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8e Assemblée générale de la Plateforme des Régulateurs de l’Audiovisuel : "L’enjeu est fondamental et nous interpelle tous..." (Macky Sall)

Les travaux de la 8e Assemblée générale de la Plateforme des Régulateurs de l’Audiovisuel des pays membres de l’UEMOA et de la Guinée, ont démarré ce jeudi. Le président de la République, Macky Sall qui présidait la rencontre, a affirmé que cette plateforme offre un cadre approprié de réflexion et d’échanges, sur la meilleure façon d’accompagner et encadrer les organes de l’audiovisuel, dans un contexte de liberté démocratique et de mutations technologiques continues.


Rédigé par leral.net le Jeudi 27 Mai 2021 à 15:43 | | 0 commentaire(s)|

« …Je voudrais d’abord saluer nos hôtes, leur souhaiter la bienvenue et un agréable séjour parmi nous.
Je me réjouis d’être avec vous ce matin pour l’ouverture des travaux de l’Assemblée générale de la Plateforme des Régulateurs de l’audiovisuel des pays membres de l’UEMOA et de la Guinée.

Cette plateforme offre un cadre approprié de réflexion et d’échanges sur la meilleure façon d’accompagner et encadrer les organes de l’audiovisuel dans un contexte de liberté démocratique et de mutations technologiques continues.

L’enjeu est fondamental et nous interpelle tous ; gouvernements et régulateurs, mais aussi individus, citoyens et nations.

La problématique de l’audiovisuel à l’ère moderne soulève en effet bien des questions qui méritent réflexion et solutions concertées.

Comment, dans une société qui se veut libre et démocratique, assurer l’équilibre entre la liberté d’opinion et d’expression des uns et le respect de la vie privée, de la dignité et de l’honorabilité des autres ?
Comment assurer une saine compétition dans un espace normé, avec l’explosion fulgurante des outils et procédés technologiques qui tendent justement à se soustraire à toute forme de régulation ?
Comment concilier les prérogatives de l’Etat-Nation, qui s’exercent dans ses limites territoriales, et la diffusion, souvent transfrontalière, du contenu de l’audiovisuel ?

Ces questions ne sont pas exhaustives. S’y ajoutent, en effet, d’autres encore plus nombreuses et plus complexes découlant du phénomène des réseaux sociaux dans toutes leurs diversités.

Je pense, entre autres, aux fake news et à toutes les formes de cybercriminalité, y compris le terrorisme.
La conquête de la liberté est une donnée majeure de l’histoire des sociétés humaines. Au-delà des aspects légaux et réglementaires qui lui sont liés, elle est hautement philosophique et morale. Suivant le droit naturel de la raison, l’homme est né pour être libre, non pour rester dans les chaines.

En même temps, il ne saurait y avoir de liberté sans responsabilité. Me vient à l’esprit ce mot de Victor Hugo : « Tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité. Être libre, rien n’est plus grave ; la liberté est pesante, et toutes les chaînes qu’elle ôte au corps, elle les ajoute à la conscience. »

Cette vérité énoncée au 19e siècle est encore plus pertinente de nos jours quand, sous prétexte de liberté d’opinion et d’expression on charrie, à haut débit et à l’échelle planétaire, des contenus qui mettent en péril la vie d’autrui et les valeurs sacrées de la dignité humaine et du vivre ensemble.

De toute évidence, il ne peut y avoir de droit illimité, ni de liberté absolue. Rien ne peut justifier l’injure, la calomnie, l’appel à la violence et l’incitation à la haine. Ce ne sont là ni des libertés ni des droits. Au contraire, ces faits constituent en eux-mêmes les pires ennemis des droits et libertés de l’homme.
D’où la nécessité de la régulation, parce que nous ne vivons pas à l’état de nature, mais en société régie par les normes du contrat social.

