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​Duel entre les fils spirituels de Wade: Macky ne veut pas laisser le Pds à Idy


Rédigé par leral.net le Lundi 24 Avril 2017 à 09:13 | | 0 commentaire(s)|

​Duel entre les fils spirituels de Wade: Macky ne veut pas laisser le Pds à Idy
 
Le discours du Président Macky Sall chez Samuel Sarr, ce vendredi, était sans doute improvisé. Mais c’est seulement sur la forme. Dans le fond, Macky a exprimé sa pensée profonde. Mieux, il a nourri un espoir, celui de travailler encore avec sa famille naturelle, celle du Parti démocratique sénégalais (Pds). Et pour montrer sa bonne foi, il a même exprimé un pardon, regretté que certains comme Farba Senghor l’attaquent alors qu’il les considère comme des amis.
 
Il a reconnu avoir démarché Souleymane Ndéné Ndiaye, un autre ami. Tout ceci après avoir fait un témoignage poignant sur Samuel Sarr avec qui il a des relations qui dépassent le cadre politique. En réalité, Macky a presque démarché tous les libéraux, y compris ceux qui ont été les derniers à quitter le navire ou qui s’apprêtent à le faire. Comme quoi, il a toujours eu le parti en ligne de mire. Donc, de deux choses l’une : Soit Macky est trop sentimental, émotif, soit c’est un fin calculateur politique.
 
Or, nous pensons que s’il était si émotif, dans ses relations avec ses « frères » libéraux, il n’aurait pas jeté Samuel Sarr en prison pour une simple déclaration dans sa page Facebook. Depuis lors d’ailleurs, l’homme est tenu en respect, pour ne pas dire écarté du landernau politique au point que l’on peut se demander s’il est toujours au Pds.
 
Mieux, si le leader de Benno était si émotif, il n’aurait pas promis de réduire l’opposition à sa plus simple expression en jetant des caciques libéraux et des leaders socialistes dissidents en prison, menacé Abdoul Mbaye de condamnation judiciaire, chassé Sonko de la Fonction publique, écarté des proches de la trempe de Moubarak Lô, etc.
 
Manœuvres politiques
 
En réalité, nous sommes en pleines manœuvres politiques. A ce propos, ce sont plutôt les rapprochements annoncés entre Me Wade, son mentor, et Idrissa Seck, le leader de Rewmi, qui l’inquiètent.
 
Il sait que le parti du Pape du Sopi est le plus grand de l’opposition et que son entente avec le Rewmi risque de constituer l’ossature d’une coalition qui pourrait faire mal. Alors il tend la main au Pds afin de les convaincre de travailler avec lui, non pas comme on pourrait le penser dans le Gouvernement, mais dans une coalition plus large que Benno Bokk Yakaar afin de réduire à néant l’espoir nourri par l’opposition de lui imposer une cohabitation en 2017.
 
Macky qui sait que Samuel Sarr ne constitue plus un risque pour lui, est parti chez lui, lui présenter ses condoléances parce qu’il le fait pour nombre de citoyens, mais aussi parce qu’il est conscient qu’il va y rencontrer le Pds dans sa quintessence et marquera les esprits avec un geste aussi fort.
 
Comme quoi, le patron de l’Alliance pour la République (Apr) est conscient du fait que le Pds s’impose comme une sorte d’arbitre naturel du jeu politique. Et qu’entre le camp du pouvoir et celui de l’opposition, la bataille est d’abord celle d’être dans les bonnes grâces de ses libéraux dont les deux vrais leaders sont en exil.
 
Or, c’est cet éloignement du pays qui rend compte du jeu clair-obscur des Wade qui, certes, affirment publiquement s’opposer à Macky Sall, mais tardent à prendre les mesures nécessaires pour réorganiser le parti, le massifier et le mettre sur la rampe de départ pour les batailles futures. Le Pds fonctionne aujourd’hui comme un grand navire sans moteur, où les passagers sont laissés à eux-mêmes et qui ne restent à bord que par conviction.
 
Cette démarche des Wade qui ont fait du parti un patrimoine, rompt d’avec le discours officiel d’opposition au régime. C’est pourquoi, Macky ne perd pas espoir. Dans le flou qui a entouré le départ de Karim Wade au Qatar, des velléités de rapprochement entre apèristes et libéraux avaient même été observées un moment avant que, de part et d’autre, l’on ne retrouve les vieux réflexes de rivalité.
 
Alors, dans cette dynamique, il appartient aussi au leader de Rewmi, Idrissa Seck, d’intégrer cette main tendue de Wade à moins que cela ne soit fait dans le dessein de mieux pousser Macky Sall à s’intéresser à son fils et à lui. En tout état de cause, après avoir quitté le pouvoir presque laminé en 2012, le Pds se retrouve dans une situation confortable d’arbitre du jeu politique entre le pouvoir et l’opposition, même si le parti draine des lacunes énormes sur le plan organisationnel.
 
Assane Samb (Rewmi)