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Serigne Khadim Gaydel Lô : "L’erreur..., c’est de croire que des solutions politiques peuvent être apportées à des problèmes économiques"

Serigne Khadim Gaydel Lo, a effectué une visite de courtoisie d’une semaine dans la capitale. Borom Ndame comme on l’appelle est surtout connu pour demeurer en base de Touba Baghdâd de Thiès. Ses visites dans la Capitale sont rarissimes et à cette occasion il s’est prêté à nos questions dans un entretien.


Rédigé par leral.net le Mardi 16 Juin 2015 à 08:27 | | 0 commentaire(s)|

Serigne Khadim Gaydel Lô  : "L’erreur..., c’est de croire que des solutions politiques peuvent être apportées à des problèmes économiques"
Serigne Khadim, pouvons-nous savoir la substance de cette visite d’autant plus que vous n’êtes pas un habitué de la Capitale ?

Au nom de Dieu ; le Clément, le Miséricordieux.
Permettez- moi d’abord de rendre grâce à Dieu. Qu’Allah dans son grande mansuétude accorde le salut à demeure à celui qui a acquis la précellence alors que l’Aïeul était encore voile dans la boue ; je veux nommer le Prophète Mohammed (PSL). Que salut soit sur son auguste famille ; ses honorables compagnons et les dignitaires de l’Islam dans l’espace et le temps. Qu’honneur recouvre le serviteur par excellence du Prophète Mohammed ; son aède a demeure ; pureté de la charia et exemple vivant de la Souna ; notre guide Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké.
Le fait que je ne suis pas un habitué de Dakar n’est dû qu’au fait que mes activités de Touba Baghdâd occupent beaucoup de mon temps. Cependant je compte nombre de disciples et d’amis dans la capitale. Annuellement ; mes disciples de la capitale ont demandé une visite et j’essaie de mon mieux d’honorer cet engagement. Cela me permet aussi de jouer mon rôle d’éducateur en rencontrant mes disciples dans leur champ de vie, m’enquérir de leurs situations et les aider de mes prières.
Aussi tout cela entre à juste titre dans le cadre de la mission de vivification de l’œuvre de l’honorable maitre Cheikhoul Khadim. Nonobstant, à chaque fois qu’on foule ces terres on ne peut s’empêcher de penser aux supplices du Maitre en ce cachot étroit de Dakar. En effet le séjour en cette cellule infecte fut un des moments les plus difficiles de sa persécution avant qu’il ne fut déporté à l’ile du Gabon. Et devint alors un pauvre expatrié (Mutagharib) qui mit à contribution ces moments pour se livrer à la guerre sainte des passions (mujahid li nafs i). Nul doute alors qu’il devint alors comme le soleil (kash shams).
Mais Dakar aussi est un symbole de la victoire de Cheikhoul Khadim. C’est ici qu’il posa d’abord ses posa encore ses saints pieds de retour d’un voyage d’où il porta haut l’étendard de L’islam. C’est ici aussi que sera érigée cette mosquée Massalikul Jinan qui sera la confirmation de cette victoire du Cheikh aux eaux troubles de la Colonisation.

On a noté pendant cette visite ici que vous rencontrez beaucoup les membres de la société civile et politique de tous les bords, est-ce en cela que vous tenez votre surnom de pacificateur social ?

Ces membres de la société civile ou même politique sont avant tout des talibés pour la majorité. Quel que soit leurs fonctions, mon rôle de guide est de leur rappeler le bien et les consolider en ce qu’il croit fermement c'est-à-dire la doctrine de Cheikhoul Khadim. Aussi je converse beaucoup les hommes politiques de tous les partis sur les problèmes de l’heure. Ainsi mon rôle encore une fois est de pacifier et calmer les ardeurs pour l’intérêt supérieur de la nation. La pacification ou la recherche de la paix aussi bien au niveau de la communauté étatique que celle familiale est notre mission. J’ai mentionné la famille parce que c’est à ce niveau nucléaire de l’organisation sociétale que la pacification doit s’étrenner. Bon nombre de mes talibés sont jeunes et de concert avec les parents il m’appartient de les guider sur le bon chemin qui veuille qu’on s’arcboute dans la religion vraie pour ainsi devenir des citoyens modèles tout en étant utiles à ces parents. A ce niveau je dois dire que la visite en masse des parents de mes disciples nous a apporté du baume au cœur en ce qu’elle me permet de remercier Dieu .Car le rôle d’un guide n’est point de créer des problèmes entre les parents et leurs enfants bien au contraire réaffirmer ces liens.

