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Surenchère politique : et si on se rappelait un peu des suffrages ?

Depuis quelques temps une partie de la gauche traditionnelle saisit des occasions pour faire dans la nuance voire dans l’attaque contre la politique du Chef de l’État. Ce comportement aussi démocratique soit-il n’épouse pas les règles éthiques d’un sens de la mesure. Nous n’allons pas faire dans « la réponse du berger à la bergère ». L’absurde dans la surenchère verbale est que cette même gauche est en alliance avec le Président Macky Sall dans le cadre de Benno Bokk Yaakar. Cette attitude du « un pied dedans, un pied dehors » n’est pas cohérente si on s’appuie sur une base éthique. Les pourfendeurs sont-ils dans la cohérence étique ou simplement politicienne ? Le propos de cette présente réflexion ira dans le factuel des suffrages obtenus par les partis politiques au Sénégal depuis 1978 pour voir si la surenchère érigée en méthode colle avec une certaine adhésion populaire unique mesure fiable en démocratie. En somme, la gauche très médiatique fait elle foule au point de prétendre etre le porte-voix des masses.


Rédigé par leral.net le Lundi 8 Juin 2015 à 18:15 | | 0 commentaire(s)|

Surenchère politique : et si on se rappelait un peu des suffrages ?
Nous savons tous que les scores des partis de gauche ne sont pas extraordinaires au Sénégal. En 1983, le score cumulé des trois candidats de gauche à l’élection présidentielle ne dépassait pas 2% pour un total de moins de 20 000 voix. En 1988, les deux candidats de gauche à la présidentielle avaient cumulé à peine 1% de l’électorat pour moins de 12 000 voix. Les meilleurs scores de la gauche à une élection présidentielle au Sénégal datent de 1993 avec un Landing à 2,91% et un Bathily à 2,41%. Beaucoup de partis de gauche n’ont jamais osé aller seuls à une élection présidentielle.
C’est le cas par exemple du PIT qui, depuis sa création, n’a jamais participé seul à une élection présidentielle. C’est son choix sans doute dicté par une certaine realpolitik.

Ce parti a toujours soutenu une candidature en fonction de sa lecture propre des évènements et de ses intérêts. Parmi ces soutiens, il y a eu Abdoulaye Wade opposant. Il y a eu aussi Abdou Diouf au sommet de sa gloire. Au niveau législatif, le PIT avec moins de 6000 voix en 1983 n’avait pas pu obtenir un seul député. En 1988, avec moins de 10 000 voix, il n’a pu non plus obtenir de député. C’est en 1993, avec 3% de l’électorat, que ce parti a eu son meilleur score avec 2 députés. En 1998, il perdit un député avec moins de 1% des voix. En 2001, il eut un siège avec moins de 11 000 voix. Ce rappel des chiffres n’est pas pour dévaloriser ce parti qui regorge de cadres émérites et patriotes. Seulement en démocratie, c’est le peuple qui choisit et ce peuple apparemment n’a pas la même lecture que le PIT.

Au-delà du PIT, une analyse des scores du PS depuis 1978 montre tout de suite une tendance lourde de sens. En 1978, Feu le Président Senghor avait eu 807 515 voix. En 2012, le candidat du PS avec la coalition Benno ak Tanor a eu 305 924 voix. En clair, en 34 ans (1978-2012), l’électorat a augmenté au Sénégal et le PS a perdu plus de 500 000 voix. Ce sujet sur les raisons de la chute libre de ce parti doit préoccuper ses dirigeants qui avec 10 députés en 2001 en ont eu 20 par le truchement de Benno Bokk Yaakar. Le PS semble encore ignorer que l’électeur sénégalais moderne n’aime pas la politique politicienne. L’attitude consistant à être dans Benno Bokk Yaakar tout en critiquant avec véhémence le patron de la coalition ne sera pas payante.

