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Série de braquages de banques: Les vigiles, cibles vulnérables


Rédigé par leral.net le Vendredi 24 Février 2017 à 08:04 | | 0 commentaire(s)|

Série de braquages de banques: Les vigiles, cibles vulnérables
Le ministre de l’Intérieur vient d’annoncer que des mesures seront prises pour mettre fin à la série de braquage des banques notée au Sénégal. En plus des cas de vols et d’agressions que nous vivons au quotidien, des individus bien armés s’en prennent maintenant aux institutions financières ou stations d’essence. Souvent en plein jour. Une insécurité qui inquiète la population mais surtout les vigiles qui sont les premières cibles en cas de braquage.

Dans ce reportage, Dakar7 s’est rendu dans quelques banques à Dakar pour constater de visu leur dispositif sécuritaire. Les témoignages sont renversants.

Il est 10h à Sacré-coeur 3 pyrotechnique. Cette cité se distingue par la présence de nombreuses institutions financières. Parmi elles, la Banque de l’Habitat du Sénégal (BHS), dont l’agence est située à coté de la Direction général de Dakar Dem Dikk. Devant la banque, de nombreuses voitures garées. Les portes sont fermées à l’extérieur. Seul le GAB fonctionne.

A côté, un vigile en faction veille au grain, avec son collègue. Vêtu d’une tenue bleue, casquette sur la tête, cet homme d’une quarantaine d’années, taille moyenne, surveille les moindres faits et gestes des visiteurs. Mais un constat saute aux yeux: le vigile ne dispose pas d’arme à feu pour dissuader les éventuels malfrats. Il n'a sur son bureau qu’un cahier grand format sur lequel il relève le numéro des pièces d’identité et les noms des personnes qui ont rendez-vous avec les chefs de service.

« Nous détenons des armes mais nous ne sommes pas autorisés à tirer. »

Un dispositif sécuritaire qui s’impose dans ce contexte marqué par les séries de braquages dans le pays et dont les principales cibles sont les vigiles. « Nous sommes exposés au danger, car nous n’avons pas assez de matériel et mal équipés pour assurer notre sécurité et celle des banques. Le contrôle n’est pas efficace et le manque d’effectif aussi nous préoccupent », déplore notre interlocuteur qui a requis l’anonymat.

Il ouvre la porte à un client, avant de poursuivre: "Il faut que la police fasse des patrouilles. Bien que nous détenons des armes mais nous ne sommes pas autorisés à tirer. En plus, les cambrioleurs viennent en masse. Donc, même avec une arme, la défense est impossible. C’est pourquoi, nous demandons aux autorités de mettre en place un dispositif d’alerte et renforcer l’effectif des vigiles au niveau des banques".

« Nous sommes exposés au danger »

A quelques mètres d’ici, une autre banque: la Banque Sahélo-Saharienne pour l’Investissement et le Commerce (BSIC Sénégal). A l’entrée de la banque, Ablaye Mbaye, le préposé à la sécurité, grille une cigarette. Il fait des va-et-vient. Il est agent de la société « Phoenix Sénégal, Sécurité Intelligente ». De taille moyenne, cet homme d’une quarantaine d’années, est aussi préoccupé par l’insécurité qui prévaut dans les banques. « Il faut avant tout renforcer la sécurité en mettant 2 à 3 agents au minimum et les doter de matériel. Le travail de gardiennage est très difficile et important puisqu’on veille sur les personnes et leurs biens. Les banques ont les moyens de mettre en place des matériels de sécurité modernes. Ceci facilitera notre travail et nous protégera », explique notre interlocuteur.

Il renchérit: "nous sommes 14 agents pour la journée et la nuit 6, il faut mettre l’accent sur l’effectif des agents pendant la nuit et surtout en banlieue. Là-bas, les braquages sont fréquents ". Un avis partagé par son collègue vigile, Aba Sonko, à la BSIC-Sénégal.

Habillé de la même tenue, cet homme d’une forte corpulence, pense que les braquages ne vont pas s’arrêter tant qu’ils ne sont mis dans de bonne conditions. « La façon dont on attaque les banques est spectaculaire. Il faut nous mettre dans de bonnes conditions, nous équiper matériellement. Les armes dont nous disposons ne sont pas suffisantes. Il faut à chaque vigile une arme », plaide-t-il. Aba est chargé d’ouvrir la porte aux personnes. Il tient dans sa main un détecteur de métaux pour fouiller les visiteurs.

« Les armes dont nous disposons ne sont pas chargées. »

Non loin de là, se trouve la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal est une banque sénégalaise(BICIS). Ici, rien n’indique que la sécurité est renforcée malgré le contexte d’insécurité. L’ambiance est habituelle. Devant la banque, un poste de garde en métal y est installé pour le vigile, Abdoulaye Konté.

En tenue de couleur kaki avec un gilet noir, cet homme d’une quarantaine d’années, pense que les chefs de banque ont une grande part de responsabilité dans ce problème. "Ils ont les moyens de bien sécuriser l’intérieur comme l’extérieur de la banque en mettant en place les nouvelles méthodes de sécurité." Prenant l’exemple sur lui, il ajoute: « Là, actuellement, des cambrioleurs peuvent venir m’attaquer et je ne pourrai pas me défendre. Je ne peux pas être seul contre 10 à 12 malfaiteurs armés, même la police serait en difficulté si elle était à ma place. Nous n’avons même pas des alertes en cas de cambriolages et les armes dont nous disposons ne sont pas chargées"., révèle-t-il.

Toutefois, au delà des conditions de travail, les vigiles sont confrontés à d’autres difficultés d’ordre social. De manière unanime, tous les vigiles rencontrés par Dakar7 demandent une augmentation de salaires, une prise en charge familiale, une bonne pension de retraite. En un mot, résume Aba, « nous voulons la revalorisation de notre statut »

Marième Sarr (Stagiaire)

Dakar7.com

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