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Vol de bijoux de la femme d’un colonel : Une intrigante affaire de 300 millions F. CFA qui cloue M. Ndiaye à Reubeuss depuis 5 mois


Rédigé par leral.net le Mardi 18 Octobre 2016 à 21:21 | | 0 commentaire(s)|

Vol de bijoux de la femme d’un colonel
Vol de bijoux de la femme d’un colonel
Il aura fallu une quinzaine de jours pour que F. S. Ndiaye, l’épouse d’un ancien colonel de la gendarmerie T. Ndiaye se rende compte de la disparition de ses bijoux estimés -selon elle- à 300 millions de nos francs.

«Ses joyaux, dit-elle, étaient soigneusement rangés dans une mallette à l’intérieur de son armoire jusqu’à la nuit du dimanche 15 mai 2016«. Avant de disparaître mystérieusement, le temps d’une sortie à Gorée. Cependant, au cours de notre enquête, la rédaction de SeneNews.com a été intriguée par plusieurs faits. En plus de l’absence de preuves contre l’accusé, nous avons constaté deux vices de procédures qui soulèvent un certain nombre d’interrogations.

Retour sur une nuit qui a fait basculer la vie d’un jeune chauffeur


Ça fait 5 ans que M. Ndiaye travaille au service de Mr Mme Ndiaye. Il était le chauffeur de la famille. En cet après-midi fatidique de Pentecôte 2016, il avait conduit ses patrons à l’embarcadère de Gorée. Après les avoir déposés, il est retourné sur Dakar. En cours de route, il avait reçu un coup de fil de sa patronne lui indiquant avoir oublié les clés de l’appartement dans le cendrier de la voiture. Un furtif coup d’œil a permis à M. Ndiaye de se rendre compte de l’effectivité de la présence des clés à l’endroit indiqué. Le lendemain, au retour de ses patrons, il leur a remis les clés.

Des bijoux d’une valeur de plus de 300 millions dans une armoire ?


Mardi 31 mai 2016, soit 15 jours après ce fameux séjour de Gorée, alors qu’elle cherchait des affaires dans son armoire, F. S. Ndiaye, l’épouse du colonel, a déclaré avoir constaté que son sac codé avait été déchiré et vidé de son contenu. Automatiquement, elle a interpellé son chauffeur M. Ndiaye. Surpris et choqué par la grave accusation portée à son encontre, M. Ndiaye se défend et accuse le coup. Pendant les cinq années passées au service de la famille, rien dans son comportement ne lui avait était reproché. Il est serein.

Une faveur qui n’est pas donnée à tout citoyen lambda

Décidée à porter l’affaire devant la justice, F. S. Ndiaye s’est rendue, par la suite, à la brigade de la gendarmerie de Hann pour déposer plainte. Après avoir écouté la femme de « (son) colonel», Augustin Prospère Coly, le Commandant de la Brigade de Hann, aujourd’hui à la retraite, reçoit la plainte et envoie ses éléments à la résidence familiale pour procéder à l’arrestation du chauffeur. "Une faveur qui n’est pas donnée à tout citoyen lambda", selon Me Diallo, l’avocat de M. Ndiaye.

Ces bijoux décrits par la dame seraient composés de «bagues en or assorties de pierre en diamant», «des colliers», «une médaille en or qui aurait été offerte par le Président de la République» etc. F. S. Ndiaye estime la valeur de ces bijoux à hauteur de 300 millions de francs CFA.

Une plainte contre X, des soupçons sans preuves, une garde à vue exceptionnelle…

Tout commence le 31 mai 2016 à 16h00, F. S. Ndiaye s’est présentée à la brigade de Hann pour déposer une plainte contre X pour vol de bijoux. S’en est suivie l’interpellation, le jour même, et le placement en garde à vue à 18H00 de M. Ndiaye. Il a, sur le coup, été entendu le même jour à 19h.

