat attendu s’est inversé, nos mauvais supporters ont sombré spontanément dans la violence sans mesurer les conséquences désastreuses subséquentes.
Dans ce match, les autorités étatiques et fédérales ont trop versé dans l’hypocrisie et le mensonge en faisant croire aux supporters pour la plupart chauvins qu’on pouvait tirer des plans sur la comète et conquérir la lune. A la veille du match Espagne / France qui s’est joué hier, les analystes sportifs français et même l’entraîneur Didier Deschamps ont logiquement reconnu la suprématie de l’Espagne tout en espérant s’en tirer au mieux des cas avec un nul voire un hold-up. Au Sénégal, on pense que les dieux du foot sont avec nous au point que, dans nos analyses et prévisions, on n’inclut jamais la possibilité d’une défaite devant n’importe quelle équipe.
Aujourd’hui, on demande la tête de l’entraîneur qui pourtant n’est pas totalement responsable de la débâcle de ses « Lions » dont le rugissement a été noyé par le barrissement des « Eléphants ». Nous, notre souhait le plus ardent, c’est de voir, en sus d’une forte amende, notre équipe nationale être suspendue des futures compétitions ou, au pire des cas, suspendre notre stade pendant longtemps et nous faire jouer à des milliers de kilomètres de Dakar. C’est le seul moyen de nous faire revenir sur terre.
Serigne Saliou Guèye
Le Témoin N° 1011 –Hebdomadaire Sénégalais (Octobre 2012)
Les images de ce hooliganisme indigne de notre pays font le tour du monde. Le Sénégal, qui ne cessait de vanter sa Téranga, venait de montrer une face hideuse qu’on ne lui connaissait guère. Le plus inadmissible dans ce tourbillon de violence, c’est le fait que les placides supporters ivoiriens aient été pris à partie dans une partie où ils n’étaient que de simples spectateurs. Au plan de l’indiscipline et de l’incivisme, le Sénégal a terrassé la Côte d’Ivoire. La légendaire téranga sénégalaise a vite cédé à la sauvagerie bestiale.
Immédiatement, pour éviter que la forte colonie sénégalaise vivant en Côte d’Ivoire ne soit l’objet de représailles, le ministre de l’Intérieur, M. Mbaye Ndiaye, sous les feux des caméras, a rassuré qu’aucun Ivoirien n’était blessé. Ce qui était en porte à faux avec l’état piteux des supporters ivoiriens complètement affalés sur la pelouse de Léopold Senghor avec, pour certains, le visage tuméfié, les lèvres fendues ou le crâne dégoulinant de sang. C’était horrible !
Après cette vague de violence, c’est l’heure de situer les responsabilités au lieu de verser dans des procès en sorcellerie interminables et des accusations orientées. Le premier responsable de cette terreur est le ministre des Sports, El Hadji Malick Gakou, et les fédéraux qui n’ont pas mesuré à sa juste proportion l’enjeu du match de samedi dernier. D’abord, il s’est trop impliqué en tant que ministre qui a plutôt un rôle politique d’arrière-plan à jouer que d’appeler à une mobilisation populaire à travers les médias. Il semble oublier qu’il est ministre plutôt que président d’un club de foot. Gakou est encore responsable pour s’être fortement impliqué dans l’accès des hooligans au stade. N’a-t-il pas donné gracieusement des billets aux écuries de lutte qui, par essence, font le lit de la violence qui gangrène le milieu de la lutte ? La défaillance sécuritaire a été une réalité en dépit de l’alerte sonnée par le représentant de la Caf à quelques jours de la rencontre. Que faisait la police ? Comment peut-on laisser des supporters pénétrer avec des projectiles dans un stade sans aucune fouille minutieuse si l’on sait que ce match était à hauts risques ? Amadou Kane, le responsable à l’organisation de la fédération sénégalaise de football et président de l’Oncav (Organisme national de coordination des activités de vacances), a montré ses limites dans le mouvement navétane où les scènes de violence sont récurrentes. Comment, dans ces conditions, confier l’organisation d’un match de football aussi capital à un individu provenant d’un mouvement aussi gangrené par la violence que les navétanes ?
