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Adji Mergane Kanouté : « Une suspension des poursuites ne rend pas service à Khalifa Sall »

Dans une interview accordée au "Quotidien" aujourd’hui, dans sa parution du jour, la députée, Adji Mergane Kanouté déclare, qu’une suspension des poursuites, dans le cadre de la Caisse d’avance, n’est pas une bonne chose pour Khalifa Sall.


Rédigé par leral.net le Mardi 31 Octobre 2017 à 08:58 | | 0 commentaire(s)|

Adji Mergane Kanouté : « Une suspension des poursuites ne rend pas service à Khalifa Sall »
Khalifa Sall ne doit pas rougir d’une éventuelle levée de son immunité parlementaire d’après la députée de Benno bokk yaakaar, Adji Mergane Kanouté. La vice-présidente des femmes de la coalition présidentielle estime que suspendre les poursuites contre le maire de Dakar «ne rend pas service» à ce dernier qui, ayant des «ambitions présidentielles», doit «laver son honneur» devant la justice. Dans cet entretien, la présidente de l’Uds/A recadre les proches de la députée Awa Niang qui réclament que cette dernière dirige les femmes de Bby.
 
Quelle lecture faites-vous de la demande du procureur à l’Assemblée nationale pour la levée de l’immunité parlementaire du député Khalifa Sall ?
Le procureur a saisi le ministère de la Justice qui, à son tour, a saisi l’Assemblée nationale. Le Règlement intérieur en son article 52 dispose qu’il faut une commission ad hoc mise en place par la commission des lois et qui sera composée de 11 membres nommés. Cette commission va soumettre la question en plénière et c’est aux députés de l’adopter. C’est une procédure normale car régit par le Règlement intérieur.
Sauf qu’avant cette saisine du procureur, il y avait sur la table du président de l’As­sem­blée nationale, une correspondance qui date du 13 octobre introduite par le député El Hadji Issa Sall invi­tant l’Hémicycle à de­mander la suspension des poursuites contre Khalifa Sall…
Ce n’est pas à un député de demander la suspension de poursuites. L’article 51 du Règlement intérieur dispose que «la poursuite d’un député ou sa détention, du fait de cette poursuite, est suspendue si l’Assemblée le requiert» et non si un député le requiert. L’action ne doit pas émaner d’un député mais de l’Assemblée nationale.
 
Justement, le député El Hadj Issa Sall a saisi l’Assemblée nationale pour qu’elle déclenche la procédure de suspension des poursuites…
Cette question n’a pas été posée en plénière. Ce n’est pas un seul député qui peut faire suspendre la poursuite mais l’Assemblée nationale dans sa majorité. Maintenant, si l’Assemblée nationale avait décidé de suspendre cette poursuite contre le député Khalifa Sall, cela pourrait se faire. Jusqu’à maintenant, l’Assemblée nationale n’a pas fait cette proposition.
 
Apparemment vous allez voter la levée de cette immunité parlementaire ?
Vous savez, j’appartiens à un groupe parlementaire qui s’appelle Benno bokk yaakaar. Mais cela ne veut pas dire que tous les députés membres d’un groupe donné doivent suivre aveuglément toute décision qui en émane. Je voterai selon ma conscience et mes arguments.
 
Pour beaucoup de juristes, l’Assemblée nationale, en levant l’immunité parlementaire de Khalifa Sall et non la suspension des poursuites contre lui, va fragiliser le statut du député. Est-ce que les députés de la majorité sont conscients de cet état de fait ?
Le député ne peut pas être fragilisé. L’affaire Khalifa Sall, c’était bien avant les élections. Il n’était pas député. C’est vrai, l’Assemblée nationale aurait pu demander la suspension des poursuites, ce qui aurait été automatique et effectif. Mais je ne pense pas que cela soit au bénéfice de Khalifa Sall qui a besoin que les Sénégalais soient édifiés sur cette affaire de caisse d’avance (de la mairie de Dakar, Ndlr). Si les députés avaient suspendu les poursuites, le régime qui va succéder à celui de Macky Sall pourrait aussi rouvrir le dossier. Ce serait comme une épée de Damoclès sur la tête de Khalifa Sall. Donc, ce serait une excellente chose que cette affaire soit tirée au clair. On l’a vu avec Barthélemy Dias qui avait demandé la levée de son immunité parlementaire.
 
