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3 questions à Adama Diallo, chargé des élections du Parti Model: "Le problème majeur de cet Acte III, c'est qu'on a pas défini les mécanismes de financement ..."

Chargé des élections et porte-parole du Mouvement pour la démocratie et les libertés (Model), Adama Diallo n’en est pas moins président du Conseil départemental de Gossas, dans la région de Fatick. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, hier, cet administrateur civil dit ses vérités par rapport à l’Acte III de la décentralisation et au compagnonnage entre le Model et le Président Sall.


Rédigé par leral.net le Dimanche 13 Septembre 2015 à 16:03 | | 0 commentaire(s)|

3 questions à Adama Diallo, chargé des élections du Parti Model: "Le problème majeur de cet Acte III, c'est qu'on a pas défini les mécanismes de financement ..."
La mise en œuvre de l'Acte III de la décentralisation n'est pas de tout repos pour les maires et les présidents de Conseil départemental. Quelle en est votre appréciation ?

L’Acte III de la décentralisation, sur le plan des textes, est à saluer. C’est vraiment la révolution, c’est un acte majeur qu’il fallait poser.
Le chef de l’Etat avait compris qu’un très grand pourcentage de nos ressources budgétaires était concentré et dépensé à partir de la capitale. Donc, il fallait déconcentrer tout cela, pour que ça puisse être bénéfique. Par exemple, pour Gossas, aujourd’hui, on sent mieux le département. Le département de Gossas a commencé à travailler. Le problème majeur de cet Acte III, c’est qu’on n’a pas défini les mécanismes de financement des collectivités locales. La création du département, en tant qu’ordre de collectivité locale, c’est excellent. Mais, aujourd’hui, les départements sont plombés par l’absence de fiscalité propre. Il n’y a pas de fiscalité propre. Ce qui fait que les départements ne vivent que de transferts de l’Etat. C’est-à-dire les fonds de dotation et les fonds de concours. Malheureusement, ces fonds de dotation et ces fonds de concours sont très insuffisants pour permettre de booster le département. Et aujourd’hui, il y a des départements au Sénégal, ce qu’ils ont reçu comme fonds de dotation, ne les permet même pas de couvrir les charges liées au paiement des salaires et des indemnités des membres du bureau ou de fonctionnement du Conseil départemental. Ce qui fait que ces départements qui devraient faire des investissements structurants qui sont attendus pour booster l’économie locale ne pourront jouer ce rôle pleinement, faute de moyen.

Que prônez-vous pour remédier à cette situation ?

Nous pensons que si l’Etat veut que l’Acte III ait des impacts perceptibles auprès des populations, qui se traduisent en termes de comportements observables et mesurables sur le terrain, il faudrait qu’il y ait un transfert de moyens conséquents. Si vous allez en Côte-d'Ivoire, les collectivités intermédiaires entre l’Etat et les collectivités locales, reçoivent près de 750 millions de fonds de concours destinés à l’investissement, et puis 200 millions de fonds de fonctionnement. Aujourd’hui, nous, ce que nous voulons, c’est qu’on positionne le département, qu’on lui donne les moyens conséquents, surtout en matière d’investissements et de fonctionnement, pour lui permettre de véritablement booster le développement local. Autre élément, les départements, comme Gossas, sont sous location. Or, le département, c’est ça la nouveauté de l’Acte III, c’est le symbole de l’Acte III. On connaît la commune depuis 1962. La touche nouvelle de Macky Sall, c’est le département. Donc, il a intérêt à mettre l’accent sur le département, d’abord, en le dotant de siège fonctionnel, pour que toute personne qui va passer au niveau des départements, sache que, ça, c’est l’Acte III, c’est le symbole de l’Acte III de la décentration. Ensuite, lui donner des moyens de fonctionnement, pour lui permettre de recruter des personnels qualifiés, capables d’élaborer des politiques locales, à harmoniser avec le Pse, pour permettre de développer localement nos terroirs.

Bien qu’étant le premier allié de l’Apr et de son leader, le Président Macky Sall, votre parti, le Model, ne participe pas à la gestion du pouvoir. Quelle analyse faites-vous de cet état de fait ?

C’est vraiment regrettable. Mais, au Sénégal, c’est très compliqué de parler de postes, d’avantages. Les gens ont beaucoup de vergogne à parler de ça, et même ceux qui le demandent, veulent servir leur pays. Seulement, il faut essayer de voir pourquoi le Model le dit, parce que nous, nous pensons que nous comprenons mieux le Président Macky Sall. On était au début de tout, on a beaucoup partagé avec le chef de l’Etat. Nous savons les véritables sentiments, les raisons pour lesquelles, le président de la République a fait le tour du pays. On pense pouvoir traduire ces affirmations de principes porteurs de valeurs en actes concrets. Aujourd’hui, s’il y a un déphasage noté entre ce qui est réalisé et la véritable ambition du chef de l’Etat par rapport au Sénégal, c’est que ceux qui sont en train de mettre en œuvre cette vision du chef de l’Etat, n’ont pas été là, lors de la formulation de cette vision. Lorsqu’on n’a pas participé à la formulation d’une vision, c’est extrêmement difficile de sentir ça dans sa chair, de sentir ça dans sa peau, pour la dérouler correctement. Mais, le Model, en tant que parti politique, a fini d’analyser cette chose-là, et nous avons, avec notre président, Ibrahima Sall, réaffirmé l’ancrage du parti dans la mouvance présidentielle. Mais, moi, j’ai l’habitude de dire qu’en politique, les rapports de force valent mieux que la loyauté. Aujourd’hui, si on veut qu’on se fasse respecter, il faudrait que le Model se mette au travail. Et c’est ce que nous avons compris. On s’est mis au travail. Nous avons fait un excellent travail de recrutement de jeunes, de femmes et de cadres. Ce qui fait que, maintenant, tout le monde est en train de taper à la porte du Model. C’est la raison pour laquelle, il n’y a pas dix jours, nous avons mis en place la structure des femmes, et jeudi dernier, la structure des cadres. Et nous allons continuer cette organisation au Sénégal et à l’étranger, pour permettre au Model de se massifier, pour pouvoir contribuer valablement à la victoire du chef de l’Etat aux élections.

Le Populaire