Quant au président de la fédération, il est trop présent les jours précédant les matchs. On l’a vu lui aussi à travers les télévisons appeler à une mobilisation nationale pour soutenir les Lions. Cela valait-il la peine quand on sait que les Sénégalais n’ont pas besoin d’être appelés pour se mobiliser ?
Dans ce lot des énergumènes ayant contribué aux tristes événements de samedi, il faut mettre tristement El Hadji Diouf, le « Lion » déchu sans crocs et sans griffes et dont l’unique ambition est de combattre par tous les moyens la fédération et l’équipe nationale qui lui ont fermé à jamais les portes de la « Tanière ». Infatué de son talent déclinant et imbu de son génie footballistique en déliquescence, l’ex attaquant des « Lions » pense faussement avec quelques larbins à sa solde qu’il détient la panacée du foot sénégalais.
Dans cette violence inouïe qui s’est abattue sur le stade Léopold Sédar Senghor le 13 octobre dernier, les médias ont la plus grande part de responsabilité. Des télévisions et des radios ont créé des émissions ad hoc rien que pour consacrer des plages spéciales à un match qui était impossible à gagner. Et parmi les supposés techniciens du foot qui animaient les débats, aucun d’eux ne prévoyait une élimination du Sénégal. Chacun rabibochait des schémas tactiques et des combinaisons magiques pour venir à bout des Ivoiriens, meilleurs jours africains. Certains titres de la presse écrite versaient dans le « diambarisme » en se référant aux armoiries de notre nation pour booster nos « Lions ». On a l’impression qu’on allait en guerre alors que ce n’était qu’une rencontre sportive quel que fût l’enjeu.
Les promoteurs de lutte se sont impliqués jusqu’à appeler tous les marabouts, féticheurs, khoys, saltigués, khalifes généraux, évêques, sorciers à travailler mystiquement ou spirituellement pour faire triompher l’équipe nationale handicapée par deux buts de retard face à la première équipe africaine. Les artistes, mbalaxeurs, rappeurs, bouffons, comédiens passaient des spots à la télé pour sonner la mobilisation pour un match dont l’auteur de ces lignes avait juré qu’il était perdu d’avance. On organisait des radios trottoirs à travers lesquels des supporters chauvins sans lucidité versaient dans des excès à la limite irrationnels. Avec tout ce brouhaha activiste relayé répétitivement à travers les médias audiovisuels, certains supporters étaient en droit de croire profondément à la victoire des « Lions ». Mais sitôt que le résultat attendu s’est inversé, nos mauvais supporters ont sombré spontanément dans la violence sans mesurer les conséquences désastreuses subséquentes.
Dans ce match, les autorités étatiques et fédérales ont trop versé dans l’hypocrisie et le mensonge en faisant croire aux supporters pour la plupart chauvins qu’on pouvait tirer des plans sur la comète et conquérir la lune. A la veille du match Espagne / France qui s’est joué hier, les analystes sportifs français et même l’entraîneur Didier Deschamps ont logiquement reconnu la suprématie de l’Espagne tout en espérant s’en tirer au mieux des cas avec un nul voire un hold-up. Au Sénégal, on pense que les dieux du foot sont avec nous au point que, dans nos analyses et prévisions, on n’inclut jamais la possibilité d’une défaite devant n’importe quelle équipe.
Aujourd’hui, on demande la tête de l’entraîneur qui pourtant n’est pas totalement responsable de la débâcle de ses « Lions » dont le rugissement a été noyé par le barrissement des « Eléphants ». Nous, notre souhait le plus ardent, c’est de voir, en sus d’une forte amende, notre équipe nationale être suspendue des futures compétitions ou, au pire des cas, suspendre notre stade pendant longtemps et nous faire jouer à des milliers de kilomètres de Dakar. C’est le seul moyen de nous faire revenir sur terre.
Serigne Saliou Guèye
Le Témoin N° 1011 –Hebdomadaire Sénégalais (Octobre 2012)
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