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Tension permanente dans l’espace éducatif sénégalais : Serions-nous incapables de sauver l’Ecole ? - Oumar Ndiaye


Rédigé par leral.net le Lundi 6 Juin 2016 à 11:49 | | 0 commentaire(s)|

Nos chers enfants s’apprêtent à affronter les examens de fin d’année 2015/2016 dans un contexte lourd d’inquiétudes. La tension persiste dans l’espace éducatif mais surtout pour l’école publique sénégalaise. La situation demeure extrêmement préoccupante. Pour rappel, la coalition et des partenaires, en rapport avec les antennes régionales, n’ont cessé d’entreprendre des actions de mobilisation pour la pacification durable du secteur. Les différentes initiatives ont permis de mobiliser la conscience citoyenne et d’échanger avec les acteurs directs ; elles ont abouti, cette année, à la suspension du mot d’ordre de grève du Front Unitaire des Syndicats de l’Enseignement (FUSE). Cependant la menace reste pesante avec une radicalisation inquiétante de la part des protagonistes directs. La gravité de la situation suggère des actions urgentes, pertinentes et efficaces.

Face à cette situation, le gouvernement s’évertue à démontrer que ses réponses seront poursuivies au moment où une partie des syndicats dénonce une lenteur et de la diversion dans la réalisation des accords signés. Cet état de fait a débouché sur une logique de radicalisation, de stigmatisation et de menaces à travers, d’une part des ponctions sur les salaires et mesures de réquisitions et, d’autre part des grèves perlées et une rétention des notes. A n’en pas douter, il est bien permis de dire que « les élèves sont pris en otage » dans un conflit qui n’a pas fini de leur causer des préjudices incommensurables, d’année en année.

Après plusieurs rencontres avec les acteurs directs, la coalition a voulu construire une position qui reflète la synthèse la plus objective et la plus haute possible des points de vue des antennes régionales, des instances et des membres avec des propositions fédératrices qui vont au-delà des actions spécifiques et catégorielles. Ainsi, il peut être retenu :
du gouvernement : l’arrêt des menaces, réquisitions et coupures de salaires, tout en convaincant les acteurs par l’application hardie et immédiate des accords signés ;
des syndicats d’enseignants : la suspension de la grève, tout en poursuivant l’action revendicative sous des formes pouvant aussi faciliter des initiatives de médiation ;
de tous les acteurs : un suivi stratégique efficace, tout en construisant des alliances fortes autour de l’ambition d’assurer à notre système éducatif une stabilité pérenne, gage de performances. Les vacances prochaines devraient être mises à profit pour parachever les points en suspens.
Dans un contexte de dialogue national et face au développement d’une citoyenneté éclairée, active et exigeante, il est important de se rendre à l’évidence que la majorité des citoyens dont les enfants fréquentent l’école publique ne veut retenir que la seule exigence qui est de voir leur école fonctionner de manière permanente, stable et performante, au bénéfice des enfants et du pays.

Cela appelle une convergence de tous les acteurs autour des trois impératifs que sont : le bannissement de toute forme de radicalisation et menace, une ouverture sincère au dialogue et une mobilisation citoyenne pour sauver l’école et conforter la place prioritaire de l’éducation dans le processus du développement.

Pour une réponse durable, il revient au gouvernement de s’appuyer sur les importants acquis que constituent les conclusions des diverses concertations, à l’image des Assises nationales de l’Education et de la Formation et de la Concertation nationale sur l’Avenir de l’Enseignement supérieur. Dans ce sens, la mise en place d’un dispositif de suivi reste une urgence à l’heure où le consensus est bien établi sur « ce qui ne va pas et sur ce qu’il faut faire ».

Enfin, les objectifs de stabilité et de performances ne sauraient être atteints sans une prise en charge équitable et juste des conditions sociales et de travail de l’enseignant, premier facteur de qualité, pour que dans le discours et les actes, cet acteur majeur bénéficie d’une image sauve, reluisante et motivante.

Cordialement

Oumar NDIAYE,
Responsable de communication de la Cosydep