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Une Bousso Drametique !

Rédigé par leral.net le Dimanche 17 Août 2014 à 19:00 | | 0 commentaire(s)|

Qui se souvient de Bousso Dramé ? Une Dakaroise mi-bimbo mi-intello à la voix chatoyante dont la croupe ne laisserait pas indemne le plus constipé des barbus de Ndakarou Ndiaye. Elle a cassé les tympans à la terre entière pour une affaire de bouderie de visa. P’tit rappel du p’tit railleur qui n’a décidément pas honte de toujours claironner le crépuscule des idoles.


Une Bousso Drametique !
Bousso Dramé, à son âge, son cursus et son boulot, participe à un concours d’orthographe organisé par l’Institut français. Déjà un conseil : une prochaine fois, il faut éviter de concurrencer dans cette épreuve les lycéens et étudiants qui doivent tellement travailler leur orthographe.
Au final, elle fait partie des lauréats (précision de taille car elle n’est pas la seule au panthéon ; les autres prenant juste les allures du soldat inconnu dont tout le monde se fout royalement).
La récompense est un voyage aller-retour Paris-Dakar et une formation dans un institut de réalisation de film documentaire.
Au bout du compte, Bousso refuse le visa du Consulat de France car victime de «propos vexatoires et de comportements humiliants».

Au lieu de refuser, en silence, le précieux sésame qui fait saliver des milliers de goorgoorlous dans ce pays de la dèche, Bousso préfère se monter le bourrichon et prendre sa plume la plus fine pour crier haut et fort son geste «héroïque». On n’est jamais mieux servi que par soi-même ! Une lettre très ouverte est adressée au Consul de France pour refuser un visa, mais surtout pour l’annoncer au monde entier comme geste d’envergure, de courage et de dignité.

Et c’est parti ! Dans une Afrique ou l’anti-impérialisme est le nouvel opium du peuple, toute action -même la plus débile- visant à conspuer l’ancien colon trouve résonnance partout. Des intellos pouilleux qui ne lisent plus depuis belle lurette, aux étudiants en retrait des amphis à défaut de bourses versées à temps, aux droits-de-l’hommistes pour lesquels aucune cause n’est de trop (sauf celles qui méritent de s’engager) au simple citoyen lambda dont la faim et le chômage structurels font perdre la tête.

L’occasion est trop belle pour passer. Bousso détonne, manipule et voit ainsi l’horizon d’une gloire facile se dessiner. Il faut s’y engouffrer et surfer sur la vague. Elle crée une page Facebook pour accueillir ses milliers de fans (pour rappel, elle a alors déjà un compte Facebook personnel), les pages et tribunes de soutien se multiplient (l’intello oisif comme Mandiaye Gaye s’y met aussi en déclarant que Bousso nous rappelle les grandes femmes d’Afrique), les demandes en mariage affluent. La belle cambrure de Bousso ne laisse pas non plus les pervers étrangers. Pour ces derniers, il n’en faut pas beaucoup pour …pénétrer partout.

La tribune de la nouvelle icône est reprise partout dans le monde : interview à Jeune Afrique et émissions radios…
Tout discours mesuré est exclu et assimilé à une vulgaire manifestation d’une jalousie primaire. Les sceptiques de nature sont voués aux gémonies, on les ostracise et menace même de les soumettre au châtiment pour haute trahison. Quand le peuple noir est humilié, il faut faire front, en commun, pour laver l’affront. Une icône est née. On l’appelle Rosa Parks, Yacine Boubou, Winnie Mandela, mais jamais Lucrèce Borgia, la perverse manipulatrice, comploteuse à souhait. Et pourtant…

Rares sont ceux qui accusent la jeune héroïne de cracher dans une soupe qu’elle mange des années durant. La délicatesse reconnue des agents de l’administration consulaire française ne date pas de ce jour. Mais la posture du demandeur influe fortement sur sa façon de gérer ce moment pré retrait du visa. Il est évident que le comportement de l’employée de la Banque mondiale devant une guichetière peu commode est différent de celle d’une jeune bachelière qui part rue Saint Guillaume pour étreindre la douce France de ses mains rugueuses.

Les agents du Consulat de France ne se sont pas rendus célèbres par leur sourire cristallin et leur mine toujours joviale. D’ailleurs, quels agents consulaires sont agréables ? Je n’en ai jamais vu. On dirait que c’est un métier pour lequel la fiche de poste requiert mine renfrognée et visage de cadavre putréfié. Refuser un jour ce que l’on a accepté plusieurs fois durant ? Malhonnête.

