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3e jour du procès de imam Alioune Ndao : Les aveux glaçants d'Abdou Khakim Mbacké Bao, ex-combattant d'Aqmi

Le procès d’imam Alioune Badara Ndao et ses présumés complices poursuivis pour des faits liés au terrorisme, a repris ce mercredi 11 avril devant la Chambre criminelle spéciale de Dakar. C’est l’interrogatoire d’audience des accusés entamée dans l’après-midi d’hier qui continue.


Rédigé par leral.net le Mercredi 11 Avril 2018 à 21:38 | | 0 commentaire(s)|

16 h 27 mn : 4e Accusé Abdou Khakim Mbacké Bao à la barre.

« Je suis né en 1987 à Bignona, marié et père d’une fille. J’habite à Ouakam. J’ai eu mon Bfem à Bignona avant de venir à Dakar pour faire les classes de seconde, première et terminale au lycée Blaise Diagne. Je suis surprise des chefs d’accusations qui pèsent sur ma tête. On m’avait arrêté au Burkina Faso suite à l’attaque d’un bus en provenance du Niger au nord Mali en 2012 par un groupe de malfaiteurs. Et c’est par ignorance que j’avais intégré ce groupe parce qu’ils m’avaient promis de m’aider financièrement ».

Juge : vous aviez dit à l’enquête préliminaire comme devant le magistrat instructeur et que c’est un tunisien du nom de Anas que vous aviez connu à Ouakam qui vous a sensibilisé d’aller faire le Jihad auprès de ce groupe Aqmi. Tu as participé à un combat contre l’armée malienne dans la localité de Koma. Et tu conseilles à tout musulman d’aller faire le jihad.

Accusé: Non je n’avais pas dit ça. C’est une fois sur les lieux que j’avais su que c’était des combattants du groupe Aqmi. Il y’avait trois groupes rebelles sur les lieux. Et je l’avais fait contre ma volonté. Je n’y avais trouvé aucun de mes co-accusés. C’est un certain Abdourahmane Mendy qui était là-bas.

Juge : Comment tu as fait pour quitter le groupe Aqmi ?

Accusé : Ce n’était pas facile parce qu’il m’avait suspecté de vouloir trahir mon serment. La première fois que je voulais fuir, ils m’ont arrêté. Après j’ai eu à surveiller des otages hollandais, suédois, sud-africains… pour leur compte. Ils m’ont remis 3 billets de 500 euros. Mais ceux sont des difficultés financières qui m’avaient poussé à le faire. C’est par la suite je suis passé par le Niger avant d’entrer au Burkina Fasso pour fuir.

Juge : Quel est alors votre conception du jihad ?

Accusé : C’est une recommandation divine. Mais les gens ne le veulent pas.

Juge : Donc vous êtes pour le Jihad violent ?

Accusé : Non je n’ai pas dit ça. Mais il faut être homme qui vit la sunna du prophète Psl pour pouvoir le faire.

Juge : Tu connais ton co-accusé Saliou Ndiaye alias Baye ?

Accusé : Oui mais je ne l’avais pas trouvé la bas

17 h 00 mn
: procureur : Quelle est la formation militaire que tu as subi là-bas ?

Accusé : On m’avait initié à la technique de tirs de Kalachnikov et de roquette ?

Procureur : tu as suivi aussi la formation au maniement des explosifs ?

Accusé : Oui

Procureur : qu’est-ce qu’il vous faut pour faire exploser un bâtiment ?

Accusé : Il faut un cocktail de nitrate d’ammonium, du pétrole, du gasoil, du tnt beaucoup de mines déjà mélangé avec de l’électricité. Mais je ne l’ai jamais fait. C’est juste une formation que j’avais subi.

Procureur : pour le kamikaze tu as soutenu devant le magistrat instructeur qu’il portait un gilet avec le produit jaunâtre du TNT et du nitrate. Tu étais prêt à le faire

Accusé : Non. Moi je me suis juste limité à initier 40 combattants en technique de tirs d’armes. J’étais devenu le 2e chef de mon groupe. C’est Adam qui était le premier chef.

Procureur : lors du combat de Koma combien de militaires maliens sont morts ?

Accusé : j’ignore le nombre, même dans notre groupes ils y’a eu beaucoup de morts

Procureur : Est-ce que les otages que tu as eu à surveiller se sont reconvertis par la suite à l’islam ?

Accusé : Oui et ils ont finalement adhéré à notre groupe.

Procureur : est-ce que tu connaissais Imam Alioune Ndao ?