Mais Barthélemy Dias n’était pas en prison…
C’est vrai, mais il était couvert au même titre que Khalifa Sall d’une immunité parlementaire. Il est en prison et ne peut pas la quitter tant que l’Assemblée nationale ne requiert pas la suspension des poursuites.
 
Pourquoi la majorité ne demande pas la suspension ?
Si la majorité lève l’immunité parlementaire de Khalifa Sall, c’est lui tirer une épine du pied. Cela permettra au député-maire de prouver son innocence dans cette affaire-là, surtout pour un homme qui a des ambitions présidentielles.
 
Justement, est-ce que ce ne sont pas ses ambitions présidentielles qui le maintiennent en prison car certains le présentent comme une menace à la réélection du Président Macky Sall en 2019 ?
Je ne partage pas cet avis. Pour moi, Khalifa Sall est un homme politique qui a des ambitions pour ce pays. Il a l’occasion de laver son honneur dans cette preuve judiciaire. L’Assemblée nationale va tenter de lui donner cette possibilité. Suspendre les poursuites contre Khalifa Sall, ce n’est pas lui rendre service. Levée l’immunité parlementaire d’un député ne veut pas dire condamnation.
 
Pourtant le concerné se dit victime d’un règlement de comptes politiques qui serait dû à son opposition au régime actuel et à la ligne de son parti…
Il n’y a aucun règlement de comptes politiques. Cette procédure est au bénéfice du député maire Khalifa Sall. Cela va lui permettre d’avoir les coudées franches si toutefois la justice l’innocente. La commission ad hoc fera son travail et va soumettre ses conclusions en plénière.
 
En tant que nouveau député, comment vivez-vous ce début de 13ème Législature ?
Le début de cette 13ème Législature est assez prometteur. Il est heureux de constater que les députés ne boycottent pas les travaux de commission. Ils posent des questions et interrogent le gouvernement sur les problématiques de l’heure. J’ai été agréablement surprise car, hors de l’Assemblée nationale, on dit souvent que les députés ne travaillent pas. C’est un cliché qui est très loin de la réalité. L’assiduité est plus du côté de la majorité. Les députés de l’opposition ne restent pas souvent longtemps dans les travaux de commission. Du côté de la majorité, de 9h à minuit, on fait tout pour être dans les commissions. Il nous arrive de recevoir 3 ministres dans la journée. L’opposition attend souvent les plénières pour se faire remarquer dans la presse.
 
Il y a quelques jours, vous aviez reçu le récépissé de votre parti Uds/A. C’est une page qui se tourne avec l’ancienne Uds ?
L’obtention de notre récépissé s’est faite dans la douleur. Le récépissé a été signé le 12 février 2016, donc pratiquement il y a 18 mois. Ce n’est que le 25 octobre dernier que nous l’avions reçu après plusieurs correspondances sans réponses. Pour les raisons de ce blocage, nous ne saurions en dire beaucoup. Il a fallu l’arrivée de Aly Ngouille Ndiaye à la tête du ministère de l’Intérieur pour mettre la main sur notre récépissé.
 
Vous êtes la 1ère vice-présidente des femmes de Benno bokk yaakaar, comment jugez-vous la sortie des proches de la députée de Pikine, Awa Niang, réclamant que cette dernière dirige cette entité au détriment de Marième Badiane…

L’affaire dont vous évoquez est un problème de l’Apr. Je ne comprends pas pourquoi la femme qui a fait cette sortie a décidé de parler au nom de Benno bokk yaakaar. Ce sont les femmes de l’Apr qui ont des problèmes et cela ne nous concerne pas. Nous avons joint les autres formations politiques de Bby à Pikine qui ont toutes désapprouvé cette sortie. Elles n’étaient pas au courant de la somme de 10 millions que Cheikh Kanté aurait remis au 2ème questeur de l’Assemblée nationale (Awa Niang).
 
Source Le quotidien.sn