Ensuite, traiter la France de pays raciste est le comble de la débilité. Il ne faut pas que nos causes intéressées et notre opportunisme nous fassent perdre notre intelligence et notre mesure. Profiter de la bourse de Marianne, fréquenter son fleuron académique, y passer ses vacances plusieurs saisons après et crier au racisme gaulois, il y a quelque paradoxe que mon logiciel a du mal à cerner.

En plus, l’essentialisme est un vilain défaut. Tout n’est pas noir ; tout n’est pas blanc non plus. A Sciences Po, on ne vous a pas appris cela ? Décidément, la rue Saint Guillaume a eu meilleure allure. On y formait des cons certes, mais pas à cette hauteur et surtout pas à cette quantité.
Le monde connait des individus rentrés dans l’histoire de façon remarquable : Mandela, est de ceux-là. D’autres, de façon détestable et horrible ; je pense à Hitler.

Mais en ce 21ème siècle, avec lequel j’ai vraiment du mal (la vieillesse est un naufrage), l’on voit une nouvelle catégorie de citoyens : ceux qui rentrent dans l’histoire –heureusement de façon éphémère – par la fenêtre des Wc. Tout m’horripile chez eux : leur pseudo indignation, leur posture d’auto-martyr, leur envie d’être des porte-étendards, de nous conduire vers des destins meilleurs m’insupportent au plus haut point.

En Afrique, ce n’est pas parce que nous sommes pauvres que n’importe quel gougnafier venu veuille nous manipuler et nous promettre une vie meilleure sous son leadership. Ce n’est pas parce que nous sommes pauvres qu’il ne faille pas nous respecter. S’il vous plait !

L’humanité a connu Cambronne. Il est resté dans le cœur et la tête des Français pour avoir dit un jour «merde». C’est tout.
Dorénavant, Bousso Dramé rejoint cette kyrielle d’opportunistes qui ont vu de la lumière et sont rentrés. Heureusement que pour elle, ça n’a pas duré très longtemps. Les meilleures blagues sont les plus courtes.
Néanmoins, ayant pris du goût à la starisation, notre madone refuse de quitter la scène publique pour retourner dans son anonymat qu’elle aurait pu quitter de façon plus convenable, autre que sur un plan de communication bien agencé dans un objectif bien réfléchi. Créer une page «Fan» Facebook, pour une parfaite inconnue, quelques jours avant le fameux incident du Consulat n’est pas chose courante.
Elle est dorénavant de tous combats de la «société civile» avant bientôt une entrée en politique ? Rien n’est gratuit.

Nous l’avons vu se rappeler à notre bon souvenir avec les manifestations contre le mur de la corniche qui devait abriter l’ambassade de Turquie. Invitée sur les plateaux, elle a décliné le plan d’action du mouvement spontané coaché par Atepa et dit-on le maire de Ndakarou.

A l’heure où le sang coule en Centrafrique, où le Mali voit son unité continuer à se jouer, le Maroc asseoir peu à peu son émergence, de jeunes Sénégalais partent en guerre contre…un mur. Don Quichotte Dramé à la manœuvre. Mais bon, un peuple n’a que les combats qui sont à sa hauteur. L’on sera à un niveau respectable quand nous déciderons d’escalader le mur de la transformation sociale et l’émergence économique.
Bousso Dramé ne s’arrête pas en si bon chemin. A la pitoyable émission le Grand Rendez-vous sur la 2Stv, on la voit tenir un discours foncièrement altermondialiste pour une employée de la «Banque», Global Shaper et participante au Forum de Davos ; on n’en est pas à un opportunisme près. Mais bon, la culture générale de nos journalistes étant proche du néant, voire en deçà, on peut leur faire gober n’importe quoi, pourvu qu’on ait tout de même le sourire connivent et la poitrine généreuse.

Tout ceci conduit quand même à la question cruciale : est-on autant en manque de héros et de références en Afrique ? Un pugilat de comptoir de consulat peut-il donc flatter à ce point notre égo racial ? Nous avons effectivement des problèmes avec notre passif colonial. Le divan, vite !

PS : Bousso, ton énumération de tes titres à la fin de ta lettre au Consul Alain Jouret est d’un ridicule affligeant. Tu pouvais t’épargner cette dernière honte après une lettre cousue de bouderies. Tes titres monstrueux et tes écoles fréquentées sont infimes par rapport à ma préoccupation de crève-la-faim. Donc, je m’en fous…comme de mon premier passeport.

Le p’tit railleur sans passeport

LETTRE OUVERTE A UNE LETTREE OUVERTE…