Accusé : Oui. Mais je n’avais eu aucune relation particulière avec lui

Procureur : devant le juge instructeur, tu as dit que ceux sont les prêches de l’Imam Ndao qui t’ont poussé à aller faire le jihad

Accusé : je n’avais pas tenu de tels propos.


15 h 13 mn : L’audience est reprise. L’interrogatoire de la 3e accusée Coumba Niang se poursuit.

Me Leity Ndiaye : Est-ce que tu connaissais Moctar Diohané avant votre union.

Accusée : Non.

Avocat : Est-ce que tu avais avait fait des investigations sur lui avant que vous vous mariez ?

Accusée : Oui, on m’avait dit que c’est un homme intègre.

Avocat : Qu’est-ce que Mactar t’avais dit lorsqu’il te disait de donner de l’argent à ses compagnons ?

Accusée : Il me disait qu’il devait les rembourser le prix de leur transport.

Avocat : Est ce que les livres que les enquêteurs ont trouvé chez toi vous appartienne ?

Accusée : non.

Me Ndoumbé Wone : En quelle année tu t’es marié avec Moctar Diohané ?

Accusée : En octobre 2011.

Avocat : Vous étiez où au moment où Moctar vous confiez l’argent ?

Accusée : J’étais chez mes parents. Il m’a remis l’argent. Après quatre jours il est parti au Niger où il a passé presque 9 mois.

Avocat : Est-ce qu’Amy Sall était informée de l’existence de cet argent ?

Avocat : Au début Amy Sall ignorait l’existence de cet argent. Parce qu’en ce moment j’étais chez mes parents. Elle, à l’internat. C’est par la suite que je lui ai dit que notre mari m’avait confié de l’argent. Ainsi, je lui ai une fois donné un billet de 500 euros sur demande de notre mari. J’ai lui ai encore remis 200 mille francs à charge pour elle de le remettre à Ibrahima Diallo pour l’achat d’un téléphone.

Avocat : Est-ce que tu t’es rendu une fois rendu avec Amy Sall chez Imam Alioune Ndao.

Avocat : non.

Un avocat d’imam Alioune Ndao : Est-ce que tu savais qu’une des épouses d’Imam Ndao est une tante à ton amie Rama Bâ au moment de se rendre à Kaolack avec elle ?

Accusée : Non. C’est après les présentations que je l’ai su. Comme Imam connaissais mon mari, il me l’a demandé.

Avocat : Mounir Balal, conseil d’Imam Alioune Ndao : En quelle année ton papa est décédé ?

Avocat : En 2013.

Accusée : Vous aviez dit que les enquêteurs avaient emporté beaucoup de livres avec eux lors de leur perquisition chez toi. Est-ce que tous ses livres appartiennent à ton mari.

Accusée
: Non. Il y’a certains livres qui m’appartiennent.

Avocat : Comment tu conçois le Jihad ?

Accusée : je suis pour le jihad spirituel qui permet à tout musulman de se rapprocher du tout puissant. Et non pour le jihad violent.

Juge : Est tu connaissais Alioune Gueye, époux de Rama Ba mort en Lybie ?

Accusé : Non

Procureur
: qui est Abu Wahab ?

Accusée
: C’est le fils de la troisième épouse de Moctar Diohané qui se trouve au Daara d’imam Alioune Ndao

Procureur
: tu te rendais souvent là-bas pour s’enquérir de la situation de cet enfant ?

Accusée : Non.

Procureur : A l’enquête tu avais soutenu le contraire en disant que c’est ton. Est-ce que tu sais que Maimouna Ly, la mère d’Abu Wahab avait rejoint ton mari au Nigéria.

Accusée
: non, je ne sais même pas s’ils sont mariés jusqu’à présent.


13 h 12 mn : L’audience suspendue jusqu’à 15h


11 h 47 mn
: 3e accusée : Coumba Niang, première épouse de Moctar Diohané à la barre, née le 19 février 1984, stagiaire enseignante arabe. "Mon père est décédé. Ma mère est domiciliée à Guédiawaye. Je ne reconnais pas les faits. Avant mon arrestation j’étais partie à une radio de la place pour annoncer la perte de ma carte d’identité. Après je me suis rendue à la police pour l’obtention d’une nouvelle carte. Le même jour à 4 h du matin, les enquêteurs sont venus chez moi à la cité Djikome à Guédiawaye pour m’arrêter. De 2012 à 2014, j’habitais avec mon mari à Thiaroye. Après, il s’est rendu en Mauritanie. Et ma coépouse Amy Sall l’a rejoint la bas. A la suite de son voyage en Mauritanie, il m’a parlé d’un autre voyage sans me dire la destination. Avant de partir, il m’avait confié de l’argent. Mais j’ignore le montant, car il m’avait dit de ne pas l’ouvrir. L’essentiel c’était des euros".

