Pour ce qui est de l'intrigue, un peu des fugueuses princesses Grimaldi, un peu des thrillers hippiques de Dick Francis et bien sûr un peu de Point de vue des familles royales et du gotha, version proche-orientale. Avec en arrière-plan le monde ambigu des courses de pur-sang, l'univers des propriétaires arabes d'écuries et les intérêts géostratégiques de la Couronne dans le Golfe.
Tels sont les ingrédients de l'affaire Haya, du nom de la dernière et plus jeune épouse de cheikh Mohammed ben Rachid Al Maktoum, émir de Dubaï. Accompagnée de ses deux enfants âgés de 11 et 7 ans, la princesse Haya Bint Al-Hussein a trouvé refuge à Londres. Elle vit cloîtrée dans sa maison de Kensington Palace Gardens, l'artère des milliardaires de la capitale, « par peur d'être assassinée ou ramenée de force à Dubaï », selon la presse britannique, qui rappelle la fuite rocambolesque en février 2018 d'une fille de l'émir, la princesse Latifa, qui aurait été maltraitée. À écouter l'ONG Detained in Dubaï qui milite en faveur de la libération des prisonniers de l'état-confettis, la fuite de Son Altesse Royale constitue « la plus grave mise en accusation de son époux. La vraie question est de savoir pourquoi a-t-elle fait défection et que va-t-elle révéler sur les raisons de son geste » ?
Pour « l'amour des chevaux »
Née en 1974 à Amman, diplômée de l'université d'Oxford, la fille du défunt roi Hussein est une cavalière émérite qui avait représenté le royaume hachémite lors de l'épreuve de show jumping des JO de Sydney, en 2000. Elle avait épousé en 2004 cheikh Mohammed qui a, au total, six épouses, dont il a eu vingt-trois enfants. Deux ans plus tard, elle était devenue présidente de la Fédération équestre internationale (FEI).
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L'élection de son épouse à la tête de la FEI avait constitué l'un des plus beaux trophées internationaux remporté par les Maktoum. À lui seul, cheikh Mohammed contrôle un millier de pur-sang, à l'entraînement dans les haras du monde entier. L'émir a dépensé sans compter, surpayant les meilleurs jockeys et débauchant les entraîneurs les plus célèbres. Mais en 2013, la présidente de la FEI avait été critiquée après la mort de plusieurs pur-sang lors d'épreuves d'endurance, et des soupçons de dopage. Plus de 80 % des cas positifs concernaient des cavaliers issus du Moyen-Orient, Émirats arabes unis en tête. À la suite du scandale, la princesse Haya avait été contrainte de renoncer à un troisième mandat.