Vous avez mentionné converser avec les acteurs de la vie politique justement que vous inspire la situation actuelle du Sénégal ?

Elle est difficile. Nous pouvons le dire parce qu’en tant que guide religieux et en recevant chaque jour des centaines de Sénégalais ; nous pouvons prendre appréhender de tout instant la température du pays. Ainsi il ne fait aucun doute que le Sénégal traverse des moments difficiles marque par une raréfaction des biens. Ce n’est pas un phénomène nouveau cependant il se trouve exacerbé par la crise internationale. Nonobstant j’ai peur que l’erreur dans laquelle nous peinons à sortir c’est de croire que des solutions politiques peuvent être apportées à des problèmes économiques. La politique demeure hélas notre sport national favori. Or le débat véritable doit être économique par la recherche commune d’une croissance soutenue à travers surtout les secteurs primaire ; et secondaire. Seul le travail paie. D’ailleurs la doctrine mouride élève le travail à l’échelle de la sanctification. L’orthodoxie mouride repose foncièrement sur le travail et plus particulièrement celui de la terre. Aussi je ne désespère pas qu’un jour qu’on se consacre à l’essentiel car nos problèmes sont certes aigus cependant c’est seulement par le travail qu’on puisse les résoudre.

A travers vos discours et écrits vous avez toujours été vocale sur les problèmes de l’Oummah et leurs solutions. Pourtant on vous a peu entendu lors de l’affaire Charlie ?

Une certaine prudence était de mise devant toute cette clameur. ! A chaque fois qu’il y a ces problèmes, attendons- nous de nous qu’on s’auto-flagelle en nous confondant dans des pardons ? Au-delà de la clameur il faut voir les racines du mal et œuvrer les résoudre. Le sentiment religieux est-elle plus condamnable à cause du fanatisme qu’est- le sentiment national à cause du nationalisme ?
Si vous lisez un de mes écrits bien avant que survienne cet évènement malheureux ; je posais déjà le problème. Rien n’est plus dangereux en effet qu’une identité blessée et humiliée. Au fait chaque civilisation a quelque chose de religieux et le respect la religion d’autrui est une garantie de la paix sociale. L’occident d’aujourd’hui doit sa civilisation grecque a celle musulmane. Rien qu’en cela ce prophète mérite respect. Au demeurant sa venue sur terre est la plus grande miséricorde de Dieu. C’est ce que l’on comprend lorsqu’on lit ce verset : Wama arsalnaka illa rahmatan lil’alamina Nous ne t'avons pas envoyé qu'en miséricorde pour les êtres humains ?" (Sourate 21 verset 107). Quand Cheikhoul Khadim écrit dans Muwahibbbu Naafiah : « lahul baraha la uch chafarah lahu jamahah hawirtiqa –a … la précellence lui est dévolue, l’intercession est son apanage ; les foules lui sont soumises .La prééminence lui revient. . » Cet homme qui est apparu comme libérateur pour guider (Siraj am munira) mérite encore une fois respect et considération.
L’autre axe de pensée qui soutient au fond ce problème est de se demander comment aurai agi le Prophète Mohammed (PSL) devant ces actes diffamatoires ? Je ne pense pas c’est cet homme de Dieu dont le voisin entassait chaque jour ses ordures pour les reverser devant sa maison et qui loin de se plaindre ; décida lorsque ce voisin fut malade, de lui rendre visite parce qu’il n’avait pas vu les ordures être déversées, qui ferait violence ? Je ne pense pas que c’est ce Prophète Elu qui lorsqu’au début de son prêche les habitants de Taif se montrèrent si discourtois jusqu'à l’attaquer physiquement et le blesser au pied qui ordonnerait une riposte. Bien au contraire, son message est celui de la paix .la morale islamique appelle à la compassion, la tolérance et la sérénité.

On a vu récemment encore dans Dakar ou vous êtes une résurgence du phénomène des Talibés. D’ailleurs un reportage d’envoyé Spécial en ce sujet fait écho sur le net. Quel est votre sentiment d’autant plus que vous avez un Daara à Touba Baghdâd ?