Dès lors, réguler ne saurait être considéré comme un acte de censure ou de répression. Bien au contraire, il s’agit, par-là, d’assurer à chacun le droit et la liberté de vivre et de s’épanouir dans le respect du droit et de la liberté des autres de vivre et de s’épanouir. Entre les deux, il ne peut y avoir de rapports verticaux mais horizontaux.

Aucune catégorie socio professionnelle ne peut s’arroger de droits et libertés supérieurs aux autres, et, ce faisant, rester hors contrôle et hors régulation.

Du reste, et je m’en réjouis, le Sénégal vient de faire un saut qualificatif en la matière.
En effet, les principaux éditeurs de télévision et distributeurs de programmes de radiodiffusion télévisuelle et/ou sonore, réunis sous l’égide du CNRA et des Services du Ministère de la Culture et de la Communication, ont pu adopter, de manière consensuelle, les Cahiers des charges ainsi que les Conventions que chaque chaîne de télévision et chaque distributeur doit signer avec le Régulateur agissant au nom de l’Etat.

Mesdames, Messieurs,

Pour ce rendez-vous de Dakar, vous avez choisi de discuter de la « transition numérique terrestre : enjeux économiques et socio-culturels ». Le sujet me semble pertinent dans le fond. Il l’est aussi par son actualité.
Il renvoie à la question inévitable du modèle de la télévision numérique à offrir aux usagers face aux mutations technologiques rapides qui s’opèrent dans ce domaine.

Il met également en évidence les défis auxquels nos pays sont confrontés dans la matérialisation de l’Accord de Genève relatif au basculement de l’analogique vers le numérique. A ce propos, les tendances constatées depuis plusieurs années se confirment, avec un fort taux de pénétration du numérique depuis deux ans. Le téléviseur demeure l’écran le plus répandu au sein des foyers.

Il reste que les consommateurs recourent également, et de plus en plus, aux écrans alternatifs, s’offrant ainsi une diversité d’options dans l’accès aux contenus à travers les ordinateurs, les smartphones et les tablettes numériques. Pour prendre l’exemple du Sénégal, la plateforme TNT demeure sans conteste essentielle, en cette période d’extinction progressive du signal analogique. Sa gratuité pour la diffusion des chaînes nationales et sa simplicité en font par ailleurs le mode de réception privilégié pour les postes secondaires.

Les efforts de l’opérateur de diffusion, la Société de Télédiffusion du Sénégal (TDS-SA), pour assurer une couverture plus large du signal, une modernisation progressive de la plateforme et une plus grande disponibilité des équipements de réception, vont sans doute conforter sa place centrale au sein des foyers.
Cette thématique vous occupera certainement à travers la communication inaugurale du Directeur général de la TDS-SA et celles des différents Régulateurs des pays ici représentés. J’espère que de ces échanges d’expériences jailliront des propositions et recommandations qui permettront à tous nos pays de résoudre la question du déploiement de la TNT pour bénéficier des multiples avantages de cette révolution technologique.

Au demeurant, la diversité de vos expériences respectives d’universitaires, de magistrats, d’avocats et de professionnels de l’audiovisuel, m’autorise à croire que vous réunissez toute l’expertise nécessaire pour apporter une contribution qualitative à la régulation de l’audiovisuel.

Je dois, également, remercier l’ensemble des instances de régulation membres de la Plateforme ici présentes pour la confiance qu’elles font au Sénégal, en portant à la présidence de leur Organisation, Monsieur Babacar Diagne, Président du CNRA.

Babacar est un professionnel averti de la communication et de l’audiovisuel, au Sénégal et hors de nos frontières. Il allie le savoir, le savoir-faire et le savoir être et une longue pratique du terrain et du management.

Toutes ces qualités le prédisposent à porter votre plateforme à un niveau supérieur au cours de son
mandat. Toutes mes félicitations, Babacar.

Sur cette note optimiste, je déclare maintenant ouverte la huitième Assemblée générale de la plateforme des Régulateurs de l’audiovisuel des pays membres de l’UEMOA et de la Guinée.
Je vous remercie de votre aimable attention ».


Ndèye Fatou Kébé