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Sidy Lamine Niasse : "Pourquoi Macky est aujourd’hui coincé..."

La coopération entre le Sénégal et le monde arabo-islamique est peu fructueuse depuis l’arrivée du nouveau régime. Analysant les raisons de cet échec, dans un entretien accordé à Walf, Sidy Lamine Niasse, qui fût un grand facilitateur des relations sous Diouf comme Wade, soutient que "Macky préfère toujours passer par l’Occident. Au lieu d’y aller directement, il préfère passer par les Français."
Extraits de l’entretien


Rédigé par leral.net le Vendredi 28 Novembre 2014 à 11:58 | | 25 commentaire(s)|

Sidy Lamine Niasse : "Pourquoi Macky est aujourd’hui coincé..."
"Wade avait, très tôt, rectifié le tir. Il avait même joué un rôle sur le dossier nucléaire iranien. S’il a réussi à avoir son sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci), c’est parce qu’il est venu et leur a tenu un discours qu'ils n'ont pas l'habitude d'entendre. Il leur a ainsi dit : « Où est l’Islam ? Nous sommes pauvres et vous mettez votre argent ailleurs. Est-ce que l’Islam n’est que cultuel ? ». Il a eu un discours très dur et le roi d’Arabie Saoudite l’a pris en aparté pour lui dire : « Tu auras ton Oci et on va investir ». Et il avait par la suite beaucoup d’amis dans le monde arabe au point que quand on parle de Karim, on pensait à ces pays plus que le monde occidental. Et même le monde occidental était frustré par cette diversification des partenaires du Sénégal. Car, tous passaient par l’Occident en général, la France en particulier. Il y avait une diplomatie tripartite : le monde arabe, l’Occident et l’Afrique. Cela, pour dire que Wade l’avait compris très tôt et a pu faire bénéficier au Sénégal de beaucoup de projets, surtout lors du sommet de l’Oci avec pas mal d’investissements

Macky a essayé, il a été dans les pays du Golfe et au Koweït, mais cela tarde à donner des résultats importants. A mon avis, Macky préfère toujours passer par l’Occident. Au lieu d’y aller directement, il préfère passer par les Français. Hier, Ousmane Tanor Dieng était en Iran. Et c’est par le biais de ses amitiés en France. Or, ce pays est très mal vu du côté de l’Iran. Mettre un élément des Français qu’on va présenter comme l’ami des socialistes français n’est pas une carte bénéfique. Le problème n’est pas seulement technique. L’Homme a souvent besoin d’être rassuré par un ami. Quand il va au Koweït ou ailleurs, il y a toujours l’Occident derrière. Or, avec Diouf comme avec Senghor, on passait par les amis. Les portes des pays du monde arabe sont diverses. Tout dépend de comment vous êtes venu.

Je ne connais pas comment fonctionne tout le système de Macky avec le monde arabe, mais on tarde encore à voir des résultats alors que les machines étaient déjà déclenchées. Aujourd’hui, dans ce contexte de conflits en Moyen Orient, nos relations devraient être renforcées parce que la diplomatie se renforce en temps de crise, contrairement à ce que d’autres peuvent avancer. Pour les raisons que j’ai avancées plus haut, il sera difficile pour un Arabe de voir un Turc ou un Perse venir lui régler son problème ; il y a toujours des réserves. Avec l’Africain, ce problème ne se pose pas. Mais là aussi, il ne faudrait pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Il y a aujourd’hui trois pays qui se battent pour contrôler le monde islamique : l’Arabie Saoudite, l’Iran et la Turquie. Et chacun d’eux trouve au Sénégal un prototype de pays de dialogue. Ainsi, notre pays gagnerait à avoir avec lui ces trois pôles".