Si le PS opte pour une candidature autre que le Président Macky, c’est son droit. Ce choix fera imploser le PS qui ne sera pas uni derrière un socialiste. Il appartiendra au peuple de choisir entre la continuité vers l’Emergence incarnée par Macky et un retour en arrière. Une élection se gagne village par village, quartier par quartier au-delà des buzz médiatiques des partisans de l’actuel Maire de Dakar qui avec les 76 000 électeurs de la liste Taxawu Dakar lors des locales oublient qu’ils n’ont eu que 11% des 679 000 inscrits de la capitale. Lors des locales de 2014, plus de 64% des Dakarois n’ont pas voté. Avec 76 000 voix à Dakar, il reste du chemin pour être éligible vers le palais surtout face à des sénégalais qui ne sont pas nostalgiques des années de braise d’avant 2000.

Puisque nous sommes dans les chiffres, terminons avec les deux partis d’opposition : le PDS et le REWMI. En 2007, le Président Wade avait eu 1 914 403 voix. Cinq ans plus tard, il perdit en 2012 près d’un million d’électeurs pour tomber à 942 327 voix. Quelques mois après la présidentielle, Pape Diop, Abdoulaye Baldé, Abdou Fall, Alioune Sow et tant d’autres partirent librement sans que l’APR n y soit pour quelque chose. Quelques autres mois plus tard, Ousmane Ngom, Souleymane Ndéné Ndiaye ne sont plus dans le SOPI qui, sous peu perdra certainement d’autres ténors parce que le PDS semble être la marque déposée de la famille Wade. A quand s’arrêtera cette descente du PDS ?

Autre parti d’opposition, le Rewmi. Son leader Idrissa bien parti en 2007 avec 510 922 voix perdra près de 300 000 en 2012 avec seulement 212 853 suffrages. Au lieu d’analyser son déphasage avec l’électeur sénégalais, Idy continue dans une logique faite de calculs sans prise sur la réalité. Il semble ignorer qu’il ne fait plus foule.

Au total, ce que les hommes politiques ne semblent pas avoir compris, c’est la dynamique qui porte le Président Macky Sall qui, en trois ans d’existence de l’APR a eu 719 367 voix soit plus de deux fois plus de voix que le PS qui avait en plus de 50 ans. Macky est dans le champ du développement de la nation et le peuple élégant sait que cet homme de 53 ans a plus d’étoffe que ses adversaires. Ce ne sont pas les couacs inhérents à toute œuvre humaine qui feront perdre au peuple sa conviction d’un choix lucide de la continuité vers l’émergence avec cet homme apte pour le job.

Je crois sincèrement que tout conflit crypto personnel mis à part, la candidature du Président Macky Sall doit être portée par tout Benno Book Yaakar pour une continuité vers l’Emergence. La gauche et le PS ont intérêt à ne pas rater le train de l’histoire. Ce que les alliés ne savent pas, c’est qu’il y a de fortes chances pour que le peuple plébiscite le Président Macky qui en trois ans a pris des mesures sociales qu’aucun régime n’a osé prendre depuis les indépendances. Le Président Macky est en train de faire des réformes et réalisations dans tous les domaines en faisant face à des oligarchies de toute sorte dans un Sénégal complexe. Il est en train de changer les bases de la croissance nationale pour l’orienter vers des secteurs employant le plus grand nombre. Voilà le chantier véritable et révolutionnaire !

Il serait dommage de mettre la gauche dans des attitudes oligarchiques anachroniques au moment où le Sénégal bouge globalement dans le bon sens. Benno Bokk Yaakar doit se ressaisir en évitant de donner du grain à moudre à une opposition qui a une autre conception du Sénégal. Certes, tout n’est pas rose. Tout ne le sera pas. Globalement le pays va bien. Il serait vraiment dommage que les alliés (surtout la gauche historique qui s’est battu depuis les indépendances) mettent en avant des intérêts crypto personnels de courtes vues dans le contexte consensuel tracé par le Président Macky à travers le PSE. Si le pays doit choisir entre l’avenir incarné par Macky et le passé socialiste ou libéral, ce ne sera pas la surenchère qui va embrouiller son libre arbitre. L’intelligence du peuple est silencieuse. Contrairement aux élites qui excellent dans la surenchère, le peuple a déjà assez montré la voie à travers ses suffrages depuis 1978. Une analyse de ces expressions démocratiques du peuple devrait aider à plus d’humilité quand on prétend parler à son nom. Hélas, les tonneaux vides feront toujours plus de bruits que ceux-là qui sont pleins. Ainsi va la vie.

Mamadou NDIONE
Économiste Écrivain
Cadre APR DIASS