Ce problème est réel. Je suis d’autant plus à l’aise pour en parler que je suis le fruit des Daaras et j’en ai un à Touba Baghdâd. Cependant vous ne verrez jamais mes pensionnaires faire ce qui a été décrit dans cette émission.
Pour comprendre le concept de « Daara. » qui est aujourd’hui galvaudé, il faut aller à la source car l’organisation sociale et éducative a toujours reposé sur celui-ci. Par essence le Daara se définissait comme un regroupement de jeunes disciples les takk nderr qui poursuivaient un cursus de Tarbiyya auprès d’un maitre. En ce Daara parfois qui se muait en village ; seulement une partie de l’année c'est-à-dire les 4 mois d’hivernage de juillet à Octobre en ce temps-là étaient consacrés aux travaux champêtres Le reste les pensionnaires l’occupaient à l’étude, les voyages auprès des autres maitres réputés pour leur savoir en jurisprudence, tassawouf ou autres. Tel modèle d’organisation a contribué à former des fils remarquables de ce pays. De même il propulsa notre agriculture de notre économie des années durant parce que ces villages étaient des villages de culture. Du fait de l’exode et autres raisons ; aucun de ces paramètres précités n’est plus en place. Cela donne jour a des excès regrettables. Cependant s’il est vrai qu’il y’a des gens qui exploitent ces enfants ; cela n’est possible que parce que les parents aussi tacitement abandonnent souvent leurs enfants. En tout état de cause, c’est tout le système qui est en déphasage avec l’idée originelle précitée et au demeurant celle de la protection de l’enfant. Pourtant un modèle exemplaire existe toujours ; Ce sont les Daaras de Serigne Saliou dont l’on ne parle peu.
L’on parle de législation à ce niveau. Cependant comme on dit la loi est faite pour les hommes. Pour une solution durable il faudrait associer directement et concrètement dans la confection et l’application de cette loi les acteurs c'est-à-dire les maitres d’écoles. Il faudra les aider et les appuyer quand on aura identifié ces Daaras modèles. Moi je vois même une projection du plan Sénégal Emergent dans ce type d’organisation en retournant à une politique des grands cultivateurs par des Daaras modernes

Quelle est votre réaction à la suite de la décision du Sénégal d’envoyer des troupes armées en Arabie Saoudite ?

Ce problème me semble plus complexe qu’il me parait car il met en exergue la course d’influence de L’Arabie Saoudite et l’Iran. La géopolitique de cette région affectera pour longtemps l’Islam politique des temps modernes. Comme le simple citoyen qui regarde de loin ; je pense que notre pays gagnerait mieux à jouer la carte diplomatique dont il a eu toujours eu le talent. D’autant plus que la solution que cela soit au Yémen ou en Syrie ne peut pas être militaire mais politique. Dans toutes ces négociations à venir le Sénégal ; pays respecte pour sa religion au sein de l’OCI pourrait activement œuvrer. J’ai entendu certains pour justifier cet envoi faire référence à l’aide que Serigne Touba apporta aux Médinois lors des troubles de 1922 après qu’une délégation pour solliciter son aide. Encore une fois ce sont des prières que Cheikhoul Khadim a envoyées ; non des troupes. Et d’ailleurs c’est ce qui résolut le problème ; ce qui lui valut le célèbre pamphlet écrit à son honneur par l’imam de Médine Cheikh Oumar Kourdiyou.

Le mot de la fin ?
Je tiens à exprimer mes plus sincères remerciements à l’ensemble de ceux qui se sont mobilisés à l’organisation de cette visite, Je profite de cette occasion pour remercier la communauté layenne à la tête de laquelle le khalife qui m’a honore de cadeaux en visitant leur ville.
Il me plait de noter dans les discussions avec certaines autorités et politiques de ce pays un regain d’intérêt pour la religion. Maintenant cet intérêt de tout un chacun doit se manifester par des actions concrètes. Par exemple il m’a plu de savoir que la mosquée Massalikul Jinan en est à ses dernières phases. Faisons- en un centre d’excellence de recherche du savoir et de vivification de l’œuvre de Cheikhoul khadim dans la capitale.
Aussi que les Sénégalais cultivent la paix !
La paix n'est pas seulement la sécurité physique ou l'absence de guerre et de conflits mais aussi, comme je le réitère, un ajustement et une orientation harmonieuse de l'individu, d'une part vers son Créateur et d'autre part, avec ses semblables. Aucun humain ne peut être en paix avec son frère à moins qu'il soit en paix avec lui-même et personne n'est en paix avec soi-même, sauf s’il est en paix avec son Créateur.

« Allazina amanoo walamyalbisoo imanahum bithulmin ola-ikalahumu al-amnu wahum muhtadoon … Ceux qui ont cru et n'ont point troublé la pureté de leur foi par quel qu’iniquité (association), ceux-là ont la sécurité ; et ce sont eux les bien-guidés. » (Sourate 6 Al anam verset 83).

Et j’invite tout le monde à Touba Baghdâd qui dans la pure tradition mouride ; le mois de ramadan serait célébré chaque jour du mois
Que la paix du Seigneur soit avec tout le monde.