Juge : Pourtant devant le magistrat instructeur vous avez communiquez le montant exact

Accusée: Non, j’ignore même ce que j’avais soutenu la bas car j’étais en train de dormir. Et j’avais peur.

Juge : N’est-ce pas c’était cet argent que vous aviez confié à Marième Sow?

Accusée : Oui, parce que je ne voulais pas y toucher. Mon mari m’avait dit que c’était pour construire son Daara. Par la même occasion, il m’avait promis de me financer pour faire le commerce une fois de retour. Je n’ai jamais eu des doutes par rapport à la provenance de l’argent. Il m’avait dit qu’il enseignait l’arabe au Nigeria. Il est reparti au Niger. Et on discutait depuis là-bas par télégramme.

Juge : Qu’est-ce que tu as fait après l’arrestation de ton mari au Niger?

Accusée : C’est son ami Ibrahima Diallo à qui il m’avait demandé de remettre les 20 billets de 500 euros lorsqu’il était au Nigéria qui m’en avait informé. Ce jour-là, j’accompagnais une amie du nom de Rama Bâ à Kaolack chez Imam Ndao. Elle partait pour se soigner auprès de ce dernier. Lorsqu’Imam Ndao m’a demandé des nouvelles de mon mari, je lui dis qu’il venait d’être arrêté au Niger. Et imam n’avait rien dit.

Juge : Imam ne t’avais pas conseillé d’aller soutenir ton mari au Niger?

Accusée : Non. On avait juste discutés des sommes d’argent qu’il me confiait. Et sur ce, il m’avait conseillé de ne pas y toucher un centime comme le souhaite mon mari.

Juge : Est-ce qu’e Imam connaissais Ibrahima Diallo ?

Accusée : Je ne sais pas

Juge : Vous n’avez jamais conseillé à votre amie Rama Bâ d’aller exécuter les dernières volontés de son mari décédé en Lybie comme tu l’avais soutenu devant le magistrat instructeur

Accusée : Non je n’ai jamais dit ça. Je ne connaissais même pas le mari de mon amie

Juge : Quel est le dernier mot que tu veux dire au tribunal?

Accusée: Je vous demande de me laisser rentrer car je regrette tous mes agissements.

Juge: Donc vous avez quelques choses à vous reprocher?

Accusée : Non je n’ai rien fait parce que j’ignorais la provenance des sommes d’argent. Et à chaque fois que je lui demandais, il se limitait à me dire que c’est de l’argent licite

12h 48 mn, le Procureur : Devant le magistrat instructeur tu avais soutenu Coumba Niang, que ton mari t’avais dit que l’argent provenait du chef de Bokko Haram Abubacar Shekau

Accusée : non je n’avais pas dit ça

Procureur
: Si tu étais assurée de la licéité de l’argent que ton mari t’avais confié pourquoi tu tenais à le confier à ton amie.

Accusé : J’avais préféré confier l’argent à Amy Sall parce que mon mari m’appelait à tout bout de champs depuis le Niger pour me demander de donner de l’argent à certains de ses amis comme Ibrahima Diallo, Latyr Niang, Alioune Badara Sall… Ainsi j’ai décidé de le donner à Amy Sall et demander à ses amis d’aller le récupérer auprès de celle-ci.


10h 17 mn : Le juge Samba Kane ouvre l’audience et appelle le 2e accusé Ibrahima Diallo à la barre, qui répond aux questions du procureur Aly Ciré Ndiaye

Procureur
: Est-ce que tu as un autre nom autre qu’Ibrahima Diallo?

Accusé : Oui, c’est Abu Omar

Procureur : Pourquoi ce nom ?

Accusé
: C’est Dieu qui l’a recommandé à travers une sunna du prophète Mohamed Psl. C’est le non d’un Sahaba (un compagnon) du prophète.

Procureur : Est-ce que vous confirmez avec tous vos co-accusés avec qui tu étais au Nigéria, vous avez tous des surnoms ?

Accusé : Oui, mais chacun a ses raisons. Moi, c’est une fois en Mauritanie que j’avais pris ce nom d’Abu Omar.

Procureur : Au moment de ton interpellation à Keur Massar, tu n’as pas donné un coup de poing aux gendarmes ?

