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Acquisition de l’imprimerie Graphisol : Cheikh Thiam tire dans l’irrégularité

Le dernier rapport de l’Inspection générale d’Etat a eu beaucoup à dire sur des irrégularités dans la gestion organisationnelle, comptable et financière de la Société sénégalaise de presse et de publicité, éditrice du Soleil. Ce document est venu confirmer un rapport d’audit commandité par le Conseil d’administration de cette société. En attendant, le mis en cause préfère différer sa réponse.


Rédigé par leral.net le Lundi 29 Juin 2015 à 10:47 | | 1 commentaire(s)|

Acquisition de l’imprimerie Graphisol : Cheikh Thiam tire dans l’irrégularité
Tout est contre lui. Le Directeur général du Quotidien national Le Soleil fait face depuis quelques jours à des accusations présumées de malversation. Avant que le document de l’Ige ne l’accuse de plusieurs irrégularités dans sa gestion organisationnelle, comptable et financière de la Société sénégalaise de presse et de publicité (Sspp), un contrôle interne l’avait pointé du doigt. Suite à plusieurs récriminations du collège des délégués du personnel, le Conseil d’administration avait commandité «un audit approfondi sur le processus d’acquisition par Sspp-Sa de la rotative Tensor auprès de la Erre Di Esse Africa Sarl". Confié au cabinet Mamina Camara, le 28 octobre 2014, le contrôle a livré ses résultats en début juin au Conseil d’administration. «Le rapport établit l’existence de présomptions graves, de négligences ou de dysfonctionnements étayés par des preuves écrites », lit-on dans l’audit administratif et financier de l’acquisition de la rotative parcouru par le Quotidien.

D'après l'adit, la procédure de commande publique est organisée à chacune des étapes. Cependant, révèle le document, la simple lecture des dernières correspondances échangées entre la Sspp-Sa et Erre Di Esse Africa Sarl, après l’installation de la rotative, "nous a permis de constater que le marché est caractérisé par un montage irrégulier».

"Montage irrégulier"

Alors que le Chef du département de l’Administration et des Ressources humaines avait été désigné responsable du marché, Cheikh Thiam a conduit toute la procédure pour l’acquisition de la rotative, objet de toutes les suspicions. Il n’était pas la personne désignée comme maître d’œuvre de cette opération d’achat. Son action ne devait pas dépasser celui d’approbation du marché. «Il a influencé les décisions de la Commission des marchés et de la Dcmp, en s’investissant dans toutes les opérations de passation», accusent les auditeurs. Ils listent les écarts : « Prospection d’usine de graphique ou d’imprimerie en Europe, décision de passer un marché par Appel d’offre restreint, sélection des candidats consultés, définition de critères de qualification non pertinents, approbation de procès-verbaux des réunions de la Commission des marchés en lieu et place de la personne responsable qu’il a nommée et communication directe avec la Dcmp».

Dans la procédure, des irrégularités sont notées. La Sspp-Sa ne s’est pas acquittée de l’obligation de remise au co-contractant d’un document portant engagement ou autorisation des dépenses relatives au marché avant toute signature. Le Quotidien national ne disposait pas de crédit destiné à l’acquisition de la rotative. Cela constitue, d’après le rapport d’audit, une faute de gestion du Directeur général.

Cheikh Thiam : "Je répondrai en temps opportun"

Encore plus curieux : Le Directeur général avait possibilité de résilier le marché pour défaut de commencement d’exécution, cinq mois après la notification du marché. Mais, il a choisi d’engager dans un schéma de préfinancement du matériel assorti des domiciliations de manière irrévocable de la subvention de l’Etat au titre du Bci. La Sspp-Sa a réceptionné les conteneurs des composantes de la rotative dans la cour de la société en octobre 2013 et y sont restés jusqu’à mars 2014. Pour installer la nouvelle rotative, il a fallu démonter celle utilisée jusque-là.

Dans le rapport d’audit réalisé par le Cabinet Mamina Camara, il est stipulé que le Directeur général a décidé de confier l’opération à Erre Di Esse Africa Sarl sans l’autorisation de l’organe contractante. Le démontage a fait l’objet d’une Demande de renseignement de prix (Drp) en décembre 2013 et a coûté 17 millions 700 mille francs Cfa. Il s’est déroulé sans la présence d’un huissier. Pour l’installation, le montage et la mise en service de la nouvelle rotative, l’attributaire a présenté une facture de 60 millions. La Sspp-Sa a en outre pris en charge pour 10 millions 51 mille 700 francs CFa, l’hébergement des experts commis par Erre Di Esse Africa Sarl à l’hôtel pendant 48 jours. Cette prise en charge n’est pas conforme à la réglementation et constitue une autre faute de gestion imputée au Dg, lit-on dans le rapport.

Pour assurer la supervision du nouveau matériel et le renforcement de capacité du personnel technique, le Directeur général a signé un contrat de prestation de services de trois mois avec l’un des experts de Erre Di Esse Africa, Egidio Fiordi. Sans effectuer les tâches. Cela a valu 7 millions 536 mille 478 francs Cfa à la société nationale en sus des frais de formation contractuelle évalués à 10 millions. Dans ses observations, les auditeurs relèvent que le personnel technique n’a en réalité bénéficié d’aucune formation. L’investissement, en lui-même, est aujourd’hui remis en question.

La nouvelle rotative n’est pas plus productive que celle démontée. Elle a une production moyenne de 8500 exemplaires. « Depuis sa mise en service en août 2014, la tour spécialisée pour les produits semi-commerciaux n’est pas encore opérationnelle pour défaut de commande », relèvent les enquêtes. En plus, la Sspp-Sa édite depuis plus de deux mois le journal «Le Témoin» sans contrat dûment établi et qui définit les clauses (caution de garantie, règlement nombre de tirages, prix du tirage, conditions de règlement etc.). La Sspp-Sa n’a reçu qu’un chèque de 5 millions de francs pour avance sur facturation donc les critères n’ont pas encore été définis », lit-on dans le document.

Dans les couloirs du quotidien national, les responsables syndicaux patientent. Un des délégués du personnel confie qu’avec le rapport de l’Ige, c’est le quatrième rapport qui épingle leur directeur général. Les syndicalistes disent rester à l’écoute des autorités du pays pour voir quelle suite sera donnée à ce dernier rapport.

Contacté par téléphone, Cheikh Thiam n’a pas souhaité pour le moment réagir. «Je vais répondre en temps opportun», a-t-il déclaré au bout du fil.

Le Quotidien