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A-t-on une véritable politique touristique au Sénégal ?

Selon plusieurs études, l’Afrique occupe une place marginale dans le domaine du tourisme avec moins de 5% des arrivées totales de touristes internationaux, soit moins de 30 millions de touristes sur les 700 millions. Nous n’avons pu récupérer de cette importante masse financière que 2,25% des recettes du tourisme mondial.


Rédigé par leral.net le Mercredi 11 Novembre 2015 à 23:50 | | 0 commentaire(s)|

Mais, la réalité est encore moins reluisante au niveau de notre cher pays le Sénégal, pays de la Teranga, tant vanté par des laudateurs dont la voix ne dépasse pas les frontières nationales.

Nous sommes très loin du peloton de tête. En effet, trois pays, l’Afrique du Sud, la Tunisie et le Maroc attirent à eux seuls 55% des touristes internationaux ayant choisi la destination Afrique. Si un touriste peut rapporter jusqu’à 450 dollars par jours au Sénégal, ce montant peut atteindre 1200 dollars en Tanzanie.

Le Sénégal occupe une place relativement marginale, sur un continent pratiquement exclu du tourisme international. Sur le plan mondial, la destination Sénégal est à l’heure actuelle quasiment inexistante. Jusqu’à présent, comme disait l’autre « seuls les touristes et les tours opérateurs français se sont, pour des raisons historiques, et linguistiques véritablement intéressés à ce marché ». Cela ne veut pas dire pour autant que le pays n’ait pas de potentiel de développement. En effet au sein de l’Afrique Occidentale, le Sénégal compte parmi les leaders. On peut aisément se rappeler qu’« Au pays des aveugles, les borgnes sont roi ».

Les derniers chiffres annoncés par l’OMT peuvent encore permettre l’espoir pour le tourisme africain bien que le flux soit encore faible par rapport aux mouvements internationaux. La question est combien devrez – ton tirer des 77 millions de touristes que l’Afrique compte accueillir en 2020 ?

Le cap du million de visiteurs, synonyme de la mise en place d’une véritable industrie touristique était prévu en 2015 au plus tard pour être franchi. Où en sommes-nous avec les statistiques actuelles ?

L’intérêt d’écrire cet article nous est venu à la suite du drame qui a frappé l’Egypte avec l’accident de l’Airbus de la METROJET dans le SINAI.

A regarder seulement du côté de l’analyse du volet économique de cette tragédie, on comprend mieux l’intérêt qu’un état visionnaire peut avoir pour son secteur touristique. Au-delà des pertes en vies humaines enregistrées, le débat porte surtout sur les retombées économiques et financières fâcheuses que peut provoquer l’affaiblissement de la station balnéaire de Charm el-Cheikh et autres sites touristiques en Egypte (rien que le tourisme rapporte plus de 10 milliards d’euros par an, soit plus 6550 milliards de F CFA). Combien de fois notre budget national ?

A titre d’illustration, qui osera comparer Charm el-Cheikh à Saly Portudal ? C’est comme Yalla ak Yaalli.

Et pourtant nous ne manquons pas de qualité : Un des pays les plus ensoleillés au monde (3.040 heures par an) , 500 km de plages, accueil des populations, a 5 heures d’avion de l’Europe ; même si a côté nous avons un important déficit d’infrastructures routières et sanitaires, des coûts élevés de transport aériens, de l’hôtellerie, etc.

D’où cette question simple : A-t-on une véritable politique touristique au Sénégal ?

Une bonne politique touristique n’est pas seulement l’affaire du ministère du tourisme. C’est avant tout une vision stratégique à long terme qui transcende les mandats électifs. C’est la combinaison des efforts et d’un travail de coordination de plusieurs ministères de souveraineté. Et c’est aussi la confiance et l’encadrement du secteur privé en charge du développement de ce secteur à la fois stratégique mais aussi névralgique.

Charm el-Cheikh et Saly Portudal: une ambition commune - deux pays aux potentialités différentes – deux localités spécifiques.

Si à Charm el-Cheikh le zonage est très clair (Sharm el-Maya ((vieux Charm) avec sa plage et es publique, Hadaba (cirques et hôtels de luxe) ; Naama Bay (quartier touristique de la ville, restaurants, bars et de boutiques), quartier presque entièrement réservé aux piétons; Shark's Bay (nouvellement urbanise).

A Saly Portudal c’est indescriptible : maisons personnelles se superposent a des hotels, des restaurants et de plages entrecoupées de maisons ou d’activités économiques.

Si Saly était un village de pêcheur, Charm el-Cheikh fut également un village de pêcheurs à l’origine.

Si à Charm el-Cheikh, la principale activité économique de la ville est le tourisme, à Saly Portudal, actuellement, l’on vit plus avec d’autres sources de revenus que ceux provenant du tourisme.

Si à Charm el-Cheikh, Il est possible de se déplacer vers d’autres destinations grâce à plusieurs moyens de transport (en voiture, les routes du Sinai sont goudronnées, en avion via Egytair ou des compagnies Charter, depuis l’aéroport international de Charm el – Cheikh ; en bateau à partir des liaisons avec Hurghada et Aqaba.

A Saly Portudal, seule la voiture peut vous y sortir dans un dédale indescriptible : la principale route de Saly est encombrée et la route de Mbour est étroite et sinueuse.

Ainsi malgré la création d'une police touristique, l'adoption d'un code touristique, la révision de certains textes juridiques réglementant les professions et activités touristiques, il nous reste du chemin à faire pour bénéficier des retombées réelles que peut procurer un tourisme organisé.

Il faudra mieux revoir l’impact du tourisme sur l’économie nationale et ne pas se limiter seulement aux acteurs du secteur. Les ressources que notre pays peut tirer de son tourisme sont immense si toutefois une bonne politique à long terme est mise en place.

Espérons que dans les nouvelles orientations stratégiques, la mise en place des nouveaux pôles de développement du tourisme, une vision à long terme du tourisme permettra au secteur de mieux contribuer à l’économie nationale de par son importance.

Babacar.diagne@gmail.com.