Accusé : Non, je ne m’étais pas rebellé contre eux. C’est par inattention que j’avais donné un coup à l’agent interpellateur en question. Car il m’avait trouvé en train de porter mes habits.

b[Procureur : une fois au Nigéria, quels sont parmi tes co-accusés ceux que tu avais trouvés sur place ?

Accusé]b: Omar Yaffa, Mohamad Ndiaye, Lamine Mballo, un certain Al amine, Moctar Diohané.

Procureur : est-ce que tu as un combat à mener pour l’instauration de la Charia au Sénégal?

Accusé : Non. L’essentiel en tant que musulman, je suis pour la charia comme le recommande le prophète.

Procureur : Devant le magistrat-instructeur, tu avais dit que tu as été formé au maniement des armes

Accusé
: Non

Procureur
: N’est-ce pas en tant que bon musulman que tu t’auto-proclames, Dieu a dit qu’on ne doit pas mentir ?

Accusé : Oui, mais je ne mens pas

10 58 mn (Son avocate Me Ngoné Thiam intervient) : non monsieur le procureur, arrêtez d’insulter mon client.

Procureur
: Je ne m’adresse pas à vous, maître. Je n’ai insulté qui que ce soit. C’est juste un rappel du Bon Dieu que je suis en train de lui faire. Laisse-moi poser mes questions comme je veux.

Me Borso Pouye attaque : Ma consœur a bien raison, il faut arrêter monsieur le procureur, tes insultes. On a dit interrogatoire d’audience et il faut se limiter à poser des questions à nos clients. Depuis hier, c’est comme ça.

Le juge Samba Kane : Arrêtez-vous aussi maitres. Ne me poussez pas à suspendre l’audience. Monsieur le Procureur; tu as la parole.

Procureur : Pourtant tu avais soutenu Ibrahima Diallo devant le magistrat-instructeur, que tu avais appris le maniement de la kalachnikov à Fathoul Moubine auprès d’un Nigérian du nom de Seydou.

Accusé : Non, j’avais juste dit que Seydou était venu dans la maison où on était; avec un Kalachnikov. Mais, il ne m’avait pas appris les techniques de tirs.

Procureur
: pourquoi tu as quitté le Nigéria ?

Accusé : J’entendais des détonations d’armes partout alors que moi j’étais parti pour apprendre le Coran.

Procureur : pourtant, devant les gendarmes, tu avais avancé que tu avais des divergences de points de vue avec les combattants de Bokko Haram car ces derniers sont contre les cartes d’dentité nationale. Deuxièmement, ils ne faisaient que bombarder les lieux. Je veux une réponse par oui ou non.

Accusé : Non, je n’avais pas dit ça. J’avais déclaré qu’il y avait une personne parmi nous du nom d’Abu Moussa que les éléments de Bokko Haram avait exécuté. Et ça m’avait fait mal.

Procureur : n’est-ce pas que vous avez convenu lors de votre réunion avec le chef djihadiste Abubacar Shakau et les accusés dont Moctar Diohané, Omar Mballo et Cheikh Ibrahima Ba, d’instaurer une fois au Sénégal avec une autorité religieuse, une base djihadiste et des champs agricoles en Casamance. A cet effet, tu avais donné à Latyr Niang 5 millions sur les 15 millions que le chef djihasdiste vous avait remis pour mettre en place ce projet agricole.

Accusé : Non, je n’avais pas dit ça. Les 5 millions que j’avais remis Latyr Niang, c’est pour un projet de commerce

Procureur : Devant le magistrat-instructeur, tu avais dit que tu as eu à informer Imam Alioune Ndao de ton séjour au Nigéria. Et Imam t’avait encouragé lorsque tu avais dit que tu eu à apprendre les techniques de maniement des armes la bas. Par la même occasion, il t’avait dit que tu n’aurais pas dû rentrer.

Accusé : Certes, je lui ai parlé de mon voyage au Nigéria. Mais il ne m’avait pas conseillé d’aller combattre dans les rangs de Bokko Haram.

11 H 30 mn : l’accusé répond aux questions de l’un des conseils d’imam Alioune Ndao
Avocat : Avant de partir au Nigéria est ce que tu avais informé Imam Alioune Ndao de ce voyage ?

Accusé : Non.
Avocat : Est-ce qu’Imam savait l’origine de l’argent que lui avait confié et celui que tu l’avais prêté ?

Accusé : Non. Il ne savait pas l’origine de l’argent. Et il n’avait fait aucun commentaire sur ce voyage. Je lui avais confié 7 millions de nos francs pour mon projet de commerce.


Kady FATY, leral.net