Lors de son audition, M. Ndiaye avait réfuté les accusations portées contre lui. Et le lendemain, 1er juin 2016, tour à tour, la fille du couple L. Ndiaye, ainsi que le gardien de la maison O. Mané sont entendus. La fille a déclaré : «Dans la nuit du 15 au 16 mai 2016, j’ai quitté la maison à bord d’une Mercedes, conduite par M. Ndiaye, le chauffeur familial, pour me rendre à un anniversaire aux Almadies. Nous y avons passé deux heures pour revenir. Je suis parti me coucher laissant M. Ndiaye seul dans le salon. Je me suis par la suite endormie directement sur le coup de la fatigue«. Comme elle, le gardien qui a fait face aux enquêteurs n’a rien dit qui puisse aider à la manifestation d’un début de piste incriminant le chauffeur.

En l’absence de tout indice concordant qui montrerait l’implication du chauffeur dans ce prétendu vol et malgré les précautions de la plaignante qui a porté plainte contre X , les gendarmes ont, tout de même sur instruction du parquet, décidé de maintenir M. Ndiaye dans la chambre de sûreté pour 48 heures supplémentaires. C’est le 3 juin, dans la matinée, qu’il a été déféré au parquet et incarcéré.

Le code de procédure pénale, qui est le « livre de chevet » des officiers de police judiciaire, stipule que la garde à vue a pour objet de permettre l’effectivité de la présentation des mis en cause, afin qu’ils ne puissent se soustraire à la justice ou ne puissent effacer les preuves qui les incriminent. M. Ndiaye était régulièrement domicilié dans la maison de ses patrons et n’avait aucune envie ou volonté de fuir. En dehors de cas exceptionnel, tout officier de police judiciaire a le pouvoir de procéder à l’interpellation et à la garde à vue de M. Ndiaye. Mais, le législateur a clairement stipulé qu’elle ne doit pas dépasser les 24 heures. Si les enquêteurs n’ont pas terminé leurs investigations, ils peuvent renouveler la mesure ; mais il leur faut l’autorisation du parquet pour boucler les 48 heures non renouvelables.

Les 96 heures appliquées à M. Ndiaye sont des mesures d’exception qu’on n’applique qu’à des affaires de terrorisme, de trafic international de drogues et d’association de malfaiteurs. Dans un Etat de droit, cet énième vice de procédure aurait suffi pour annuler toute cette procédure et remettre le chauffeur dans ses droits. Dans cette affaire, ce n’est pas le cas. Le procureur a envoyé le chauffeur en prison, qui y dort depuis.

Une affaire rocambolesque qui est loin de livrer tous ses secrets…

Depuis prés de 5 mois, M. Ndiaye est toujours incarcéré sans que rien ne motive sa détention. Il a fait 6 comparutions devant le tribunal sans que la plaignante, F. S. Ndiaye, ne se manifeste. Au sortir de cette rencontre, il a été libéré avec ordre de se présenter à la 7eme comparution. Pour expliquer sa libération, l’administration pénitentiaire a déclaré avoir libéré M. Ndiaye à la place d’une autre personne qui devait recouvrer la liberté. Subitement, à ce septième face à face au tribunal, l’épouse du colonel est présente.

Aux cours de nos investigations, SeneNews a eu à rencontrer le frère du mis en cause ainsi que son avocat qui, en audio nous ont donnés leurs impressions et l’avancement du dossier. Contactée, par la rédaction de SeneNews, la dame F.S.Ndiaye nous a fait savoir qu’elle est «l’épouse d’un colonel de la gendarmerie» (sic) et qu’elle ne veut se prononcer sur l’affaire avant le jugement.

Selon une source judiciaire, la Douane comme la Cellule Nationale des Informations Financières (Centif) devraient s’autosaisir pour élucider la provenance de la prétendue fortune -estimée à 300 millions de franc CFA – que F. S. Ndiaye a déclaré avoir perdue alors qu’elle était rangée dans une armoire de sa chambre à coucher.

Ecoutez donc l’avocat et le frère de l’accusé …

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