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Un journaliste dévoile l'identité d'une romancière, anonyme depuis 20 ans

le 5 Octobre 2016 à 10:10

Sous le pseudonyme d'Elena Ferrante, l'auteure du roman à succès "L'Amie prodigieuse" vivait tranquillement à l'abri des regards et de l'attention médiatique depuis plus de 20 ans. Avant qu'un journaliste italien ne vienne dévoiler son identité. Une enquête très controversée...


 

© Capture d'écran.

Personne ne connaît l'identité de la romancière Elena Ferrante, pourtant citée pour le Prix Nobel de littérature. Du moins, ne connaissait. Car le journaliste Claudio Gatti du prestigieux quotidien italien "Il Sole 24 Ore" prétend désormais l'avoir démasquée et son enquête a été publiée dans de nombreux journaux étrangers, à New York, en Allemagne et sur le site Mediapart. 

Méthode controversée
Selon lui, Elena Ferrante est en réalité Anita Raja, une traductrice romaine d'origine polonaise et la nouvelle a été très largement relayée par les médias. Si l'on peut comprendre la curiosité du journaliste et l'excitation d'un si vieux mystère non élucidé, ses méthodes choquent en revanche le monde littéraire italien et de nombreux observateurs. En effet, Claudio Gatti n'a pas hésité à éplucher les comptes de son éditeur et à fouiller les actes d'achats immobiliers de son couple. Selon le journaliste, les bénéfices de la maison d'édition auraient ainsi augmenté fortement en 2014 et deux fois plus en 2015, une hausse qui se vérifie dans les revenus de la "traductrice indépendante" Anita Raja. 

Anonymat précieux
Elena Ferrante écrit depuis 1992 et a accédé à la notoriété internationale grâce à son roman L'Amie prodigieuse ("L'Amica geniale", 2011), l'histoire d'une amitié entre deux fillettes, aux destins contraires, issues d'un quartier populaire de Naples. Depuis ses premiers succès, l'auteure ne communique que par écrit et "ses éditeurs français prétendent ne jamais l'avoir rencontrée ", relate Francetvinfo. "J'ai simplement décidé une bonne fois pour toutes, il y a de cela plus de vingt ans, de me libérer de cette angoisse qu'engendrent la notoriété et ce désir de faire partie d'un cercle de personnes qui réussissent, ceux qui pensent qu'ils ont gagné je ne sais quoi", expliquait-elle d'ailleurs à Vanity Fair en 2015.

Débat
Les écrivains, la presse culturelle et les lecteurs participent aujourd'hui au débat. Ainsi, selon l'auteur Erri de Luca, l'identité d'Elena Ferrante n'intéresse personne, "c'est son son oeuvre ", qui compte. Son éditeur Sandro Ferri a également exprimé sa profonde indignation et accusé le journaliste de traiter sa romancière "comme une criminelle ". La revue The New Yorker  a quant à elle ironisé sur la démarche, regrettant que Claudio Gatti n'ait pas plus plutôt choisi d'éplucher les comptes de Donald Trump. Le journal d'investigation français Mediapart, part contre, n'éprouve aucun remord et estime que la culture peut elle aussi constituer un terrain d'enquête. 

Présentation du roman "L'Amie prodigieuse", avec Pascale Frey à découvrir ci-dessous. 


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