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Zimbabwe : un dimanche décisif pour Robert Mugabe

Rédigé par leral.net le Dimanche 19 Novembre 2017 à 13:46 | | 0 commentaire(s)|

Le président, dont le règne ne semble plus tenir qu'à un fil, doit rencontrer l'état-major de l'armée dans la journée. En outre, il a été démis de ses fonctions à la tête du parti au pouvoir.

• Rencontre prévue avec l'armée

Le président zimbabwéen Robert Mugabe, lâché par ses plus fidèles alliés, doit s'entretenir dimanche avec l'état-major de l'armée, qui tente de lui arracher une reddition en douceur, au lendemain de manifestations massives pour sa démission. Selon la télévision publique, la rencontre devrait se dérouler en présence du prêtre Fidelis Mukonori, qui jouera le rôle de médiateur dans les négociations. L'armée tente de «le traiter avec respect et dignité», selon Anthoni van Nieuwkerk de l'université de Witwatersrand à Johannesburg, afin de mettre au plus vite un terme à ce coup de force militaire.

Le président exclu du parti au pouvoir

Robert Mugabe a en outre été démis de ses fonctions à la tête de la Zanu-PF, le parti au pouvoir, lors d'une réunion extraordinaire de son comité central dimanche, a annoncé Chris Mutsvangwa, chef de file des anciens combattants de la guerre d'indépendance, qui a joué un rôle clé dans l'éviction du chef de l'État.

Il en a également été exclu. L'ex-vice-président Emmerson Mnangagwa, dont le limogeage la semaine dernière a précipité l'intervention de l'armée, le remplace et il a également été rétabli dans ses fonctions. Grace Mugabe, l'épouse du président, a été remplacée à la tête de la Ligue féminine du parti, a poursuivi Chris Mutsvangwa. «Nous irons jusqu'au bout», a-t-il assuré, interrogé par Reuters alors qu'il se rendait à la réunion du comité central, estimant que Robert Mugabe n'avait plus qu'à démissionner et à quitter le pays.

«Il essaye de marchander pour s'en tirer dignement, mais il devra s'y faire», a-t-il ajouté. Emmerson Mnangagwa, ancien chef des services de renseignements et vétéran de la lutte pour l'indépendance comme Mugabe, devrait former un gouvernement intérimaire d'union nationale, dont les priorités seront le redressement d'une économie ruinée et la réintégration au sein de la communauté internationale.

Une journée «historique» de manifestations

La rencontre du président et de l'armée fera suite à l'une des plus grandes manifestations jamais organisées depuis l'indépendance et l'arrivée au pouvoir de Robert Mugabe en 1980. Des dizaines de milliers de Zimbabwéens se sont rassemblés samedi, dans la capitale et la deuxième ville du pays, Bulawayo (sud-ouest) pour exiger son départ. «Un jour historique», a résumé samedi soir, avec une voix émue, la présentatrice du journal de la ZBC, la télévision d'État. «Trop c'est trop, Mugabe doit partir», «Repose en paix Mugabe», «Non à la dynastie Mugabe», «Au revoir grand-père», proclamaient des affiches brandies par des manifestants euphoriques, dans un concert de klaxons et de vuvuzelas.

Tout la journée, les manifestants, issus de tous bords politiques, ont salué l'intervention de l'armée qui a pris le contrôle du pays dans la nuit de mardi à mercredi et assigné à résidence Mugabe. À Harare, l'armée, qui a officiellement apporté son soutien à cette journée anti-Mugabe, a stoppé en début d'après-midi des milliers de personnes qui se dirigeaient vers le palais présidentiel, provoquant l'incompréhension des manifestants. La foule s'est finalement dispersée dans le calme, sous l'oeil de militaires masqués et lourdement armés.

Un sommet de l'Afrique australe, mardi

La communauté de développement d'Afrique australe (CDAA) discutera de la crise politique au Zimbabwe mardi, lors d'un sommet qui se tiendra à Luanda, la capitale angolaise. 



Le figaro.fr AFP, Reuters Agences