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Un dialogue national pour quoi faire ? Par Me Abdoulaye Tine

Rédigé par leral.net le Vendredi 27 Mai 2016 à 09:49 | | 1 commentaire(s)|

Un dialogue national pour quoi faire ? Par Me Abdoulaye Tine
C’est sans doute l’une des questions que doit se poser l’opposition sénégalaise et ceci à quelques jours du 28 mai 2016, date de démarrage du dialogue politique national prônait par le Président Macky SALL.

Selon Maître Abdoulaye TINE, Avocat au Barreau de Paris et Docteur en Droit, « lorsque l’on connait le climat conflictuel qui a jusqu’ici régnait entre cette opposition et le Président SALL, on ne peut qu’être surpris aussi bien par la spontanéité que par le caractère inattendu de la démarche.. »
En effet, ces dernières années, des opposants au régime ont été assez régulièrement emprisonnés pour « offense au Chef de l’Etat », des marches de l’opposition systématiquement interdites, des opposants sont encore même en prison pour des affaires en rapport avec leur gestion antérieure des affaires publiques.

Dans un tel contexte, on est bien en droit de se poser la question de savoir si l’opposition sénégalaise peut et doit raisonnablement croire à la sincérité d’un tel appel, s’interroge l’avocat ?

Par ailleurs, analysant la situation qui prévaut toujours sur le champ social, concernant les syndicats et les associations de la société civile, Me TINE constate également que les rapports de force entre syndicats et Gouvernement sont plus que jamais tendus, voire empreints de conflictualité aux origines diverses et variées.

Dès lors, peut-on également croire à cette volonté subite de dialoguer et de vouloir parvenir à « une trêve sociale » avec les syndicats ? Alors même que la plupart des négociations entreprises ont échouées jusqu’ici ; si elles n’ont pas été tout simplement inexistantes ?

Malgré tout, Me TINE est d’avis qu’il est toutefois devenu nécessaire que l’opposition et le pouvoir se retrouvent pour tenter de décrisper le climat politique Sénégalais et de donner ainsi un souffle nouveau à notre jeune démocratie.

C’est pourquoi, il pense qu’il est heureux que le Président ait initié et étendu le champ des consultations à venir, à l’ensemble des acteurs nationaux.
Citant Montesquieu, l’avocat rappelle que « chaque régime politique à ses vertus spécifiques » et que les vertus de la démocratie, ce sont l’apaisement et la modération.

L’apaisement donc du côté du pouvoir et la modération du côté de l’opposition indique-t-il.

Ce qui implique un esprit de responsabilité pour tous les acteurs du jeu politique et national.

Mais, au-delà de l’argument officiel, s’interroge Me TINE qu’est d’apaiser le climat politique et social, quelles peuvent être les motivations profondes du Président Macky SALL en initiant cette démarche ?

Dialogue politique national ou stratégie politique tout simplement ?

Quoi qu’il en soit, les actes qui seront posés dans les jours et les semaines à venir seront décisifs pour édifier les sénégalais sur la solidité de cet engagement au dialogue, mais aussi pour juger de la sincérité de cette démarche.

Me TINE insiste particulièrement sur le fait que ce dialogue devra être de toute manière « national mais surtout participatif ».

Ce qui signifie que le Président Macky SALL devra faire preuve de crédibilité, de sincérité et surtout fournir plus d’efforts d’écoute, tout en faisant par ailleurs preuve d’une grande volonté d’impliquer tous les participants à l’adoption d’un compromis sur les points qui seront en débat.

Mais quels peuvent être les objectifs d’un dialogue national dans le contexte actuel sénégalais, un pays qui ne traverse pas une crise politique et sociale majeure à l’égard de la Tunisie, de l’Egypte, du Congo, du Burundi ou encore de la Guinée ?

Selon Me TINE, ce dialogue devra répondre à un triple objectif à savoir : parvenir à une société sénégalaise plus stable, plus sûre et plus juste pour tous ; en un mot à une démocratie apaisée.

En clair, il s’agit de donner tout simplement un souffle nouveau à notre jeune démocratie.

Ce qui passera à l’en croire, par le respect des principes démocratiques d’une part et d’autre part par la primauté de l’Etat de droit ; pour ainsi réduire, voire éliminer les facteurs de conflictualité au sein de l’espace politique et sociale.

Remettre l’éthique démocratique au cœur du jeu politique et national, tel doit être le défi majeur qui devra être relevé dans le cadre d’un dialogue national véritable.

Me Abdoulaye Tine
Avocat à la Cour