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Seydi Ababacar Ndiaye, patron du Saes : ''Macky Sall était choqué quand il a vu les étudiants blessés à l’hôpital''

Le Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes) accepte la main tendue du président de la République, Macky Sall pour sortir l’Université Cheikh Anta Diop de la crise. Mais, Seydi Ababacar Ndiaye, patron du Saes, reste dubitatif sur le face à face Macky Sall-étudiants à cause de la déstructuration du mouvement estudiantin démantelé par l’ancien recteur, Saliou Ndiaye. A ses yeux, il risque de se poser un problème d’interlocuteurs. Dans cet entretien, Seydi Ababacar Ndiaye analyse froidement la situation qui prévaut présentement à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.


Rédigé par leral.net le Jeudi 21 Août 2014 à 16:00 | | 0 commentaire(s)|

Seydi Ababacar Ndiaye, patron du Saes : ''Macky Sall était choqué quand il a vu les étudiants blessés à l’hôpital''
S’expliquant sur la crise universitaire, le Président, après son retour de voyage, a émis le souhait de rencontrer toute la communauté universitaire y compris les professeurs. Acceptez-vous la main tendue de Macky Sall ?

Bien sûr ! Nous avons tenu une réunion du Bureau national élargi à toutes les universités du pays. Nous avons analysé le discours du Président (de la République). Et la première décision que nous avons prise, c’est de dire que nous sommes en phase avec le Président tout en déplorant que cela arrive dans de telles circonstances. (Ndlr : faisant allusion à la mort de l’étudiant Bassirou Faye) Nous avons aussi apprécié le discours d’apaisement du Président. Mais pour que cet apaisement soit traduit sur le terrain, il faut des préalables.

Cette question est posée parce que le Saes avait dit au début de la crise qu’avant toute négociation, il fallait d’abord le départ de Mary Teuw Niane, ministre de l’Enseignement supérieur. Vous maintenez toujours cette exigence?

Bien sûr, c’est un préalable. Le Saes n’a pas dit que c’est Mary Teuw Niane est le coupable, mais il est responsable. Le ministre, par son comportement soliste et guerrier, est responsable de cette situation. Il a bradé la mise en route des réformes. Ce n’est pas la réforme qui est en cause. Malgré le fait qu’on n’a pas associé le Saes au départ des Concertations nationales sur l’enseignement supérieur, notre syndicat a amené un document que tout le monde a apprécié.

La plupart des propositions sorties des concertations ont été proposées par le Saes d’ailleurs. On ne peut pas dire que les réformes sont mauvaises mais c’est la façon dont elles sont menées qui est mauvaise. Il les a malmenées au point qu’on a récolté un mort et des étudiants blessés.

Certains vont perdre leur jambe. D’autres un œil, ou des doigts. Il devrait, lui-même, tirer les conséquences et savoir qu’il a échoué dans la mise en route des réformes. Maintenant, il y a le fait que ce soit les policiers qui se sont livrés à une destruction organisée des biens des étudiants, et c’est indigne de la police.

Je crois que le Président Macky Sall, évidemment, ne peut pas s’exprimer de la même façon que moi. Mais, quand il a vu les étudiants, il était choqué. Il a dit que ce n’est pas sa conception du maintien de l’ordre. Et nous avons félicité le Président d’avoir mis le doigt sur ça et d’avoir dit que ce qui s’est passé n’est pas sa vision de l’enseignement supérieur.

Les Forces de l’ordre sont toujours présentes à l’université de Dakar ?

Ah non ! Quand elles ont fini de faire leur sale boulot et je dis ça parce qu’elles ont fait un sale boulot, elles sont parties comme des rats. Quand on a fait notre conférence de presse, le lendemain du meurtre de Bassirou Faye, on a traversé tout le campus pour revenir au siège du Saes, il n’y avait plus de policiers et jusqu’à présent je n’ai pas retrouvé de policiers dans le campus.

Le Saes a toujours demandé le déguerpissement de la police de l’enceinte de l’Université. Cela fait des années, depuis l’ancien régime que la police est stationnée au niveau du Rond point du Coud et au niveau de la Corniche. Mais on n’a jamais entendu le Saes dire quoi que ce soit parce que c’est le domaine public.

Ce qu’on a dit c’est que la police ne peut faire du campus sa caserne. Nous ne l’accepterons jamais. Evidemment, on n’a pas d’armes, nous les enseignants. Nous n’avons que notre intelligence. Malheureusement, les faits nous ont donné raison.

Est-ce que les services de la présidence ont réagi par rapport à votre communiqué qui va dans le sens de rencontrer Macky Sall?

Pas encore. Il semble que le Président est en train de réaliser un calendrier. Parce qu’il doit rencontrer le Saes qui est le principal syndicat de l’université. Il doit aussi rencontrer les étudiants. Mais là, je crains qu’il risque d’avoir des problèmes. Parce que là aussi on avait parlé au ministre qui ne fait qu’à sa tête. Je lui avais dit que le démantèlement les amicales des étudiants poserait un problème d’interlocuteurs.

Ça va être comme dans une armée mexicaine où chacun va faire n’importe quoi. La preuve, vous avez vu des étudiants aller rencontrer Me Wade, d’autres Idrissa Seck après les évènements malheureux alors que, d’après leurs camarades, ils ne sont pas mandatés pour le faire.

Le gouvernement aura la tâche de réorganiser le mouvement étudiant comme il a cherché actuellement à réorganiser le mouvement du Mfdc (Mouvement des forces démocratiques de la Casamance) à travers ses multiples factions. Parce qu’on ne peut pas avoir dix mille interlocuteurs à la fois.

C’est une erreur fondamentale d’avoir démantelé ces amicales et cela c’est la faute de l’ancien recteur, Saliou Ndiaye pour ne pas le nommer. Il n’y a que la Faculté de médecine qui a une ami- cale. Ils ont même démantelé la Coordination des étudiants au niveau de l’Ecole supérieure poly- technique où j’enseigne. Aujourd’hui, le mouvement étudiant est complètement déstructuré. Le Président va parler avec qui ?

Et quel sera le sort de cette année largement compromise ?

On trouvera les moyens. On a proposé quelques solutions. L’Etat doit faire des efforts. Par exemple si le gouvernement nous donne certains endroits comme Sorano, le Grand théâtre, le Cices provisoirement pour les cours magistraux.

Parce qu’on ne peut pas attendre. Les nouveaux bacheliers sont là. C’est un problème qui ne peut pas attendre et il faudra le résoudre là maintenant.

Le Quotidien