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Souleymane Ndéné Ndiaye en mode déballage : "Wade voulait que Macky se désiste au second tour"

Souleymane Ndéné Ndiaye s’est vraiment lâché, mercredi, à l’émission Faram facce de la Tfm. En wolof bien sûr. L’ancien Premier ministre ne confirme pas la thèse du forcing de Wade pour se maintenir au pouvoir. Mais au moins, il révèle que le candidat sortant a rêvé de voir son adversaire au second tour, Macky Sall, se désister. Le désormais ex-responsable du Pds revient également sur la médaille que son «ami» lui a accrochée lundi dernier. Macky Sall a failli rire de la mine sérieuse et solennelle de Ndéné. C’aurait été sûrement un croustillant li­vre-mémoires épicé de petits secrets du Palais avec Wa­de, d’anecdotes et de coulisses de la Présidentielle de 2012.


Rédigé par leral.net le Vendredi 3 Avril 2015 à 11:06 | | 0 commentaire(s)|

Souleymane Ndéné Ndiaye en mode déballage : "Wade voulait que Macky se désiste au second tour"
Macky à l’Assemblée : «Souleymane, je ne démissionne pas ; je vais me battre»
«J’ai dit à Macky : Saches que le Président Wade n’a plus confiance en toi. Il paraît que tu as convoqué Karim Wade à l’Assemblée nationale. Le Président est fou furieux. Je te conseille de rendre le tablier, faute de quoi, je peux t’assurer que tu feras face à un orage qui va te dévaster. Il m’a dit : «Ah oui ?» Je lui ai dit : «Bien sûr ! Appelle ton directeur de cabinet Mahammad Dionne et demande-lui de te faire une lettre de démission et de la déposer au Palais.» Il m’a dit : «Je te répondrai.» Et puis je suis reparti avec Awa Diop que j’avais voulu faire témoigner cet échange. Une semaine plus tard, on s’est retrouvés tous les deux à l’aéroport. Il m’a dit : «Souleymane, je ne démissionne pas ; je vais me battre.» J’ai dit : «Tant pis, c’est ton droit !» Donc, des gens sont allés dire au Président Wade que Macky a convoqué Karim à l’Assemblée nationale pour lui faire parler wolof, pour l’humilier. Et le Président y a cru. Quelques jours avant l’exclusion (sic) de Macky Sall, lors de la présentation de vœux des corps constitués, tous les députés ont refusé d’être derrière Macky Sall parce qu’ils ne le reconnaissent plus comme président de l’Assemblée nationale. Seuls Pape Samba Mboup et moi avions eu le courage de lui serrer la main et de lui faire une accolade. Mboup a sauté pour les traiter de tous les noms. Il leur a dit : «Ce que vous faites ne vient pas de Abdoulaye Wade ; vous êtes des hypocrites !» Pape Samba Mboup m’est témoin. Donc voilà, ils l’ont poussé à bout.

«Mon texto à Macky»
Au premier tour de 2012, on m’a prêté d’avoir appelé Macky Sall pour le féliciter. En fait, ce qui s’est passé, c’est que Serigne Mbacké Ndiaye avait déjà proclamé des résultats le jour du scrutin, vers minuit (Ndlr : donnant Wade 51%). A la suite de cela, j’ai entendu Macky Sall faire une déclaration violente. Alors, le lendemain, j’appelle Farba Ngom pour lui demander de me passer un autre numéro de Macky Sall puisque celui que j’avais était sous boîte vocale. Je lui envoie un texto et il m’appelle. Je lui dis : «J’ai entendu ta sortie musclée. Je tiens à te dire que ce que Serigne Mbacké Ndiaye a dit n’engage que lui. Donc, si tu veux gagner, ne fais plus ce genre de réactions.»

Quand Wade rêvait du désistement de Macky au second tour
Le lendemain matin, le Président Wade m’a appelé. Il me dit : «Tu es où ?» Je lui réponds : «Je suis chez moi.» Il poursuit : «Bon, je suis au stade de réflexion... J’avais promis aux Sénégalais de ne pas faire moins que Abdou Diouf parce des faucons l’avaient poussé à se maintenir mais il m’avait quand même appelé pour me féliciter. Si les tendances actuelles se confirment, je pourrais me retrouver avec Macky Sall au second tour. Et moi, j’ai juste quelques projets à finir. La Constitution dispose, en effet, qu’après la proclamation des résultats officiels du premier tour par le Conseil constitutionnel, si l’un des candidats se désiste, l’autre est proclamé élu. Donc, je voudrais en discuter avec Macky pour voir s’il acceptera de se désister.» Je lui ai dit : «Je peux le faire venir tout de suite au Palais.» Il me dit : «Non, rejoins moi et on en discute d’abord.»

Wade à Karim et Pape Diop : «Laissez-nous un peu ; nous parlons des affaires d’Etat»
C’est ainsi que j’ai appelé Macky pour lui dire de ne plus tenir des déclarations incendiaires puisque nous cherchons à pacifier la suite du processus électoral. Et puis, les gens peuvent dire au Président : «Macky Sall est en train de t’attaquer et Souleymane Ndéné Ndiaye te demande de te désister.» Une fois au Palais, devant Pape Diop et Karim Wade, le Président dit : «Macky va se désister.» J’ai dit : «Non Président, il ne peut pas le faire puisqu’il est votre challenger. Et puis vous avez dit que vous ne voulez pas faire moins que Diouf.» C’est comme ça qu’il a enterré cette option. Puis, il dit à Pape Diop et à Karim : «Laissez-nous un peu ; nous parlons des affaires d’Etat.»

Macky à la décoration de l’ex-Pm : «Souleymane, sa sérieux bi daf may reetaan loo»
Dieu sait que ma décoration par le Président n’a aucun lien avec l’annonce de mon départ du Pds. C’est l’Amiral Sall de la Chancel­lerie qui m’a appelé un jour pour m’informer que le chef de l’Etat a décidé de vous élever, en même temps que d’autres personnalités, au rang de Grand Croix dans l’ordre national du Lion. Et ce qui a été fait lundi. (…) Quand le Président m’accrochait la médaille, il était presque sur le point de rigoler. Il me dit : «Non, Souleymane, sa sérieux bi daf may reetaan loo (Ton sérieux me fait rire).» Et je lui ai répondu : «Mais qu’est-ce que tu veux ? Tu veux que je m’esclaffe ? Il faut que je sois sérieux quand même.» Pour lui, je ne devais pas afficher une telle mine parce que j’ai en face de lui un ami. Il m’a d’ailleurs dit, sur un air taquin : «Je vais battre les faux candidats-là.» On a rigolé et puis c’est tout.»

Le Quotidien avec Tfm

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