Depuis quelques semaines, en plus de menacer de faire péter la Terre à l’aide de son meilleur ennemi, Kim Jong-un, le président américain explose la planète sport dans son pays. On sait le sport américain, depuis plusieurs années au moins, engagé politiquement. Colin Kaepernick à genou pendant l’hymne américain contre les violences policières envers les Noirs, la NBA qui prive de All Star Game un Etat  pour ses lois anti-transgenres, les vestiaires divisés entre Blancs et Noirs pour la dernière élection présidentielle, des coachs engagés publiquement, des joueurs de NBA qui disent régulièrement tout le mal qu’ils pensent de Donald Trump…

Le point culminant de la brouille entre Trump et les sportifs de son pays se déroule autour d’un carton d’invitation. Celui automatiquement lancé par le président américain aux Golden State Warriors, champions de NBA en titre et donc invités à la Maison Blanche pour un discours présidentiel. Avec Barack Obama, fan de basket et des Bulls (une gageure respectable aujourd’hui au vu de l’état de délabrement dans lequel se trouve l’équipe de Chicago), et surtout moins clivant que l’actuel homme fort de Washington, c’était facile et bon enfant. Rencontrer Trump, après ses nombreuses saillies, c’est plus compliqué, en termes d’image ou tout simplement d’envie.


«Dissension et haine»

En août, Kevin Durant, ailier des Golden State Warriors, avait déjà expliqué  ne pas compter se rendre à la Maison Blanche, à l’instar de l’équipe de basket universitaire de North Carolina. Durant avait notamment justifié son acte par ce qui s’était passé à Charlottesville. Dans une interview donnée à ESPN vendredi, son coéquipier Stephen Curry a confirmé ce que chacun savait depuis l’élection de Trump l’an dernier : s’afficher avec ce président américain et lui donner une tribune permettant de faire oublier le temps d’une cérémonie ses outrances allait être compliqué pour une équipe NBA. «C’est sûr, on ne va pas précipiter une décision dont il faut mesurer la signification», a-t-il confié.


Vexé, Trump a préféré annuler avant que Stephen Curry et les Warriors ne confirment officiellement leur décision de ne pas y aller : «Aller à la Maison Blanche est considéré comme un grand honneur pour une équipe du championnat. Stephen Curry hésite, donc l’invitation est retirée.» «Je ne sais pas pourquoi Trump se sent obligé de s’en prendre à certaines personnes plutôt qu’à d’autres, a réagi Curry. Ce n’est pas comme ça que les leaders agissent.» Steve Kerr, son coach, a carrément dit «vivre le moment de discorde le plus important depuis la guerre du Vietnam». Les Warriors ont dans la foulée pris acte de la décision de Trump et expliqué  vouloir venir dans la ville de Washington DC pour «célébrer l’égalité, la diversité et l’intégration».

Rival de Curry sur les parquets, LeBron James a défendu le meneur de jeu. D’abord dans un tweet, où le «King» a adressé ses griefs  à Trump, traité au passage de «clodo» (bum, en VO) : «Aller à la Maison Blanche était un honneur avant que tu y sois.» Puis dans une vidéo où, l’air grave, il dit avoir à s’exprimer dans cet «instant très critique», appelant les Américains à «rester unis de manière encore plus forte». Même Kobe Bryant, pourtant peu loquace quand il s’agit de politique, s’est fendu d’un tweet expliquant que les mots de Trump, qui «créent de la dissension et de la haine, ne peuvent pas "rendre les Etats-Unis de nouveau grands"», reprenant ainsi le slogan «Make America Great Again» de Trump.